L’ADSL (Asymmetric Digital Subscriber Line) et les autres variantes xDSL promettent de rendre l’internet à haut débit accessible à tous ?” grand public, PME ou agences de grandes entreprises. Ces technologies de boucle locale présentent un intérêt notable : elles utilisent un média déjà en place, la paire torsadée téléphonique.Face aux autres technologies, cela représente “un avantage imbattable en termes de temps de mise en ?”uvre, de coût et de marché adressable”, souligne Hans-Erhard Reiter, président du DSL Forum. Mais la commercialisation des services ADSL à grande échelle se fait encore attendre. En France, ils ne sont disponibles que chez France Télécom. En effet, en l’absence de dégroupage (la location par l’opérateur de ses lignes téléphoniques à ses concurrents), France Télécom était encore, à l’été 2001, le seul à pouvoir déployer de l’ADSL ?” 215 000 accès fournis jusqu’à présent. L’arrivée de la concurrence se fait à un rythme de tortue.
Un épineux dossier où rien n’est certain
Début juillet, l’opérateur historique ouvrait dans Paris les trente-trois premières salles destinées à accueillir les opérateurs alternatifs. Mais les volontaires ne sont plus légion. La crise des télécoms est passée par là, et beaucoup, comme KNPQwest, ont renoncé à dégrouper ?” quand ils n’ont pas revu à la baisse leurs ambitions, ou tout simplement disparu.A l’été 2001, seuls sept opérateurs sur les trente-sept ayant participé aux tests avaient effectivement passé commande pour s’installer dans les répartiteurs de France Télécom.Début septembre, Colt était le premier opérateur à claironner le dégroupage de quelques lignes téléphoniques dans Paris intra-muros. Mais les services des alternatifs ne devraient se multiplier qu’à la fin de l’année.Rien n’est toutefois certain dans cet épineux dossier, si ce n’est qu’il est probable que les technologies DSL seront loin d’être disponibles sur tout le territoire français. Et cela pour des raisons techniques, mais aussi stratégiques. France Télécom et ses concurrents visent, pour le moment, les principales agglomérations. La France des campagnes a le temps de voir venir…
Un cadre règlementaire non encore figé en France
Les difficultés financières ne sont pas une spécificité française. Aux Etats-Unis, où le DSL a démarré en 1998, plusieurs pionniers sont en mauvaise santé ?” Covad et Rhythms Networks, par exemple ?”, voire en faillite ?” c’est le cas de Northpoint. Ils ont trop misé sur la vente indirecte et ont dû subir la faillite de certains fournisseurs d’accès internet (FAI). Ce marasme financier ne se limite pas au DSL. “Ce sont plutôt les difficultés du secteur high-tech en général qui restreignent les financements”, souligne Hans-Erhard Reiter.En France, le cadre réglementaire du DSL n’est pas encore figé : l’Autorité de régulation des télécoms (ART) a demandé en juin à France Télécom de revoir à nouveau son offre de référence. Les prises de bec entre l’ART et l’opérateur national soulignent bien l’importance du rôle des régulateurs dans la mise en place du cadre sain nécessaire au déploiement du DSL en Europe.“Un grand effort a été fourni avec la directive européenne sur le dégroupage de la boucle locale, préparée à la fin de l’année dernière. Il reste beaucoup à faire au niveau des autorités de régulation nationales pour implémenter la directive de l’Union européenne. Mais l’expérience a prouvé, notamment aux Etats-Unis, qu’il faut du temps pour que le dégroupage fonctionne correctement et satisfasse tous les acteurs impliqués, note Hans-Erhard Reiter. Il est donc pertinent de prendre le temps de mettre en place une régulation solide, pour le bénéfice du marché à long terme.”
Certains types de DSL ne seront pas autorisés
En attendant l’arrivée effective du dégroupage, qui leur permettra de s’affranchir des choix techniques de France Télécom, les opérateurs alternatifs regrettent de devoir se limiter à l’ADSL. La plupart voudraient aussi proposer du SDSL (Symmetric DSL) ?” France Télécom ne prévoit pas de le déployer avant 2002 ?”, qui fournit des liens symétriques (haut débit dans les sens montant et descendant) et est mieux adapté aux entreprises.Mais tous les types de DSL ne seront pas autorisés : l’ART a écarté des variantes qui généreraient trop de perturbations dans le signal, empêchant l’utilisation simultanée de mêmes lignes par plusieurs opérateurs alternatifs. Sont ainsi écartées certaines familles de HDSL et de SDSL, ainsi que le DSL sur RNIS. “Il faut faire des choix pour garantir la coexistence de services sur une même ligne. Savoir ce qu’il est possible de faire ou non, c’est exactement le genre de certitude que l’on attend de la part des régulateurs pour développer un marché et qu’il reste compétitif “.Une chose est sûre : le besoin en matière de haut débit est bien là. “La demande des utilisateurs grand public et professionnels reste présente partout dans le monde, et la réponse viendra sous la forme d’une variété de technologies, dont fait partie le DSL, et d’une variété d’opérateurs. Il est essentiel de trouver le modèle économique qui convient pour chaque marché.”Côté usage, il serait dangereux pour un opérateur de chercher une “killer application” qui justifierait des investissements de l’ordre de ceux engendrés par le DSL. “L’industrie prépare une plate-forme pour services à large bande, qui servira de base à tous les types de services imaginables ?” par exemple, pour les entreprises, des réseaux privés virtuels, ou, pour le grand public, des applications allant des achats en ligne à l’éducation, en passant par les jeux.”
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