J’ai la chance d’avoir deux directeurs généraux dont le seul point commun est d’être toujours en désaccord. Ils m’ont confié naguère un projet d’intégration d’un catalogue électronique dans une place de marché existante. À la fin de l’an 2000, chacun y alla de son instruction-conseil. DG1, opérationnel : “La pression du marché est forte, essaie de voir où cela nous emmène.”DG2, financier : “Je n’en vois pas l’intérêt, mais s’il le faut, ne lésine pas sur les moyens financiers, l’image du groupe en dépend.” À tous deux, je réponds que l’on commencera par étudier une architecture fiable et ouverte et que l’on fera une expérience avec une place de marché de moindre importance de façon à “rôder” la technologie et le modèle économique, sachant que le véritable problème se situera au niveau de l’intégration avec notre propre PGI. Cinq mois plus tard : la place de marché a fait faillite et la bulle spéculative a explosé.DG1, toujours opérationnel : “Malgré ces événements, la pression client s’accentue. Continue à avancer.”DG2 (toujours financier et autoproclamé visionnaire) : “Je l’ai toujours dit, cela n’a aucun intérêt. Arrête tout, je bloque le budget.”
“Impossible, me défendais-je, l’évolution est définitive, il faut intégrer ces nouvelles technologies au système d’information et adapter celui-ci au nouveau modèle économique.”Aujourd’hui, la situation n’a pas changé. DG1 : “Je te donne les budgets, vas-y.”DG2 : “C’est n’importe quoi, si tu y vas, couvre-toi, cela va mal finir.”Morale de l’histoire : nous n’avons fait que vivre les trois facettes de l’e-business. Pour mon DG1, cela signifiait une recherche difficile de nouvelles opportunités de business s’appuyant sur des modèles économiques instables ; pour mon DG2, une bulle spéculative ne s’appuyant que sur des rêves d’enrichissement rapide qui, à force d’enfler, éclata ; et pour moi, une évolution technologique définitive au moins aussi importante que lavènement de la micro…
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