La bataille entre Uber et les taxis, qui fait rage dans de nombreux pays à travers le monde, n’est qu’une première étape dans une révolution sociétale profonde. Si le modèle économique des taxis a été ébranlé, provoquant de fortes inquiétudes, ce n’est rien au regard de ce qui se dessine à l’horizon avec les projets de voitures autonomes sur lesquels travaillent Google, Uber, Nissan et de nombreux autres acteurs de la high tech et de l’industrie automobile.
C’est d’ailleurs ce que déclarait tout récemment Bill Gates dans une interview au Financial Times : « le vrai Rubicon est les voitures autonomes. […] La vraie révolution commencera quand la conduite sera confiée à des machines ».
Rouler plus mais polluer moins
Il y a quelques années déjà, Sergey Brin mettait en avant l’impact sociétal que pourrait avoir les voitures autonomes. Les particuliers auraient moins besoin de posséder une véhicule, les zones urbaines n’auraient plus à proposer autant de parkings en centre ville, etc.
Une étude du Lawrence Berkeley National Laboratory vient d’apporter une nouvelle pierre à cet édifice de refondation de la société en pointant un impact écologique favorable.
Selon l’université américaine, en 2030, la production de gaz à effet de serre des véhicules autonomes serait inférieure de 63 à 82% à celle des véhicules hybrides (électrique et essence) d’alors. Mieux, elle serait 90% plus basse que celle des véhicules particuliers actuels fonctionnant uniquement avec des moteurs thermiques
La raison de ce gain écologique tiendra à la conduite optimisée, d’une part, mais également, d’autre part, au fait que seul les voitures les plus performantes (ratio consommation/puissance) seraient intégrées à ce genre de flotte.
Ainsi, si seulement 5% des véhicules américains étaient des taxis autonomes, soit environ 800 000 véhicules, cela économiserait 7 millions de barils de pétrole par an et réduirait l’émission de CO2 par an de 2,4 tonnes métriques.
Des technologies en cours de maturation
A ceux qui s’inquiètent que cet effet bénéfique soit annulé par la multiplication des véhicules sur la route, l’étude du laboratoire de Berkeley répond que les gains en émission sont tels qu’ils contrebalancent l’introduction de véhicules supplémentaires : « Les technologies électriques et les véhicules de petite taille peuvent rendre la conduite autonome si efficace que nous pouvons imaginer une augmentation de la mobilité et toujours faire mieux en ce qui concerne l’optimisation de la consommation et l’émission de carbone », explique Jeff Greenblatt, le responsable de l’étude, qui rappelle qu’aux Etats-Unis, la plupart des trajets en voiture sont faits seul.
Les chercheurs de l’université américaine estime également qu’en 2030, cela coûtera toujours plus cher pour un particulier de rouler en voiture électrique plutôt que dans une voiture à moteur thermique, notamment à cause des distances parcourues qui sont généralement insuffisantes pour rentabiliser cette technologie. En revanche, pour des taxis qui parcourent jusqu’à plus de cinq fois plus de kilomètres par an, le passage au tout électrique pourrait être pertinent. Même chose pour les voitures autonomes.
Or, justement, les technologies nécessaires à rendre une voiture autonome vont coûter bien moins cher d’ici 2030. Le surcoût pourrait être de seulement 1000 à 1500 dollars, estiment-ils. Même s’ils ont établis leur étude en retenant un chiffre plus conséquent de 5000 dollars. Un investissement de départ qui pourrait être remboursé rapidement, selon l’étude.
En définitive, ces changements profonds vont demander de gros efforts d’adaptation. Autant à la société pour se réorganiser qu’aux particuliers pour changer leurs habitudes. Demain pourrait être plus vert, mais pas forcément rose…
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Ford avance à grands pas vers la voiture autonome – 26/06/2015
Sources :
Financial Times
Spectrum IEEE
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