” Mon livre sera pour moi une thérapie “
François Benvéniste, ex-Calvacom et ex-AbcoolSur le réseau, François Benvéniste est plus connu sous le pseudo de ” FB 101 “. Ce nom de code lui vient de Calvacom, l’un des premiers BBS (Bulletin Board Service, service télématique propriétaire en mode texte, NDLR) français. En 1983, alors que ni le Minitel ni Internet n’existaient, les plus mordus d’interactivité se connectaient à l’aide de leur modem à 10 000 francs sur ces services, pour y échanger des ” convivialités “.François Benvéniste se souvient :” j’y ai croisé Jean-David d’Allociné et Chine Lanzman de Newsfam “. En 1993, après son passage chez Apple comme directeur marketing, on lui propose de prendre les rênes de Calvacom. Il se lance dans l’aventure sans hésiter. Il transforme ce BBS inconnu en l’un des premiers fournisseurs d’accès (FAI) français.” En 1995, j’ai appris que le gouvernement américain allait commercialiser les adresses IP, et j’ai vu Mosaic (l’ancêtre de Netscape). Il fallait y aller. Ouvert en septembre, nous avions 500 abonnés à la fin de l’année “.Très coûteux, Internet était surtout mal perçu du grand public. ” Rafi Haladjian de Francenet était incarcéré pour des images pédophiles sur les forums. Personne ne comprenait qu’Internet était global et que nous n’étions pas à l’origine de tout ce qui y circulait “.Calvacom subissait en même temps les attaques de Club Internet qui venait de lancer son offre à 77 francs. ” Du dumping : les coûts de production étaient deux fois supérieurs “. L’ancien BBS se recentrait sur l’accès à Internet pour les professionnels et son activité de design.En 1997, alors que l’activité devient rentable pour la première fois depuis 1983, François Benvéniste préconise la vente à l’Américain Psinet. ” Lorsque je suis allé aux États-Unis vendre Calvacom, j’ai croisé Patrick Robin, d’Imaginet, qui venait sûrement pour la même chose “, rigole encore François Benvéniste.Mais il avait d’autres projets en tête et s’est vite retrouvé patron de start-up en 1999. Plus précisément d’Abcool, marchand en ligne de jouets. L’aventure a duré jusqu’en février 2001 : ” Je pensais atteindre la rentabilité en deux ans. Il en aurait fallu quatre. La seule leçon à tirer de cette histoire, c’est que le pouvoir économique n’a pas été redistribué. La grande distribution l’a conservé”, confie-t-il.Il ne manque pas de projet. Il vient d’achever La sardine et le dinosaure, livre qui lui servira de thérapie. Le prochain sera centré sur le B to B, en collaboration avec Patrick Robin. Car ” aujourd’hui, dire “laissez-moi perdre de l’argent pendant cinq ans sur du B to C”, ce n’est plus possible “.
” Profiter du trou d’air “
Fabrice Grinda, ex-AuclandConsultant chez Mc Kinsey aux États-Unis, Fabrice Grinda ne rêvait pas ” d’écrire de présentations Power Point ““, mais avoue ne jamais avoir eu beaucoup d’idées. Qu’à cela ne tienne, lorsqu’il découvre le site de vente aux enchères eBay, il décide d’en importer le concept en Europe.Sur le même modèle mais sous le nom d’Aucland. Deux ans après, il quitte la société qu’il a fondée, contraint et forcé, selon les rumeurs, par Bernard Arnault (patron de LVMH). Une histoire dont il préfère ne pas parler.Mais il n’a pas perdu son esprit d’entrepreneur : ” Si le marché redécolle dans deux ans, il faudra être prêt, et c’est aujourd’hui qu’il faut commencer et profiter du trou d’air. “Et c’est dans le sens inverse qu’il va traverser l’Atlantique. Il vient de créer deux sociétés américaines en s’inspirant de concepts européens.La première ouvrira dans deux mois. Pour la deuxième, ” tout dépendra de ma capacité à lever 100 millions de dollars, mais quoi qu’il en soit, je préfère nettement vivre aux États-Unis “, précise-t-il. Sans doute le pays rêvé pour lui.
” Je ne crois pas à la magie des tableurs “
Patrice Magnard, fondateur d’AlapageIl y a des destins auxquels on n’échappe pas. Fils de l’éditeur scolaire Magnard et directeur d’une librairie boulevard Saint-Germain, à Paris, Patrice Magnard était condamné à tomber dans la librairie en ligne.Aujourd’hui intégré au groupe Wanadoo, Alapage a commencé ses activités en 1988. Sur Minitel, et sous le code ” 3615 Book “. ” Nous avons changé le nom de Book par Alapage uniquement pour être les premiers de l’ordre alphabétique dans l’annuaire”, explique-t-il. C’est ce démarrage précoce qui a fait la force du site.Lorsque le web est arrivé, la société disposait déjà d’une immense base de données de livres. Elle a pris le chemin d’Internet sans peine. Au point de faire déjà des envieux.Dès 1997, la Fnac fait une proposition d’acquisition à Patrice Magnard. L’un de ses collaborateurs rejoint même l’enseigne du groupe PPR (Pinault Printemps Redoute) pendant six mois, avant que la Fnac ne retire finalement son offre.Rebelote en septembre 1999. ” Nous préparions notre “road-show” pour l’introduction en Bourse, nous venions de changer complètement notre infrastructure, de déménager nos entrepôts et de lancer une énorme campagne de communication pour Noël. J’avais travaillé tout l’été, sans prendre de vacances. Mais j’ai préféré arrêter. C’était prendre trop de risques, nous étions proches de l’explosion en plein vol “.Bernard Arnault et l’Américain Amazon étaient sur les rangs pour s’offrir le premier marchand de produits culturels sur le net. Mais c’était sans compter sur Innovacom, le fonds d’investissement de France Télécom qui avait financé la société.” Lorsque nous leur avons expliqué que nous avions opté pour une vente, ils nous ont demandé de consulter Wanadoo. Quatre heures après, nous avions une offre et finalement c’était l’opération la plus logique. Ce qui coûte le plus cher à un marchand, c’est la publicité. Avec Wanadoo, nous bénéficions du plus gros réseau français “, analyse Patrice Magnard. Derrière le personnage, scotchées sur un tableau, figurent quelques créations publicitaires qui n’ont jamais vu le jour, notamment un ” Alapage souhaite bonne chance à Amazon “.Alors qu’il aurait pu quitter Wanadoo il y a presque un an, Patrice Magnard a décidé ” d’aller jusqu’au bout du passage de relai. Car tout le monde connaît les recettes de la vente mais tout le monde ne sait pas forcément les appliquer “. Entre temps, il a investi dans une dizaine de start-up, pour des montants sur lesquels il est toujours resté très discret.En mars, il a remis la main à la poche pour lancer Exam.fr, uniquement sur ses fonds personnels. ” C’est moi qui prends les risques et je les assume. Je ne crois pas à la magie des tableurs pour lever des fonds “, commente-t-il.Avant tout spécialisé dans l’apprentissage en ligne, Exam ne recense pour l’instant que des fiches écrites, mais les prochains développements devraient porter sur le multimédia. Surprenant Exam.fr ? Pas vraiment de la part d’un fils d’éditeur scolaire, qui est le créateur du 3617 Exam, un serveur Minitel bien connu des bacheliers en attente de résultat. On n’échappe décidément pas à son destin.
” Créer un site d’art lyrique “
Laurent Sorbier, ex-Spray, devenu DG du site EauctionroomL’ancien conseiller internet de François Fillon, de 1995 à 1997, a quitté Spray après le rachat de l’entreprise par Lycos. Pas encore assez mûr, selon lui, pour monter sa société, peu tenté par un poste dans le conseil, Laurent Sorbier a mûrement réfléchi avant de choisir Eauctionroom et d’en devenir le directeur général.Passionné par la ” fabrication de concepts marketing “, il cherche à développer ce site spécialisé dans les enchères en temps réel. Sans oublier sa passion, l’art lyrique, pour laquelle il rêverait de créer un site.
” Le bac, l’année prochaine peut-être “
Louis Rouxel, ex-PopList, devenu PDG de Spliolist C’est la deuxième fois que Louis Rouxel repousse son bac sine die. L’an passé, le créateur de Poplist (le plus important outil gratuit de diffusion de newsletters en France) s’est retrouvé au centre d’un imbroglio judiciaire avec Digiweb, l’hébergeur de son service.Agé de 17 ans, Louis Rouxel avait bénéficié d’un serveur gratuit de la part de Digiweb. Un cadeau empoisonné, puisque ce dernier a tenté de faire main basse sur le logiciel à succès, Poplist, en interdisant à Louis Rouxel d’y accéder. Et l’étudiant a passé plus de temps chez son avocat qu’à ses examens. Même cause, mêmes effets cette année.Le jour où il a reçu sa convocation, Digiweb déposait le bilan, entraînant Poplist dans sa chute. Attaché corps et âme à son ” bébé ” Louis Rouxel s’est mis en tête de recréer un nouveau Poplist, Spliolist. ” Je l’ai fait en deux jours et deux nuits, je ne pouvais pas ne rien faire. Mais j’ai appris la leçon : confiance ou pas, je demande une facture, je n’accepte plus les cadeaux. ” Le bac attendra.Ses parents l’ont assez bien accepté, même s’ils n’avaient pas vraiment compris ce qu’il trafiquait jusqu’à ce qu’une équipe de M6 débarque chez lui…Pour ses 18 ans, Louis Rouxel a créé une SARL, Splio, avec 50 000 francs de capital. ” Mon modèle économique : fournir des services gratuits, comme Spliolist, pour me faire connaître et obtenir des contrats de développement. Beaucoup l’ont critiqué mais je ne regrette pas mes choix. J’ai mon bureau au centre de Paris, car c’était franchement impossible de bosser chez moi avec mon lit et ma télé à deux mètres. “L’été sera consacré à l’élaboration de services gratuits et peut-être à un ou deux contrats. Et le bac dans tout ça ? ” L’année prochaine peut-être “, dit-il en souriant.
” Difficile de lever des fonds “
Fabrice Caverretta, ex-BOLPolytechnicien, Fabrice Cavarretta aurait pu être aux avant-postes de la révolution Internet en intégrant Netscape. ” Les stock-options étaient à 40 dollars (46,5 euros environ) et j’estimais que la boîte ne valait pas ces 40 dollars. Et lorsque Netscape s’est revendu à AOL, au même prix, mes stocks n’auraient rien valu. “Faute de Netscape, c’est en France, chez Vivendi, que les affaires sérieuses commencent pour Fabrice Cavarretta, au sein de la division Internet. Très rapidement, il prend la direction générale de BOL, le libraire lancé par le joint-venture Bertelsmann-Havas, filiale du groupe de Jean-Marie Messier.
Un véritable défi tant les intérêts ?” et les méthodes de travail ?” des deux groupes sont différents.Au début de l’année 2000, moins d’un an après sa nomination, il quitte son poste. Il prépare aujourd’hui l’ouverture de sa start-up, prévue pour septembre. ” J’ai eu plein d’idées, un cimetière virtuel, une “wishlist” (comprendre liste de v?”ux, NDLR), mais c’est très difficile de lever des fonds. Et lorsque vous essayez de recruter quelqu’un, il vous prend pour un “looser” si vous n’avez pas encore réussi une levée. Mais je l’avais pressenti. J’attendais le krach depuis l’introduction de Netscape. “
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