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Les ténors du stockage sur bande menacés par deux challengers

Sony et le couple Imation-Tandberg projettent de lancer des formats de bande aux capacités dépassant celles des formats Super DLT et LTO

Le monde de la sauvegarde devrait prochainement connaître des turbulences. Les deux poids lourds de la bande ?” Quantum et le consortium LTO emmené par IBM, HP et Seagate ?” seront bientôt inquiétés par deux challengers ?” Sony et le duo Imation-Tandberg ?”, positionnés dans la sauvegarde de milieu de gamme.Ces derniers préparent des produits surclassant, en termes de capacité, les formats actuellement en vogue, Super DLT et LTO. De ces deux prétendants, c’est sans conteste Sony qui semble le plus avancé. En fin d’année, il lancera une nouvelle technologie de bande : le S-AIT. La première génération offrira une capacité native de 500 Go par cartouche, un débit de 30 Mo/s et un temps d’accès moyen de 30 secondes ?” des performances inédites jusque-là. A titre de comparaison, LTO reste aujourd’hui à 100 Go natifs ?” avec un débit de 15 Mo/s et un temps d’accès moyen d’environ soixante secondes. Il évoluera à 200 Go en première moitié de 2003. Pour atteindre ce record, Sony conserve son format d’écriture hélicoïdal ?” sur lequel reposent ses lecteurs AIT actuels ?” et l’applique à des cartouches plus volumineuses. Elles offriront, en effet, les mêmes caractéristiques physiques que celles utilisées par les lecteurs LTO ou Super DLT : la largeur de la bande passe de 8 à 12,7 mm (format 2,5 pouces), et sa longueur de 250 à 800 mètres. Le format hélicoïdal est également appelé technologie à tête rotative. Il garantit une meilleure densité de stockage que le format linéaire, adopté par Super DLT et LTO, dans lequel les têtes restent fixes.

Une avancée technologique due à un repositionnement marketing

Ainsi, aujourd’hui, une cartouche AIT 3 contient trois fois moins de bande qu’une cassette LTO, cependant elle offre la même capacité de 100 Go. Par ailleurs, le mimétisme physique ?” tant au niveau des cartouches que des lecteurs ?” avec les technologies LTO ou Super DLT devrait permettre à Sony de remplacer ces deux formats rivaux, sans pour autant modifier l’intérieur des bandothèques.Mais alors, pourquoi ne pas avoir procédé à ces changements plus tôt ? En fait, depuis plusieurs années, Sony cherche à positionner AIT comme la technologie de remplacement du DDS ?” format de sauvegarde d’entrée de gamme, dont l’évolution a été abandonnée. Le constructeur était, par conséquent, obligé de conserver des cassettes peu volumineuses, mais moins prometteuses en termes d’évolutivité que Super DLT ou LTO. La firme nippone a donc procédé à un repositionnement marketing : outre la création de nouveaux lecteurs S-AIT positionnés en milieu de gamme, elle a cassé les prix des lecteurs AIT 3 (de 2 500 dollars à 1 100 dollars) et joué ainsi pleinement la carte du remplacement du DDS.

1,2 To en 2005 grâce à la lecture magnéto-optique

Les répercussions du projet lancé par Imation et Tandberg devraient, en revanche, être plus lointaines. O-mass, la jeune société appartenant à Tandberg et dont 12 % du capital est détenu par Imation, ne devrait pas livrer ses lecteurs avant 2005. Elle proposera un taux de transfert de 60 Mo/s et un temps d’accès moyen ?” relativement long ?” de quatre-vingts secondes. Quant à la cartouche, elle pourra stocker 1,2 To. Là encore, les caractéristiques physiques seront identiques à celles de LTO et de Super DLT. Pour atteindre une telle capacité, O-mass s’appuiera sur une lecture magnéto-optique et sur une tête magnétique matricielle qui permettra l’enregistrement simultané de trente-deux pistes (contre huit pour LTO).Toujours est-il que le succès de ces deux nouveaux formats de bande ne dépendra pas seulement de la capacité des constructeurs à livrer leurs produits dans les délais, mais aussi des accords OEM qu’ils pourront nouer. Sony, par exemple, a déjà signé un partenariat de distribution avec deux fournisseurs de bandothèques, principalement implantés aux Etats-Unis : Spectra Logic et Qualstar. Enfin, la très forte capacité des cartouches pourrait, paradoxalement, constituer un frein à leur déploiement. Car conserver près de 1 To de données sur un même média devient pénalisant en cas d’endommagement ou de perte de ce dernier.

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Vincent Berdot