Les 60 salariés de Travelprice espéraient 15 jours de réduction de temps de travail (RTT) par an. Ils ont obtenu, 12 jours de RTT, les ponts et une durée hebdomadaire de travail de 37 heures. ” L’accord n’est pas si mauvais “, estime Ivan Béraud, représentant du syndicat CFDT Betor Pub. Et d’ajouter : ” Nous reviendrons à la charge d’ici à six mois quand le secteur du tourisme ira mieux. Nous avons d’ailleurs prévenu la direction.”Dans les start-up et les sociétés du secteur informatique, les 35 heures se mettent donc en place, mais lentement et de façon très inégale. Ainsi, selon Ivan Béraud, sur les 30 000 sociétés du Syntec, près de 20 % appliquent les 35 heures.Parmi elles, Ivan Béraud estime que 2 000 sociétés ont signé un accord avec les syndicats, et qu’un millier appliquent directement la loi Aubry. ” Mais les disparités entre petites et grandes sociétés restent considérables. Bon nombre de grandes entreprises se sont déjà mises au pas des 35 heures “, continue le délégué syndical.Aussi, s’il fallait faire une estimation ” à la louche ” sur le nombre de salariés du Syntec qui bénéficient des 35 heures, Ivan Béraud dirait ” près de 50 % des 500 000 salariés conventionnés Syntec, soit environ 250 000 personnes “.
De 10 à 24 jours de RTT
En moyenne, les salariés des sociétés Syntec bénéficient de 10 à 12 jours de RTT. Mais, dans ce domaine aussi, les inégalités sont grandes.Une petite société informatique comme SZ Intermédiation est allée jusqu’à accorder 24 jours de RTT par an à ses salariés, tandis que Benchmark Group a consenti, lors de la signature de l’accord, le 2 janvier 2002, 10 jours de RTT à ses salariés et un maximum de 1589 heures effectuées par an, soit 11 heures de moins que le texte de la loi Aubry.L’accord signé par Benchmark Group porte d’autre part une mention peut-être plus inquiétante : il s’engage à maintenir 30 emplois, sur les 53 existants, pour les six mois à venir. ” Il y a du licenciement dans l’air “, considère Ivan Béraud.La palme minimale de jours de RTT accordés revient cependant à Cap Gemini, qui n’a consenti, selon le Betor Pub, que 8 jours à ses salariés. ” Le Betor Pub n’a pas signé l’accord, commente Ivan Béraud. Il n’y avait pas assez de jours, et pas d’engagement fort sur l’emploi. “
Les petits à la traîne
Reste que les petites entreprises ont bien du mal à se mettre à l’ARTT. En cette période de crise annoncée, les salariés pensent à garder leur emploi plutôt qu’à négocier leur temps de travail. Idem pour les patrons des PME, qui cherchent surtout à maintenir leur activité.” Les petites et moyennes entreprises souhaitent trouver des accords quand elles ont le couteau sous la gorge. Ainsi, un nombre exponentiel d’accords a été signé avant le nouvel an, car les patrons voulaient bénéficier des aides Aubry. Mais comme le gouvernement a accordé un délai de deux ans aux petites entreprises, ces dernières ne font plus des 35 heures une priorité. “Pour Ivan Béraud, mieux vaut cependant régler l’ARTT au plus vite, car dirigeants et salariés peuvent aller au-devant de conflits particulièrement douloureux. ” Dans les start-up, les conflits liés aux départs sont nombreux. Les salariés à qui on a beaucoup promis entrent dans une logique de vengeance quand on les licencie. Si l’ARTT n’est pas réglé, ils peuvent attaquer leur ancien patron aux prudhommes et demander des indemnités sur les heures supplémentaires. “
🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.