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Les USA veulent (aussi) bloquer la Chine sur l’ordinateur quantique

Dans une course à la suprématie quantique, face aux groupes américains comme IBM qui avancent publiquement, les industriels chinois progressent dans l’ombre. Et les USA semblent décider à arrêter de partager leur technologie avec la Chine pour le pas leur laisser l’avantage.

Après les smartphones et les ordinateurs classiques, les Américains entendent aussi ne plus partager de savoir-faire avec la Chine en matière de quantique. C’est ce que rapportent plusieurs reporters de Bloomberg : dans ce domaine aussi, l’heure de la fin des échanges a sonné. Le gouvernement de M. Biden étudierait en effet des mesures de restriction de produits, logiciels et technologies clés dans le développement des ordinateurs quantiques, un domaine dans lequel la Chine est suspectée d’avancer très vite (lire plus loin). Pour l’heure à l’état de rumeur, ce projet n’aurait pas autant de poids dans les discussion s’il ne s’inscrivait pas dans un plan qui semble méthodique. Face à une menace qui est de plus en plus réelle.

Lire aussi : Comment IBM devrait ouvrir la voie révolutionnaire de l’avantage quantique dès 2023 (janvier 2022)

L’assaut technologique américain a débuté sous l’ère Trump, dont le gouvernement de l’époque avait défait Huawei. Devenue numéro 1 mondial des smartphones, le numéro 2 mondial de la r&d avait perdu en quelques semaines l’accès aux usines taïwanaises de TSMC pour produire ses puces, ainsi que l’accès aux Google Mobile Services. Un coup qui a fait plonger les parts de marché de Huawei en téléphonie dans les limbes. Le second coup, plus large et qui est en cours, est de méthodiquement bloquer à l’export, une à une, les technologies américaines. Qu’ils s’agissent d’acteurs américains, comme Applied Materials ou Cadence, que d’acteurs étrangers comme le néerlandais ASML. Comme ses machines de lithographie EUV intègrent des composantes américaines, le gouvernement US a pu faire pression sur son homologue néerlandais ainsi que sur ASML pour interdire l’export de ces précieux « steppers » (scanners en français). Et a récemment demandé à ses ressortissants installés sur le territoire chinois, cadres ou hauts cadres de l’industrie des semi-conducteurs, de faire un choix de nationalité et de rentrer au pays. Sous peine de perdre leur nationalité. Un coup qui a mis à l’arrêt de nombreux sites de production du jour au lendemain.

Lire aussi : IBM promet les premiers supercalculateurs quantiques commerciaux pour 2025 (mai 2022)

Toujours balbutiante et pas encore très structurée – mis à part chez quelques acteurs comme Ibm –, l’industrie quantique est moins facile à cerner. Plusieurs technologies sont toujours en compétition – supraconducteurs, ions piégés, effet de spin, etc. – et il reste de nombreux progrès à faire. Que ce soit dans le domaine des processeurs et semi-conducteurs – IBM, mais aussi Google, Intel ou encore Microsoft y travaillent – mais aussi en matière de matériaux et de logiciels. De plus, contrairement aux semi-conducteurs ou la puissance américaine est énorme en matière de propriété intellectuelle, le savoir-faire est plus distribué en matière de quantique, l’Europe ayant par exemple un poids plus important. Les officiels américains seraient donc en train de faire l’état des lieux de ce qu’il serait possible et souhaitable de bloquer. Car même si la tâche s’avère difficile, le risque est réel.

Quantique : une menace certaine, une Chine dans l’obscurité

Cartes des composantes terrestres et spatiales du réseau de communications quantiques du gouvernement chinois. © Marc Julienne, « Le rêve quantique chinois : les aspirations d’un géant dans l’infiniment petit », Études de l’Ifri, février 2022

Pas besoin de faire un cours du fonctionnement de l’ordinateur quantique pour mesure les possibilités – et les menaces qu’il représente. Pour l’heure toujours limité à des puissances très modestes de quelques dizaines à très bientôt quelques centaines de qbits, l’ordinateur quantique en est encore à ses balbutiements. Mais certains seuils de puissance – à priori au-delà de centaines de milliers de qbits – sa puissance pour révolutionner l’informatique.

Car sa puissance théorique dans des problèmes spécifiques va tout accélérer de manière ahurissante, faisant passer des centaines de milliers d’années de temps de supercalculateur à quelques heures, voire minutes. Idéal pour trouver de nouveaux matériaux, de nouvelles molécules, etc. Mais aussi pour faire voler en éclat toutes les protections numériques. Notamment celles des communications… privées comme gouvernementales et militaires.

Lire aussi : IBM a mis 20 ans à nous protéger d’une menace quantique qui n’existe pas encore (juillet 2022)

Et dans ce domaine, la Chine fait peur, autant par ses annonces que par l’opacité de la manière dont sont menées les recherches. D’une part, les recherches de l’Empire du milieu se font à huis clos – le gouvernement est derrière tous les investissements. Ensuite, le pays a affirmé, à plusieurs reprises, sa supériorité quantique. S’il n’a jamais invité des experts étrangers pour échanger et partager ses recherches, le pays a cependant déployé le premier réseau de communications sécurisées par échange de clés quantiques. Un réseau qui relie plusieurs villes et fait appel à une composante spatiale – un satellite en lien optique avec le réseau.

Après avoir menacé, enlevé les gants puis frappé au corps avec les récentes annonces, le gouvernement américain semble bien parti pour rentrer en guerre technologique totale avec la Chine. Une guerre qui devrait moins lui coûter que celles des semi-conducteurs – chacun de ses blocages fait perdre des contrats à ses entreprises. Mais avec une portée long terme non négligeable : le premier à maîtriser cet outil aura un avantage décisif si l’autre n’a pas pris les bonnes mesures de protection. Avec des conséquences potentiellement catastrophiques pour le ou les retardataires.

Lire et télécharger : Le rêve quantique chinois : les aspirations d’un géant dans l’infiniment petit, Études de l’Ifri, février 2022,

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Source : Bloomberg


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