Linux fait aujourd’hui de nombreux adeptes dans les entreprises : il supplante même Unix et Windows sur le marché européen des serveurs web, dont il détenait 26 % des parts en 1998 (source IDC). Dans le sillage des constructeurs, des SSII multiplates-formes intègrent progressivement Linux à leurs offres de services ; d’autres en font leur unique cheval de bataille. Conseil, assistance technique, formation, maintenance : la complémentarité des prestations proposées, au-delà du déploiement des systèmes, rassure les services informatiques et leur hiérarchie. “Nous avions besoin d’une prestation de services complète, du conseil à l’assistance technique en passant par l’intégration et la formation. La qualité de l’assistance devait être particulièrement soignée : le choix de Linux nous responsabilise encore plus vis-à-vis des utilisateurs”, confirme Francis Gendron, responsable de la mission Câble à la mairie de Montreuil (93). Décidé à mettre en place un serveur intranet sous Linux en avril 1999, il a si bien convaincu les élus locaux que ceux-ci ont voulu faire migrer les trente postes de travail de la direction de la mairie vers ce système d’exploitation. Mais il fallait fournir une assistance de qualité aux utilisateurs des postes de travail, dont les habitudes se trouvaient bouleversées. L’intégration de Linux ne s’est d’ailleurs pas faite sans difficultés : “Lancer une collectivité locale dans l’aventure Linux ne se fait pas sans garanties. Seule la société Easter-eggs présentait une expertise 100 % Linux et la logique de service public que nous recherchions. En fait, nous nous sommes totalement appuyés sur elle”, poursuit le responsable. Toutefois, les services autour de Linux s’avèrent parfois moins évolués que ceux proposés pour d’autres systèmes d’exploitation. “Il n’est pas si facile de trouver une assistance aussi professionnelle que pour certains produits standards”, assure Thierry Fleury, consultant informatique chez Safr@n, coopérative de distributeurs en vente directe par Internet (Paris, sept personnes). “Il faut se méfier des linuxiens illuminés qui ne connaissent pas les contraintes des entreprises. La philosophie du logiciel libre ne peut compenser une mauvaise qualité de service”, prévient, quant à lui, Bernard Wolfrom, directeur informatique et financier de Boeder France, filiale d’un fabricant-grossiste allemand d’accessoires et de consommables informatiques implantée à Choisy-le-Roi (vingt-six personnes).
Un service de veille technologique indispensable
Chez Safr@n, Thierry Fleury a lui-même mis en place la configuration Linux. Mais il a préféré, faute de temps, confier l’assistance technique du système à la société Open Care. La SSII assure 5 jours sur 7 une assistance téléphonique – avec un nombre illimité d’appels – du serveur Apache sous Linux Red Hat 5. 2 interfacé avec le back office, grâce à des développements en PHP, Perl et Sybperl. “Nous avons décliné l’offre de télémaintenance proposée par Open Care, car le système ne dispose pas encore d’accès sécurisé”, précise le directeur informatique. En revanche, le contrat comprend un service de veille technologique : “Linux évolue si vite et ses dérivés sont si nombreux, qu’une veille active est indispensable pour en profiter pleinement. Open Care nous envoie des rapports mensuels sur CD-ROM comprenant les mises à jour de notre système. Leur veille nous permet aussi de prévoir l’évolution de notre plate-forme : nous souhaitons en effet déporter toutes nos procédures en télétravail à travers le web. Le projet est en cours.”Plus que satisfait par son prestataire, Safr@n a souscrit un contrat annuel de 70 000 F (10 670 ?). Il envisage même une infogérance globale.
La veille technologique fait partie des spécificités des services autour de Linux, ainsi que la formation, compte tenu de la difficulté à obtenir rapidement des informations sur le système d’exploitation et ses dérivés. D’après Thierry Fleury, les SSII spécialistes du logiciel libre ont un atout de taille : “Ce sont des gens réactifs, qui baignent dans un environnement en perpétuelle évolution. Ils ma”trisent parfaitement ces technologies car ils participent souvent à leur développement.” Quoi qu’il en soit, une formation Linux minimale est toujours requise, ne serait-ce que pour gérer les tâches les plus courantes. “J’ai suivi une formation de quatre jours, qui me permet, par exemple, d’administrer le système par Telnet. La société Atrid nous a installé un serveur de fichiers et d’impression sous Red Hat 6. 0, et a paramétré toute la configuration nécessaire”, explique Bernard Wolfrom de Boeder France.
Atrid assure également la télémaintenance du serveur, sur la base d’un forfait fixé à dix incidents. Coût de l’installation et de la télémaintenance : 25 500 F ht (3 900 ?), auxquels s’ajoutent 12 000 F ht (1 800 ?) de formation.
Équiper à moindre coût
Pour la mairie de Montreuil, la formation était essentielle. Le service informatique a été formé à Linux directement par la SSII Easter-eggs (3 600 F ht, soit 550 ?, la journée pour dix auditeurs). Des internautes, des emplois Jeunes embauchés par la mairie, ont également bénéficié de cette prestation. À leur tour, ils ont assisté les utilisateurs en les formant individuellement. “Si l’expérience se révèle concluante, tout l’hôtel de ville sera connecté au serveur intranet sous Linux, ajoute Francis Gendron. Nous voulons également équiper les écoles primaires de la ville avec leurs propres réseaux d’établissement. Grâce à Linux, cela se fera à moindre coût.”Aujourd’hui encore, les prestations associées sont généralement moins chères que pour les systèmes standards ou propriétaires et les SSII restent, pour l’instant et de l’avis général, fidèles au précepte d’une communauté désintéressée. . .
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