Malgré la fin de Napster, la musique gratuite en ligne remporte toujours autant de succès auprès des internautes. Selon le cabinet d’études Webnoize, 3,5 milliards de fichiers ont été téléchargés au mois d’août sur les quatre principaux systèmes d’échange gratuit : Audiogalaxy, FastTrack, Gnutella et iMesh.Au maximum de sa fréquentation, en février 2001, Napster n’avait enregistré que 2,79 milliards de fichiers échangés en un mois.En effet, depuis que Napster a restreint son activité, jusqu’à son arrêt le 2 juillet dernier, sous la pression des maisons de disques, de nouveaux services comme Kazaa ou Morpheus, permettant l’échange de tous types de fichiers, ont enregistré des millions de connexions supplémentaires ces derniers mois.Sur le site de téléchargement de logiciels gratuits Download.com, cinq des dix logiciels les plus prisés appartiennent à la catégorie des services d’échange de fichiers. La plupart se fondent sur deux grands types de réseaux :- le premier, Gnutella, utilisé par des logiciels comme ceux de LimeWire ou de Bearshare est totalement décentralisé ;- le second, FastTrack, adopté par Music City (Morpheus) et Kazaa, relie les utilisateurs les uns aux autres sans serveur central, mais en choisissant certains ordinateurs comme n?”uds de transmission pour accélérer les téléchargements. Il compte maintenant jusqu’à 600 000 connectés simultanément aux heures de pointe et pourrait bientôt atteindre, selon Webnoize, le million de connexions.
Les majors du disque dépassées par le phénomène
La popularité croissante de ces réseaux gratuits complique la tâche des grandes multinationales de la musique qui tentent de mettre en place des canaux de distribution payants en ligne.” Les services légaux ne peuvent concurrencer les services gratuits illégaux “, déclare la porte-parole de l’Association américaine de l’industrie du disque (Recording Industry Association of America).De plus, alors que la RIAA avait pu imposer des filtres au serveur central de Napster, des restrictions judiciaires seraient bien plus difficiles à prendre contre les nouveaux services basés sur un modèle décentralisé.” Si nous disparaissons, Morpheus demeurera. Aujourd’hui, le réseau se suffit à lui-même “, explique le directeur de Music City Networks, Steve Griffin, qui affirme que son logiciel a été téléchargé 12 millions de fois.Selon lui, Music City peut envoyer des publicités aux utilisateurs du logiciel, mais pas bloquer les fichiers qu’ils échangent entre eux.
Les sites d’échange de fichiers domiciliés là où la législation est clémente
En outre, pour ajouter à leur invulnérabilité, plusieurs des sociétés animant ces réseaux sont domiciliés dans des pays où le droit commercial est très favorable aux entreprises. Le siège de Kazaa est ainsi situé aux Pays-Bas et celui de Grokster sur la petite île de Nevis, dans les Caraïbes.L’industrie musicale suit avec attention l’évolution de ces nouveaux réseaux d’échange, mais sa porte-parole a refusé de dire si elle réfléchissait à une action en justice. ” Il a toujours existé une certaine activité de piratage et nous pouvons vivre avec, admet Amy Weiss. Nous voyons la plainte comme l’ultime recours. Nous n’allons pas passer notre temps à porter plainte. “Elle affirme que la croissance des services gratuits n’affectera pas le lancement cet automne de deux services payants, Pressplay (Sony Music et Universal) et MusicNet (AOL Time Warner, Bertelsmann et EMI).
Livres, films, logiciels… devraient suivre
Si l’essentiel des échanges concerne pour le moment la musique, la part des films, des livres et des logiciels téléchargés ne cesse de progresser, précise Webnoize.Le studio américain de cinéma Twentieth Century Fox Film s’est déjà adressé à plusieurs fournisseurs d’accès Internet américains pour obtenir la fermeture des sites pirates qui diffusaient des versions piratées de La Planète des Singes, parfois même avant sa sortie en salles.Selon une étude de la société de surveillance du Web Envisional, environ 7 500 livres soumis aux droits d’auteur pouvaient être trouvés sur Internet en août.Cette variété de contenus consultables, gratuitement et facilement, sur Internet inquiète également les politiciens et les experts en sécurité.Deux parlementaires américains ont effectué fin juillet une étude montrant qu’une recherche sur la chanteuse vedette Britney Spears, très prisée des adolescents, permettait d’accéder aussi bien à des photos ou vidéos pornographiques qu’à des extraits de ses chansons.Quant aux experts de la sécurité informatique, ils soulignent que les réseaux peer-to-peer fournissent une porte grande ouverte aux virus, avec parfois des effets destructeurs, alors que Napster n’autorisait que l’échange de fichiers non exécutables, potentiellement moins dangereux.Espérons que les majors de lindustrie du disque et du cinéma ne se défendent pas en développant des virus !
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