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Les techniques de biométrie

Destinée à contrôler les accès, l’utilisation des ordinateurs ou la consultation de données, la reconnaissance de la personne s’appuie sur plusieurs méthodes rodées.

Inaugurée avec les empreintes digitales d’Alphonse Bertillon en 1882, la biométrie est une science qui s’attache à mesurer les dimensions, les qualités et les spécificités d’un organe humain. Longtemps cantonnée à un usage de police, depuis une vingtaine d’années, cette science a connu de nouvelles applications mises au point pour contrôler les personnes à l’entrée de locaux protégés et, plus récemment, leur accès à des données informatiques. À ce propos, les promoteurs de la biométrie font remarquer la différence entre l’identification et le fichage policier, puisque, les informations extraites de l’empreinte digitale ne permettent pas de reconstituer celle-ci. Bien que les empreintes digitales restent les plus utilisées, les techniques se sont multipliées. Ainsi, on peut analyser la forme de la main, le dessin de l’iris, la voix, la vascularisation de la rétine et la forme du visage. De même, la reconnaissance dynamique de la signature, analysée en temps réel (vitesse, pression sur le stylet, etc.), bien que différente, est souvent présentée comme une technique de biométrie. À mesure que sont mises au point de nouvelles applications, les coûts des équipements tendent à baisser. Le prix des analyseurs d’empreintes digitales miniaturisés varie de 91 à 305 ? (600 à 2 000 F). Permettant de limiter l’accès à n’importe quel ordinateur, ils prennent la forme d’un petit périphérique, ou bien sont intégrés dans le clavier ou la souris. Dell, Compaq et Toshiba en proposent pour leurs portables sous forme de PC-Card et Sagem en a doté l’un de ses téléphones GSM. Dans les aéroports de San Fransisco et de Tel Aviv, les passagers entrants se font photographier la main. Certains casinos ont installé des caméras reliées à des systèmes de reconnaissance du visage pour filtrer les indésirables, et cette technique a également été employée pour le Superbowl américain. Dans les aéroports, un tel outil pourrait servir à supprimer les cartes d’embarquement.

Éliminer le bruit de fond

Toutes les méthodes sont bâties autours des mêmes grandes étapes. Après la mesure, le logiciel effectue une première analyse pour cadrer l’image. Dans le cas d’empreintes digitales, il s’agira de déterminer le centre de la figure formée par les sillons, le doigt n’ayant pas été forcément bien positionné sur le capteur. Pour la reconnaissance de l’iris, il faut commencer par repérer ce dernier. C’est à ce niveau que le ” bruit de fond ” (tâches, défauts divers) est éliminé et que l’identification peut être rejetée si la qualité de l’image apparaît insuffisante. Après traitement de l’information brute, est extrait un petit nombre de détails caractéristiques. L’analyse classique des empreintes digitales par Alphonse Bertillon et ses successeurs ne procède pas différemment : les empreintes se réduisent à une liste de ” minuties “, points remarquables du tracé des sillons (jonctions, terminaisons aveugles, croisements, etc.). Une cinquantaine de minuties suffisent largement. Plus complexe, l’analyse de l’iris aboutit à plus de deux cents points. Au final, l’information se réduit à un très faible encombrement, de neuf octets (reconnaissance de la main) à quelques centaines (512 pour l’iris). À côté de ces matériels, la partie logicielle paraît plus constante. Pour contrôler l’accès aux données, le logiciel Biologon, d’Identix, qui fait figure de leader, gère la liste des utilisateurs. D’autres outils permettent de verrouiller des dossiers ou des logiciels, sur un poste ou un serveur. S’il existe une demi-douzaine de méthodes différentes, c’est que chacune présente des caractéristiques propres qui la destinent à des usages particuliers.

Accepter les bonnes personnes

Le choix dépend largement de l’installation et s’établit sur un compromis entre le coût, la complexité, l’acceptation par les usagers, la solidité face aux tentatives de fraude et les performances. Même ces dernières dépendent de l’utilisation. Pour les estimer, on considère en général trois paramètres. Le premier est le taux de rejet (ou FTE), c’est-à-dire le pourcentage de cas où la mesure sera impossible. Les deux autres indiquent le risque d’accepter une personne non autorisée (TFA) ou, au contraire, de refuser un accès à un individu connu (TFR). Ces performances pures dépendent fortement de l’environnement. La reconnaissance d’empreintes digitales, par exemple, fonctionnera parfaitement dans un bureau, mais subira un fort taux d’erreurs en usine, où les mains souvent sales sont difficilement lisibles et encrassent les capteurs. Les techniques les plus sûres sont la reconnaissance de l’iris et de la rétine. Or, si la première nécessite de bonnes conditions d’éclairage, la seconde, qui impose d’exposer son ?”il au plus près d’un appareil émettant une lumière, provoque de nombreuses réticences. Enfin, l’analyse de la forme de la main, simple et fiable, nécessite un appareil assez encombrant.Toutes ces méthodes ont en commun de très bien résister à la fraude. Les vendeurs de capteurs capacitifs (détection par transfert de charge) pour identifier les empreintes font remarquer, par exemple, que leur système ne se laissera pas leurrer par un doigt coupé. Pour la reconnaissance de l’iris, qui fonctionne comme un diaphragme, certains systèmes déclenchent un minuscule éclairage pour provoquer une réaction. Ainsi, une photographie d’?”il ne sera pas reconnue… Pour l’instant, si l’on compte en nombre de matériels installés et en coût, la reconnaissance par les empreintes digitales l’emporte. Si l’on s’en tient aux performances, celle de l’iris tient la corde. Mais l’outsider, qui pourrait l’emporter dans les années à venir, semble être la reconnaissance du visage, simple et aujourd’hui fiable.

















































































 Quelques points de comparaison 
     Points forts     Points faibles 
 Empreintes digitales     Faible coût, encombrement minimal.     Exige un environnement propre. 
         
 Iris     Excellente fiabilité, faible taux de rejet.     Matériel plus coûteux, exigences sur l’éclairage. 
         
 Forme de la main     Simplicité d’utilisation.     Encombrement de l’appareil. 
         
 Voix     Facilité de mise en ?”uvre, reconnaissance par téléphone.     Nécessité de lire une phrase au hasard. 
         
 Visage     Simplicité, efficace sur un flux de personnes.     Nécessité d’une mise en ?”uvre rigoureuse. 
 



Aucune technique ne peut supplanter les autres. Toutes présentent des caractéristiques différentes. Le choix est fonction de l’utilisation.


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Jean-Luc Goudet