“Le travail est-il une chaîne sans fin ? “, s’interroge Frédéric Tiberghien. Au regard de l’histoire du labeur, l’auteur se demande si la nouvelle économie constitue une véritable rupture par rapport au passé. L’ouvrage propose une vaste fresque, qui raconte comment l’activité humaine s’est construite autour de trois objectifs.Le premier, c’est la recherche de la productivité. Ce que cela a de paradoxal, c’est que l’homme, qui semblait vouloir rendre sa tâche plus efficace pour mieux s’en débarrasser, a retiré de cette efficacité accrue les moyens de travailler davantage : l’homme du XIXe siècle travaillait plus que son prédécesseur après avoir, grâce à la mécanisation, accru la productivité. L’homme d’aujourd’hui ne semble avoir inventé internet que pour diffuser des e-mails, dont la lecture mobilise de plus en plus son temps.Deuxième visée : organiser la division des tâches, chose dont Adam Smith avait déjà souligné l’importance. En la matière, l’auteur insiste sur le fait que cette organisation a évolué dans le sens d’une plus grande liberté des travailleurs : malgré la référence des révolutionnaires des années vingt à Spartacus, les contraintes imposées aux ouvriers de l’époque n’avaient rien à voir avec celles des esclaves romains.Le troisième objectif est de réduire la pénibilité physique. Grâce à des portraits de travailleurs typiques de certaines époques, l’auteur montre que la net économie marque sa disparition. Il prophétise, d’ici à cinq siècles, un monde d’êtres isolés devant des écrans. Le problème de ce type de prévision, c’est de ne jamais montrer les agriculteurs qui continueront d’exister, les producteurs d’électricité, les indispensables soutiers. Et de ne jamais se demander quel rapport ils auront avec les accros des écrans.
*Professeur à l’ESCP
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