Verra-t-on demain des TGV sans conducteur à bord, à l’image de certaines lignes automatisées du métro ? Peut-être. Pour le moment, la SNCF ne vise qu’une automatisation progressive du système de navigation de sa flotte. Le plan d’attaque a été élaboré il y a un an. A la tête d’une équipe d’une douzaine de personnes nichée à Saint-Denis, Luc Laroche est le responsable du projet. Son objectif final ? Faire rouler des TGV en mode semi-automatique d’ici 2023.
Quatre niveaux ont été déterminés. « Le premier consiste à automatiser la vitesse, le deuxième à confier à la machine le soin de freiner et d’accélérer mais nécessite l’attention constante du conducteur pour détecter des obstacles », nous décrit Luc Laroche. « Au troisième stade, le conducteur n’est pas requis en permanence dans la cabine. L’étape 4, ultime, est atteinte lorsqu’une présence humaine n’est plus du tout nécessaire ». Chacun de ses cas va être expérimenté par la SNCF.
Des trajets sans conducteur du lieu de dépôt à la gare
Le calendrier est chargé. Pour commencer, un système de détection d’obstacles sera testé à la fin de l’année prochaine sur une locomotive. En 2019, place au développement d’un démonstrateur pour télécommander à distance un train de fret. D’ici 2021, il est prévu que des trains de TER et de fret puissent aller de leur lieu de dépôt à une gare de départ sans personne à bord. La suite est tout aussi ambitieuse. « Dans cinq ans, nous aurons mis sur pied deux prototypes : un TER pour les voyageurs et un train de fret. Des démonstrateurs qui circuleront sans clients », prévoit Luc Laroche. Le TGV semi-autonome du futur sera mis en service à la même échéance. Mais il n’est pas question pour le moment que ces trains dépassent le niveau 2, décrit plus haut.
Si la problématique est moins complexe que celle de la voiture autonome, les défis restent importants à relever. Première difficulté, la détection d’obstacles : branches tombant sur les voies, éboulement de pierres, animaux, intrusion humaine. Il va aussi falloir que la machine apprenne à lire et interpréter la signalisation en temps réel.
Pour y parvenir, la SNCF s’appuie sur la petite équipe de Luc Laroche, mais aussi sur toutes les ingénieries du groupe. « Nous allons inventer le train autonome en utilisant des technologies et des capteurs déjà développés pour la voiture autonome, l’aéronautique ou encore la surveillance des foules », résume Luc Laroche. Dans la liste des capteurs envisagés figurent en bonne place Lidar (un système de télédétection par laser utilisé par les Google Car), caméra optique et infrarouge. Des drones pourraient être utilisés ponctuellement pour faire des vérifications. Et bien sûr, chaque train sera équipé d’un système informatique embarqué.
L’avantage d’une telle évolution serait d’augmenter la rotation des trains et de diminuer la consommation énergétique, grâce à des algorithmes de conduite optimisant la vitesse de circulation et s’adaptant parfaitement au profil des lignes. Si la SNCF parvient au bout de son projet, la France pourrait bien être le premier pays au monde à faire circuler des trains autonomes en environnement extérieur.
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