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Les sites web des collectivités locales se lancent dans le service aux citoyens

Le prochain Salon des maires et des collectivités locales sera l’occasion de montrer les nouveaux outils qui mobilisent les élus et les agents territoriaux.

Michel Hervé, ancien maire de Parthenay, et Bernard Longhi, ancien maire de Marly-le-Roi, ont eu tort d’avoir eu raison trop tôt. Car les nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC) sont bien autre chose qu’une simple vitrine. Ce sont, en fait, des outils fonctionnels, tout particulièrement destinés au secteur public local. Dès lors, sites internet, intranets collaboratifs ou navigation 3D quittent leurs habits clinquants pour se mettre réellement au service des habitants, des agents territoriaux et des entreprises locales. Aujourd’hui, l’expérience des deux édiles sert de modèle à de nombreux autres élus. Car, même si ce n’est sûrement pas les nouvelles technologies qui leur auront fait perdre leur siège de maire en mars 2001, la politique trop visionnaire qu’ils ont menée y aura sans doute contribué. Certains Américains du fin fond du Texas connaissaient et surfaient sur la cité numérique initiée par Michel Hervé. Mais peu de Parthenaisiens y voyaient une quelconque utilité dans leur vie quotidienne.

Une façon de toucher ceux qui ne viennent pas en mairie

Nul n’est prophète en son pays : le 21 octobre dernier, un an après avoir changé de maire, www.cc-parthenay.fr recevait le label 5@ de l’association Ville internet (*), récompense suprême pour une collectivité locale. C’est la seule commune à figurer à ce niveau dans le classement 2002.Une reconnaissance tardive, qui devrait, tôt ou tard, s’étendre à Marly-le-Roi. Lors de sa mandature, poursuivant les projets lancés par son prédécesseur ?” le médiatique François-Henri de Virieu, aujourd’hui décédé ?”, Bernard Longhi a multiplié les innovations. En 2000, il testait les échanges sécurisés entre la mairie, la sous-préfecture et le conseil général, et projetait la dématérialisation en temps réel des dossiers de type permis de construire ou déclaration de travaux, sur le web, en accès authentifié. Mais être visionnaire est une chose, et savoir répondre aux demandes complexes des citoyens en est une autre. Aujourd’hui, www.mairie-marlyleroi.fr accueille quatre-vingt-dix consultations quotidiennes. “Les gens sont contents d’avoir, en accès distant, des indications sur les endroits où ils peuvent se renseigner, obtenir des formulaires ou demander des extraits d’état civil, note Sandrine Obitz, webmestre du site, qui livre son analyse. Avant, les sites municipaux servaient de vitrine politique, peu de service à la population. Or, il faut développer cet aspect, car, avec internet, on touche une partie de la population qui ne vient pas en mairie. C’est une catégorie différente, qui élargit notre champ d’action.” Hervé Pargue, chef de projet et responsable éditorial de www.Paris.fr, partage cette analyse : “C’est bien une idée d’élu que de penser qu’un site doit promouvoir le tourisme. Mais, pour cela, il y a les syndicats d’initiative. Quant à publier des informations sur la ville, quel est l’intérêt de ces données statiques ? Et en ce qui concerne les investisseurs, ils n’utilisent pas ce moyen pour se renseigner.”Depuis l’arrivée d’internet, deux générations de sites municipaux se sont succédé. La première, entre 1997 et 1999, a ouvert les pages standards, ayant pour vocation la communication institutionnelle au sens large du terme. La deuxième, de 2000 à fin 2001, a vu ces portails proposer des informations répondant aux besoins des habitants. La troisième génération qui s’apprête à fleurir se veut dynamique en instaurant des services dématérialisés, ouvrant aux téléprocédures.

Un outil qui oblige à un changement culturel

Paris.fr ambitionne de devenir les “pages jaunes” de la ville, avec la mise en ligne de tous les services municipaux et la volonté de couvrir l’actualité de la ville en continu et en temps réel. “Mais attention, ce n’est pas un “guide des spectacles”, comme Pariscope ou Zurban. Nous ne publierons jamais les programmes de cinéma ou de théâtre “, se défend Hervé Pargue. Certains formulaires sont déjà entièrement dématérialisés, comme les téléprocédures de type état civil ou les concours de la ville. D’autres seront ouverts pour l’inscription aux centres de loisirs, la réservation des courts de tennis, les demandes de logement, les cartes de stationnement résidentiel et de bibliothèque, ou encore les demandes d’inscription dans les crèches. Certaines bases de données sont déjà accessibles, comme celle des débats et des délibérations du conseil. Les fichiers des affaires scolaires et le catalogue des bibliothèques municipales suivront bientôt. L’ensemble, actuellement réalisé en interne et en logiciel libre, vise à préparer la sortie, à l’automne 2003, d’une nouvelle version, sous-traitée cette fois. Toutefois, “notre problème n’est pas technologique, mais bien culturel, par la révolution qu’instaurent ces outils dans les services “, prévient Hervé Pargue.C’est la tâche à laquelle s’est attelé Lionel Fourny, directeur général des services du conseil général de la Moselle, en construisant un intranet novateur, où la notion de dématérialisation et de travail de groupe entre agents et élus territoriaux joue à fond. Ce portail vient tout juste d’être ouvert aux mille deux cent trente agents de la collectivité. “Nous sommes partis des besoins de la direction générale, raconte Jean-Christophe Nguyen, DSI du département. Et comme il y avait déjà des sites dédiés à la communication interne et à la gestion des ressources humaines, nous avons créé un point unique d’entrée dans le système d’information, qui permette d’accéder à tous les éléments de données en fonction du métier de chaque agent.” Les applications de bureautique classiques, les outils métier ?” finances, services techniques ?”, les informations ?” internet, coopération ?”, la communication ?” messagerie, échanges ?” bénéficient d’un seul point d’entrée, d’un seul accès et d’un seul mot de passe, avec des droits attachés pour chacun des mille deux cent cinquante postes informatiques des agents du conseil général. Mais l’impact organisationnel doit être progressif. La dématérialisation des congés, ordres de mission, notes de frais ou bons de commande est mise en place en deux temps. D’abord changer le comportement, en instaurant un formulaire électronique à compléter, puis imprimer pour qu’il suive le processus classique. “Ce qui permet déjà de réaliser des économies substantielles en termes de gestion des préimprimés.” Il est ensuite facile de mettre en place un flux électronique de validation à partir d’un formulaire XML, qui sera retourné sur le réseau. A terme, toutes les applications ?” finances, services techniques, architecture, ressources humaines, action sociale ou cabinet ?” seront portées sur l’intranet. Mais cela réclame de changer progressivement toutes les applications du système d’information municipal.On le voit bien, ouvrir une vitrine internet conduit à repenser complètement la place des technologies au sein de la collectivité. Le travail ne fait donc que commencer pour les informaticiens territoriaux.(*) Le palmarès est accessible sur le site de l’association, www.villes-internet.net.

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Hubert d'Erceville