Vrai socle de la dot com, la technologie constitue l’une des principales fonctions stratégiques des nouvelles entreprises. Une fois le business plan mis au point, les financements obtenus et l’équipe dirigeante constituée, il reste encore à mettre en ?”uvre le service en ligne qui va faire fureur. A ce stade, l’entreprise chargée de promesses se trouve confrontée à un éternel dilemme : constituer sa propre équipe et développer un site en toute indépendance, ou rédiger un cahier des charges, puis confier le fragile bébé à un (ou plusieurs) prestataire(s) ? Chaque entrepreneur conçoit et élabore sa propre méthode. De la maîtrise du processus complet en interne à l’externalisation totale, l’éventail des solutions est large.“Nous visons l’autarcie complète, explique le fondateur d’Actusite, Yan Allibert, car le développement informatique est la partie la plus stratégique de l’entreprise.” Au contraire, Philippe Bertin, cofondateur d’Indexel, a lui estimé que “l’informatique n’étant pas le c?”ur de métier, il fallait sous-traiter la mise en ?”uvre depuis la rédaction même du cahier des charges “. Cependant, quelle que soit l’option retenue, les fondateurs de start up ne perdent jamais de vue le bon déroulement des projets informatiques. Pour ces nouveaux utilisateurs aux revenus souvent incertains, le choix stratégique sera influencé par un certain nombre de facteurs. Et, en premier lieu, par les moyens disponibles. La solution retenue résultera ainsi d’un savant dosage entre les moyens financiers, certes, mais aussi les moyens humains. Car recruter est au moins aussi ardu pour eux que pour les spécialistes de l’informatique ou les grandes entreprises traditionnelles. Passée l’euphorie des premiers temps, en effet, les ingénieurs ne se précipitent plus les yeux fermés vers ces nouveaux employeurs. A tel point que nombre de ces dot com ont, dans un premier temps, renoncé purement et simplement à constituer une équipe interne. “Soit on a quinze informaticiens en interne, soit on fait appel à des prestataires “, résume Christian Palix, cofondateur de Clust. com. C’est pour cette même raison que Adrien Ducousset, PDG de la société Serial-Trader, a décidé de sous-traiter l’ensemble de la réalisation de son site internet, comme bon nombre de ses collègues ou concurrents. “Avec la pénurie d’ingénieurs, nous n’avons même pas essayé de recruter. Nous le ferons progressivement, en fonction des opportunités “, précise Adrien Ducousset.Outre le simple problème du recrutement, ce sont la multiplication des compétences nécessaires et leur mise à jour constante qui freinent les velléités de constituer une équipe interne. “Nous avons décidé d’externaliser la réalisation du site, car nous n’avons pas les moyens de garder des développeurs à jour en interne “, reconnaît ainsi Guillaume Montebello, PDG d’Edecide. Chez 24pm. com, Raphaël Richard explique : “ Les ingénieurs intelligents et compétents, mais peu expérimentés que nous avions engagés arrivent au bout de ce qu’ils
sont capables de faire.” L’heure est à l’embauche de seniors, plus difficiles à dénicher et plus chers, bien sûr. Mais c’est un autre puissant moteur qui a poussé la société Serial-Trader à recourir à des prestataires : “Nous sommes entrés sur un marché très concurrentiel. Notre concurrent principal, Boursorama, était déjà là, et il avait la chance d’être maître d’?”uvre de son projet. Nous avons donc externalisé la réalisation pour aller plus vite.”Alors qu’elles se plaignent souvent du non-respect des délais par les prestataires, les jeunes pousses préfèrent malgré tout s’en remettre à des professionnels pour conserver leurs chances de faire partie du peloton de tête. Bien entendu, le premier de sa catégorie ne l’est pas forcément historiquement. Mais le délai de publication d’un service ne peut s’allonger à l’infini, et certaines batailles se gagnent effectivement à la vitesse. Une fois qu’elle a décidé de sous-traiter, la start up se trouve confrontée à un second choix délicat : confier l’ensemble de la réalisation à un seul prestataire, ou répartir les tâches en tenant compte des compétences pointues de chacun ? Avec l’essor des agences web, prestataires complets – que ce soit de la réalisation purement informatique au plan média, en passant par le graphisme -, plus d’un créateur de site a longuement hésité. Aujourd’hui, plusieurs start up sont revenues de leurs premières amours avec des prestataires ” tout en un “. Alexis Renard, directeur général d’Achatpro, a ainsi décidé de s’en remettre à plusieurs prestataires pour la réalisation de la deuxième version du site de la société.“A chacun son métier. Nous préférons que chaque prestataire fournisse le service dont il est spécialiste “, assure-t-il. Un prestataire pour le graphisme et l’ergonomie, un autre pour l’informatique, un autre encore pour l’hébergement, etc. La sous-traitance peut alors s’avérer un véritable casse-tête à gérer. D’où l’importance de disposer en interne de compétences généralistes, d’un chef d’orchestre capable de piloter l’ensemble des projets et de faciliter la communication entre les différents intervenants. C’est le rôle principal du nouveau directeur informatique dans les start up.Indépendants nés, méfiants, courageux, ou tout simplement déçus, certains créateurs ont décidé – dès le départ ou plus tard – de réaliser eux-mêmes l’ensemble de leur site. “Pour le développement, nous réalisons presque tout en interne “, explique ainsi Raphaël Richard, PDG de 24pm. com. Conservant la ma”trise des développements en interne, il ne recourt à des compétences externes qu’en complément. Quelques prestations de régie – environ 20 % de l’ensemble – suffisent ainsi à combler les lacunes internes en termes de compétences ou de délai. “Nous réalisons l’ensemble de notre site par nous-mêmes, sur un noyau logiciel libre “, explique pour sa part Philippe Apter, fondateur d’Amoureux. com. Fidèle à ses choix de départ, il conserve ainsi la maîtrise complète de son site. “Notre méthode est simple, efficace, et rapide. Une fois notre besoin défini, nous trouvons le produit correspondant, qui a forcément déjà été créé. En général, c’est un logiciel libre que nous adaptons “, poursuit-il.Bien entendu, la solution idéale n’existe pas. Chaque start up est prête à défendre bec et ongles son choix stratégique d’externalisation, même si son rêve le plus cher, aux deux sens du terme, consiste à récupérer les évolutions en interne.
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