Dans une enquête publiée hier, The Information met en exergue les méthodes de Huawei pour tenter par divers moyens de découvrir les secrets de production de différents géants de la tech, dont Apple.
Glaner des informations…
Ainsi, le site d’enquête indique qu’il y a quelques mois, un ingénieur de Huawei en charge du développement de ses montres connectées aurait pris rendez-vous avec un des fournisseurs d’Apple en prétextant vouloir négocier la production de masse de nombreux appareils. Lors du rendez-vous, accompagné de quatre autres ingénieurs, il aurait tenté d’obtenir le plus d’informations possible sur la Watch.
Ce cas ne serait pas un cas isolé : plusieurs fournisseurs ou prestataires d’Apple auraient été ainsi contactés par des employés de Huawei au fil des mois. Evidemment, le géant chinois nie tout agissement répréhensible. Néanmoins, les attaques en justice contre la société chinoise commencent à s’accumuler aux Etats-Unis, où les tensions économiques entre les deux pays sont de plus en plus fortes.
Au début du mois, une entreprise américaine de l’Illinois annonçait avoir collaboré à une enquête fédérale qui portait sur le vol de sa propriété intellectuelle – un verre potentiellement révolutionnaire – par… Huawei.
…de manière très organisée
Ces pratiques semblent non seulement communes mais organisées. Selon The information, qui cite le ministère de la Justice américain, Huawei aurait possédé un programme de récompenses de ses employés qui réussissaient à dérober des données industrielles sensibles. Les informations devaient ensuite être postées sur un site Web interne ou envoyer à une adresse mail spécifique. Elles étaient alors examinées par le « groupe de gestion de la concurrence ».
Si par le passé, Apple a déjà accusé des sociétés de lui avoir volé des éléments de propriété intellectuelle -cela a notamment été le cas de Samsung– il semblerait que l’espionnage de Huawei soit d’une toute autre ampleur.
Le géant chinois serait ainsi soupçonné d’avoir copié un connecteur développé par Apple afin de rendre possible le changement de design initié en 2016 pour ses MacBook Pro. Ce connecteur plus fin permet de relier l’écran à la carte mère en réduisant la taille de la charnière. Le Huawei MateBook Pro, dont le design est très proche de celui des portables d’Apple, utiliserait un connecteur quasi identique qui reprendrait les mêmes treize éléments, assemblés de la même manière.
Huawei se serait présenté devant différents fabricants avec un schéma de ce composant que beaucoup auraient identifié comme proche de celui d’Apple. Ils auraient alors refusé de le fabriquer, jusqu’à ce que Huawei trouve un fournisseur moins scrupuleux.
Mais la quête d’informations ne s’arrête pas aux partenaires chinois d’Apple. Huawei tenterait de recruter d’anciens salariés de la firme de Cupertino. Tout au moins, il leur ferait passer des entretiens d’embauche au cours desquels les recruteurs semblent davantage intéressés par les produits en cours de développement chez Apple que par le candidat. Savoir ce que prépare le très secret géant américain est une donnée de grande valeur.
Inéquité concurrentielle
Dans un monde où la conception et l’organisation d’une chaîne de production est un secret précieux, car la moindre optimisation peut générer des millions d’économie, ces révélations montrent toute la difficulté qu’ont les géants de la tech à développer leurs produits à l’abri des regards indiscrets.
D’autant que la Chine est le seul pays qui puisse centraliser les productions de masse de ces objets high tech que nous utilisons au quotidien. Seul l’Empire du Milieu semble pouvoir satisfaire à des exigences de coût, mais aussi et surtout de quantité de main d’œuvre disponible.
Contraint de rester en Chine pour ses produits les plus populaires, Apple serait de plus en plus paranoïaque et chercherait à protéger au mieux sa propriété intellectuelle et ses composants. Les fournisseurs d’Apple sont donc soumis à de lourdes contraintes (morcellement de la chaîne de production, mise au secret des machines-outils, accès limités, etc.) et de fortes amendes en cas de fuites identifiées.
Ces tentatives organisées de voler le fruit des recherches internes posent de gros problèmes et permettent surtout aux sociétés chinoises comme Huawei, en l’occurrence, de faire d’énormes économies en R&D. Question de marge mise à part, Huawei peut ainsi proposer des produits quasiment identiques à ceux d’Apple à des prix bien plus bas. Difficile dans ce cas d’innover et de rester compétitif.
Source :
The Information
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