Après les lourds investissements, les cessions d’actifs. Les opérateurs historiques ont vu leur dette se creuser ?” largement ?” à cause du prix exorbitant des licences UMTS et du coût de construction des réseaux de troisième génération (3G).
Les opérateurs historiques sont les plus endettés
Après une année 2000 qui aura enregistré de nombreuses opérations d’acquisitions, les premiers mois de l’année 2001 ont alors été marqués par une série de cessions d’actifs à la suite du dégonflement de la bulle boursière autour des nouvelles technologies. Les principaux opérateurs se sont engagés dans une politique de désendettement qui s’accompagne de cessions d’actifs, d’augmentations de capital et d’introduction en Bourse de certaines de leurs activités.Parmi les plus endettés, on trouve les trois principaux opérateurs européens : BT, Deutsche Telekom et France Télécom. Ce dernier a réalisé ?” et prévu ?” plusieurs cessions (actions Sprint FON et participation de 10, 5 % dans STMicroelectronics) ainsi que la vente d’actifs immobiliers. L’opérateur devrait poursuivre dans ce sens avec un objectif d’ici à 2003 : sa dette ne devrait pas excéder deux fois et demie l’Ebitda (résultat avant intérêts, impôts et amortissements) ! Il en est encore loin pour l’instant.
La BLR, un système moins coûteux que la fibre optique
Deutsche Telekom, pour sa part, projette l’introduction en Bourse de T-Mobil, sa filiale Mobiles, et de Voice Stream avant la fin de l’année. Quant à BT, son endettement s’est réduit sensiblement au cours des derniers mois grâce à une augmentation exceptionnelle de son capital (émission d’actions d’un montant de près de 9,5 milliards d’euros) et à la cession de ses participations dans Japan Telecom et dans Airtel, qui a rapporté plus de 7 milliards d’euros. BT a également annoncé, en mai 2001, l’introduction en Bourse de BT Wireless. Mais si ces opérateurs disposent encore d’une certaine marge de man?”uvre, d’autres sont beaucoup moins bien lotis.C’est le cas notamment de KPNQwest, l’opérateur historique néerlandais, dont la situation s’est détériorée considérablement au cours de ces derniers mois, et qui voit ses frais financiers peser lourdement sur son bilan. Une augmentation de capital est d’ailleurs prévue à cet effet. C’est dans ce contexte agité que l’ouverture à la boucle locale s’effectue actuellement. Dans la plupart des pays européens, les opérateurs historiques en freinent l’ouverture effective. Or, l’accès à la boucle locale constitue un enjeu majeur pour les nouveaux entrants. Au chapitre des technologies que ces derniers mobilisent sur le dernier kilomètre, la BLR (boucle locale radio) est souvent présentée ?” à juste titre ?” comme un système moins coûteux qu’un réseau de fibre optique.
Le marché français cherche encore ses marques
En France, les débuts sont plutôt timides, voire décevants. Même si les investissements annoncés par les opérateurs de BLR restent élevés, les titulaires d’une licence n’ont pas tous lancé leur offre. Certains tels que Fortel ont connu, en outre, des changements notables dans leur actionnariat en 2001 (retrait d’UPC et arrivée de LDCom). D’autres tels que FirstMark essaient de tabler sur la complémentarité de la BLR et du DSL. Bref, le marché français cherche encore ses marques.Quant au dégroupage, c’est une course semée d’embûches pour les nouveaux entrants. Officiellement, le dégroupage de l’accès à la boucle locale est effectif depuis le 1er janvier 2001 en Europe, même si, dans certains pays, il est en vigueur depuis 1999. Mais, dans la plupart des pays, les opérateurs historiques ont ?”uvré pour retarder le dégroupage et ainsi freiner l’activité de leurs concurrents en contestant les modalités de location de leurs réseaux locaux, ou en ralentissant leur déploiement. Les charges d’accès à la boucle locale fixées par les opérateurs historiques restent élevées : autour de 13 ? pour chaque paire de cuivre et par mois. Ce qui a conduit à de nombreux conflits avec les opérateurs alternatifs.Sur le terrain, le développement de l’ADSL connaît des évolutions différentes selon les pays.
La généralisation du haut débit est loin d’être une réalité
C’est dans les pays nordiques, et, en particulier, en Finlande, que le dégroupage est le plus avancé. Selon, un rapport de juillet 2001 de l’ETCA (European Competitive Telecommunications Association), le pourcentage de lignes dégroupées par rapport au nombre d’accès ADSL s’élève à près de 45 % dans les pays nordiques, alors qu’il atteint à peine 5 % en Allemagne, et qu’il est nul dans d’autres pays tels que la France ! Les opérateurs historiques ont toujours la mainmise sur l’ADSL et ils se sont lancés, de surcroît, dans des investissements importants pour étendre leur réseau national et raccorder un plus grand nombre d’abonnés. Deutsche Telekom prévoit d’investir près de 2,8 milliards d’euros, pour le déploiement de l’ADSL ; et France Télécom devrait y consacrer environ 400 millions d’euros en 2001. En France, le dégroupage a pris un certain retard en raison du différend sur les tarifs d’accès qui oppose l’opérateur historique aux nouveaux entrants. Les offres ADSL des opérateurs alternatifs sont très peu développées.Le marché français a enregistré ses premières défaillances avec Mangoosta, qui proposait une offre tout-en-un en partenariat avec Yahoo!, et basée sur la revente de l’offre ADSL de France Télécom.Mangoosta tablait sur le déploiement de mille DSLam entre 2001 et 2002. Mais le coût de leur installation et la faible marge consentie par France Télécom auront contribué à l’étouffement de la société. D’autres FAI tels que Subiteo ou Covad auront subi un sort similaire. En conclusion, la généralisation du haut débit est loin d’être une réalité aujourd’hui en Europe. Les conditions de marché ne sont pas favorables au lancement de nouveaux investissements. Les opérateurs historiques sont très endettés ; les nouveaux entrants en pleine phase de croissance doivent prendre des mesures de rationalisation de leurs activités que ce soit dans la BLR mais aussi dans l’extension de réseaux en fibre optique. Toutefois, cette situation ne devrait pas perdurer : d’ici à un an, la pression générée par le besoin en hauts débits et la concurrence entre les différentes offres devraient en conduire à la mise en place de services à des tarifs plus compétitifs.
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