A l’image d’US Airways, qui s’est placé sous la protection du chapitre 11 du code des faillites, la période estivale n’aura pas montré les signes de reprise qu’espéraient les compagnies aériennes. À l’inverse des sites de tourisme, qui se sont bien remis de l’après-11 septembre, les majors de l’aérien voient le monde ancien s’écrouler.
Le ” low-cost ” fait mal
En premier lieu, la concurrence des compagnies aériennes à bas prix n’est plus un épiphénomène. En dix ans, leur part sur les vols domestiques aux États-Unis est passée de 10 à plus de 20 %. Ce qui est un moindre mal pour les compagnies aériennes en période de croissance économique devient très préoccupant lors d’une récession. En effet, le type de clientèle ?”le grand public très attentif aux prix?” visé par les low-cost n’est pas la cible des grandes compagnies. Elles ont toujours privilégié les voyageurs d’affaires, en classe business ou first. Mais, en laissant échapper cette clientèle, les grands transporteurs américains ont renoncé à l’opportunité de respirer à l’heure de la crise du voyage d’affaires.En 1999, ce secteur représentait encore 35 % du chiffre d’affaires des compagnies. Il a chuté à 23 % en 2001. Il faut voir dans cette tendance une des raisons qui expliquent la perte cumulée de 11 milliards de dollars (11,35 milliards d’euros) enregistrée par les cinq plus grandes compagnies aériennes américaines en 2001. Une perte qui devrait se monter à quelque 5 milliards de dollars en 2002.Autre facteur, surprenant, de ce déclin : internet. Le réseau a sonné le glas d’un monde structuré entre agences traditionnelles, GDS (systèmes de réservation électroniques) et compagnies aériennes. Grand public ou voyageurs d’affaires disposent désormais du meilleur outil et n’hésitent plus à parcourir avec soin le web à la recherche du meilleur prix. S’adaptant à la récession, les très grands comptes ?” pain béni pour les compagnies aériennes ?” ont désormais plus souvent recours à la colocation ou la copropriété (time sharing) de jets privés pour leur management.
Un portail porteur
L’ironie de la situation est la réussite d’Orbitz, l’agence online création de cinq géants de l’aérien (United Airlines, American Airlines, Delta, Northwest et Continental). Plus que jamais, Orbitz semble être le métronome du secteur, ses géniteurs ne contrôlant plus la bête. L’annonce durant l’été de la création d’une version voyage d’affaires d’ici à la fin septembre indique néanmoins le cap : ce secteur doit redevenir moteur. Expedia, le rival d’Orbitz sur le marché des portails, l’avait précédé en dévoilant le même projet pour la fin de l’année.Orbitz n’a pas tardé à surenchérir en se posant carrément comme l’égal des GDS. Son objectif : connecter directement son système de réservation à celui des compagnies aériennes. Orbitz va jusqu’à proposer aux compagnies des commissions inférieures à celles prélevées par les systèmes de réservation électroniques. Pour l’heure, le portail ne représente qu’un trop faible pourcentage des billets vendus pour fournir une réelle économie aux compagnies aériennes. Au vu du marasme ambiant, ces dernières pourraient être tentées d’encourager sa croissance en ouvrant massivement leurs systèmes à la connexion directe d’Orbitz et de ses concurrents.Les intérêts des compagnies aériennes divergeraient alors ouvertement des GDS… quelles ont enfantés dans les années soixante.
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