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Les techniques de filtrage du web sont au point

Selon Yahoo!, Internet ne peut être filtré D’autres portails ont démontré le contraire Reste à se prémunir contre les filtrages abusifs

En janvier dernier, Yahoo! interdisait enfin la mise sur son service d’enchères concernant tout objet apparenté au nazisme ou au Klu Klux Klan. En revanche, le fournisseur de services Internet ne se soumet toujours pas à l’obligation de filtrage par zone géographique, imposée par la justice française. Motif invoqué : un tel filtrage serait irréalisable et incompatible avec Internet. Le portail avançait pourtant les mêmes réserves quant au filtrage de contenu, avant de l’appliquer, en s’appuyant sur un ” robot de filtrage ” propriétaire.Personne n’est dupe. Les premières techniques d’analyse de contenu du web ne datent pas d’hier : dès 1995, l’éditeur américain SurfControl lançait le logiciel CyberPatrol, cantonné au départ à un usage domestique ou éducatif. Fondée sur le filtrage d’URL, accompagné de listes de sites interdits, cette technologie a séduit les entreprises, qui ont voulu maîtriser, ou restreindre la navigation de leurs employés. Depuis, les modes de filtrage se sont étoffés (lire encadré) et, au simple contrôle d’URL, les éditeurs ont ajouté l’analyse d’adresses IP et de noms de domaine ainsi que le contrôle des étiquettes apposées sur les sites. Appelées Pics (Platform for Internet Content Solution), ou analyse directe du contenu des pages web, ce contrôle d’étiquette s’effectue selon une grille d’éléments-clés à surveiller, référencés par l’éditeur du site : mots, images et sons. Par exemple, il signale dans l’étiquette s’il y a du sexe, de la violence, etc. Dernier cri, les logiciels, qui filtrent les sites pornographiques selon une analyse d’images. Citons les logiciels Porn et MAILsweeper de Baltimore Technologies, qui ne fonctionnent, il est vrai, qu’avec le courrier électronique. En revanche Image-Filter, de la jeune société française LookThatUp, effectue l’analyse d’images directement sur les sites.

Avant tout une affaire de droit

Une fois les contenus indésirables repérés, il devient très facile d’en bloquer l’accès à la totalité des internautes. Bloquer l’accès d’un site en fonction de l’origine géographique de l’utilisateur se révèle plus délicat. Celle-ci peut être repérée à partir de la langue de l’internaute, de son adresse IP ou de son nom de domaine, en consultant les fournisseurs de services, les divers bureaux d’enregistrement ou encore les routeurs traversés lors de la connexion. Les publicités modulées suivant l’origine de l’internaute en sont une illustration. “Yahoo!, par cette pratique, reconnaît implicitement ses capacités en ce domaine “, observe Marc Lévy, avocat de la Licra (Ligue contre le racisme et l’antisémitisme), à l’origine de l’affaire Yahoo!.“Les technologies actuelles combinées donnent un filtre qui se tient “, résume Jean-Michel Azera, directeur technique du portail MSN France. Mais, d’après Yahoo!, cette combinaison entraînerait un ralentissement du trafic et par là même, un surcoût. Jean-Christophe Le Toquin, délégué permanent de l’AFA (Association des fournisseurs d’accès et de services Internet) propose une parade : “Un serveur de cache assorti d’une sonde réseau évite ce genre de désagréments.” Une solution coûteuse, mais que les portails ont les moyens de s’offrir. Certains, comme Amazon, eBay ou MSN, n’ont d’ailleurs pas hésité à mettre en place un système de filtrage, et ce, sans attendre les injonctions de la justice française. Cependant, tous s’accordent à dire que le filtrage automatique doit s’accompagner d’une analyse préalable du contenu. Reste à savoir à qui appartient le droit de décider si un contenu peut être vu ou non ? Yahoo!, en posant un recours devant la cour de San José contre la décision française, donne l’occasion d’en débattre.

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Marie Lesty