Les sociétés de services en ingénierie informatique (SSII) sont l’un des compartiments des valeurs technologiques à avoir le moins souffert face à la récente chute des marchés. Soit. Mais ce rempart a ses fissures et ses postes avancés. L’évolution des capitalisations des principaux acteurs montre les disparités du phénomène.En gros, les marchés ont privilégié les valeurs défensives, en termes sectoriel et géographique. Les métiers de l’infogérance, aux contrats récurrents (Atos, Altran, Transiciel), sont préférés aux ressources plus offensives, mais plus hasardeuses, du conseil (Cap Gemini Ernst & Young). Les valeurs dépendantes de clients télécoms (Devoteam, Aubay, Net 2 S) ont été sanctionnées.Sur le plan géographique, les groupes exposés aux États-Unis (Cap Gemini) et en Europe du Nord (Steria, depuis son rachat d’Integris) devraient être les plus attaqués. En troisième lieu, l’adaptabilité à la crise ?” la capacité à serrer les prix ?” fait aussi la différence. Des petites valeurs comme Sylis en ont profité.
Divergences de traitement
Enfin, une série de paramètres singuliers orientent les investisseurs : plus ou moins franche réussite d’une fusion (Atos et Origin plus appréciée que Cap Gemini et Ernst & Young), pertinence de la communication financière (prime pour Altran, seule grande SSII à se risquer à une prévision sur le premier semestre 2002), gains de grands contrats, etc.Deux cas d’école illustrent la divergence du secteur. Cap Gemini Ernst & Young (CGEY), numéro 1 européen, est maltraité. Sa nouvelle alerte sur bénéfices a été remarquablement digérée (en juin, un premier avertissement avait été suivi d’une chute de 20 %). Mais la valeur avait déjà perdu près de 65 % depuis début janvier.Malgré son titre incontesté de première capitalisation du secteur, le groupe de Serge Kampf a davantage souffert en Bourse que ses concurrents. C’est que CGEY cumule, aux yeux des marchés, plusieurs tares : forte exposition américaine (35 % de son chiffre d’affaires), faible part de l’infogérance (20 %), faible marge de man?”uvre sur les coûts.En outre, le rapprochement avec Ernst & Young est jugé délicat. ” C’est vrai, on ne fusionne pas en deux jours une société cotée et un cabinet d’audit. Mais nous sommes sur les rails. Seule l’actualité et la conjoncture sont mauvaises “, reconnaît-on chez CGEY. À l’adresse des marchés, le discours est pointu : Paul Hermelin, directeur général délégué du groupe, ne manque pas de souligner les progrès de l’infogérance (qui devrait représenter environ 30 % du chiffre d’affaires en 2003), la signature d’un important contrat au Canada, la réduction des coûts consécutive à la restructuration en cours.Petite révolution, CGEY s’apprête aussi à “discuter de l’instauration d’une part variable de certains salaires“, souplesse appréciée des marchés. Enfin, Cap Gemini met en avant le réservoir de clients que constituent les PME-PMI françaises. Une population qui fait depuis longtemps le bonheur de Neurones, dont le titre a opéré un bond spectaculaire au palmarès des capitalisations. “ Sur le Nouveau Marché, nous sommes passés du 70e au 30e rang. Notre forte croissance va toujours de pair avec la rentabilité “, explique Bertrand Ducurtil, directeur général de cette SSII de 1200 salariés.
Vision bientôt contredite
Le taux de récurrence des revenus serait de 60 %, l’activité est centrée sur la France, et même sur la région parisienne. Neurones, qui maintient intégralement ses prévisions 2001, ne se paie que 13,5 fois ses bénéfices. Le 11 septembre n’a d’ailleurs pas stoppé la résistance du cours.D’une manière générale, le compartiment des SSII n’a pas dévié de sa route. Les défensives paient toujours. À tort ? ” Cette doctrine pourrait être à terme un peu démentie par les bonnes annonces d’Accenture, qui n’est pas la plus défensive des valeurs, note Derric Marcon, le spécialiste d’ING Barings. Mais la visibilité économique est tellement faible que l’on ne peut parler que d’une nuance. Pour l’instant “.
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