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Les sites de questions-réponses, terrain d’écoute pour les experts bénévoles

Ce n’est pas pour de l’argent que des experts répondent aux questions des internautes. C’est pour mieux cerner leurs marchés.

Woonoz, Question.fr. Deux sites qui mettent en relation des internautes qui ont des questions à poser à des ” experts ” capables de leur répondre. Les thèmes abordés vont du droit à la finance, en passant par les nouvelles technologies et internet. Dans ces deux dernières catégories, les spécialistes, qui interviennent à titre personnel, n’occupent pas cette fonction pour l’argent qu’ils pourraient en retirer. Peu, en effet, exigent une contribution financière des internautes. Sur Woonoz, par exemple, seulement 20 % des questions font l’objet d’une rémunération. Il s’agit de celles dont les réponses nécessitent plusieurs jours de recherche. Quelles sont, dans ces conditions, les motivations des experts ? Et, surtout, que retirent-ils de leur contribution ?

Un moyen de se remettre en cause dans son activité

La principale raison évoquée en ch?”ur par les intéressés, c’est la satisfaction d’aider ceux qui en ont besoin. “Je pratique ce bénévolat dans le même esprit que celui qui caractérise le monde libre. Jamais je ne ferai payer à quiconque mes renseignements”, déclare Jean-Paul Gaulier, ardent défenseur de la cause linuxienne. En moyenne, il consacre une heure par jour à répondre aux questions qu’il reçoit. Une façon pour lui de “promouvoir les logiciels libres”.Mais l’altruisme n’est pas tout. Les requêtes des internautes permettent aux experts de cerner les préoccupations et attentes de ces derniers sur un sujet donné. C’est là un avantage précieux lorsque le thème abordé concerne l’activité professionnelle du spécialiste. Ainsi, l’un des premiers experts informatiques de Woonoz, également adepte de Linux, s’inspire des questions des internautes pour simplifier les documentations techniques de logiciels qu’il rédige régulièrement dans le cadre de son travail. “J’oubliais parfois de préciser des points qui me paraissaient évidents sans nécessairement l’être. C’est un moyen de se remettre en cause”, reconnaît Terence Dewaele. Même raisonnement chez Gilles Dupuis, salarié d’une société spécialisée dans les études en ligne : “Si les questions qui sont posées par les internautes ne sont pas à la source de notre inspiration, elles permettent néanmoins de valider les tendances que nous décelons.”Enfin, dernier avantage mais non le moindre, le fait de contribuer à des sites de questions-réponses peut constituer un atout pour les experts informatiques dans leurs recherches d’emploi. D’autant plus que certains de ces sites internet proposent aux utilisateurs d’évaluer la qualité des réponses en leur attribuant une note. En cas de bonne notation, l’expert pourra ainsi s’en prévaloir auprès d’un éventuel recruteur. “Je suis cyberlimier chez Question.fr le temps de trouver un travail dans une société de services informatiques. Même si les questions auxquelles je réponds ne sont pas particulièrement techniques, elles me permettent de rester dans l’informatique”, explique pour sa part Céline Assier. Cette universitaire qui a suivi une formation scientifique souhaite en effet se reconvertir dans ce domaine. Mais en attendant, reconnaît-elle, “ce n’est pas les sites de questions-réponses qui me font vivre”.

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Vincent Berdot