C’est la guerre ! Les dirigeants de start up sont unanimes. Elles bataillent durement pour recruter leurs informaticiens. Mais avec un handicap de taille : elles n’ont pas les moyens de se lancer dans les surenchères salariales, classiques dans ce secteur. Les dizaines, voire les centaines de millions de francs levés à tour de bras ne peuvent en effet dissimuler la dure réalité : peu de start up Internet sont, pour l’instant, rentables. Pas question, donc, de mettre en péril la réussite d’un projet à cause du salaire d’une seule catégorie de personnel.Comme leurs nombreuses concurrentes sur le marché de l’emploi informatique – sociétés de services ou entreprises traditionnelles -, les jeunes sociétés du Net vont ainsi déployer un arsenal d’appâts pour attirer les profils adéquats. Et la maîtrise des coûts salariaux passe d’abord par le choix de personnes compétentes, mais pas trop gourmandes.Les stratégies se révèlent, bien sûr, différentes en fonction des postes à pourvoir. Ainsi, du côté des développeurs, sans lesquels les sites ne peuvent exister ni survivre, les start up disposent d’un premier moyen de ne pas payer de salaires trop importants : ne pas faire la fine bouche sur les diplômes ni l’expérience. Les jeunes patrons recherchent avant tout un potentiel. Comme un pari réciproque, la start up mise sur des jeunes souvent autodidactes, qui, eux-mêmes, investissent leur énergie dans une entreprise à l’avenir incertain.Un recrutement quelque peu en marge sur le marché. “Nous avons besoin de gens qui comprennent notre business model, car nous ne sommes pas une société informatique. Tous mes développeurs ont un passé non informatique et, donc, une réelle compréhension de la vie.” Comme Alexandre Sidommo, cofondateur de Double Trade, de nombreux créateurs de start up se méfient de l’informaticien pur et dur. Mais en choisissant ainsi des jeunes ayant une très faible expérience, ils cherchent surtout à ne pas supporter des salaires trop lourds…
Stock options : un revenu hypothétique
Les salaires qui se situent, par conséquent, souvent tout juste au niveau du marché, voire au-dessous. Et pour attirer des candidats malgré tout, les start up proposent d’autres avantages : la possibilité d’acquérir de l’expérience, la mise à disposition de formations, et, bien sûr – avec parcimonie, toutefois -, des stock options. Mirage ou véritable oasis, cette dernière rémunération n’est qu’hypothétique.De plus : “Les salariés commencent tout juste à comprendre et à accepter le système, insiste Gilles Hamou, PDG et fondateur de Plantes et Jardins. Culturellement, ce n’est pas gagné. Nous les considérons comme un avantage supplémentaire, et non comme une alternative au salaire.” Les jeunes développeurs apprécient davantage le système des primes. “Je peux gagner jusqu’à 20 000 francs supplémentaires par an. Ce qui augmente notablement mon salaire “, raconte Vincent Bossuet, moins de trente ans, reconverti à l’informatique et développeur pour le portail destiné à l’environnement Enviro2b.Mais, pour encadrer, former et guider ces jeunes, le ” middle management ” est incontournable. C’est d’ailleurs la principale difficulté pour une start up. Avec en moyenne cinq ans d’expérience, ces seniors d’une trentaine d’années sont plus exigeants. Issus de grandes écoles, puis de grandes entreprises, de SSII ou même de l’Administration, ils acceptent pourtant de réduire leur salaire pour participer à l’aventure. “Nous avons commencé par recruter les profils d’encadrement, et nous leur avons demandé de diminuer de 30 % leur salaire précédent en attendant notre levée de fonds “, raconte Meïtal Slomka, cofondatrice d’Enviro2b. Là, les stock options – en général, distribuées plus généreusement – font la différence.La perspective du jackpot dans les trois ans constitue un intérêt majeur pour ces professionnels lassés des structures classiques. Mais ils sont aussi attirés par la possibilité d’intégrer rapidement l’équipe dirigeante et de participer aux décisions stratégiques. Quel que soit leur profil, le goût de l’aventure, l’intérêt du projet et les espoirs d’évolution rapide figurent loin devant le seul salaire parmi les motivations des informaticiens des start up. Reste que, au milieu de cette guerre livrée par les jeunes pousses, certains de leurs dirigeants attendent patiemment en se frottant les mains. Dans six à douze mois, de nombreux projets auront échoué. Et les informaticiens reviendront sur le marché. Un peu moins gourmands, cette fois !
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