Les serveurs compacts débarquent

On a rarement vu l’industrie informatique s’engouffrer en rangs aussi serrés sur un marché. Les serveurs compacts empilables, ou 1U, de 4,4 cm de hauteur, n’étaient encore qu’une curiosité il y a 18 mois.Comme le rappelle Laurent Dobin, chef de produits serveurs chez Compaq France : ” Jusqu’à l’année dernière, les contraintes technologiques empêchaient la mise au point de tels serveurs ; des contraintes liées, entre autres, à la dissipation thermique ou à la taille des processeurs [Pentium III au format SECC2 incompatible avec le format 1U, Ndlr]. “ Aujourd’hui, chaque constructeur compte une ou plusieurs de ces machines à son catalogue, et les lancements se succèdent à une cadence quasi quotidienne.

Un début d’année productif

Le 6 novembre, Einux, Network Engine et API Networks font leurs annonces et, le 8 janvier, c’est le DL320 de Compaq qui vient en renfort du DL360. Le 17 janvier, Sun dévoile quatre serveurs compacts, dont deux issus du rachat de Cobalt. Le 23 janvier, HP lance le LP 1000r, son premier modèle à ce format. IBM en compte trois à son catalogue. Et les serveurs 1U de constructeurs moins célèbres (VA Linux, par exemple, a lancé le 25 janvier le modèle 1120 vendu 1200 dollars) ou de fabricants de machines dédiées prolifèrent au même rythme.Si certaines de ces machines offrent des caractéristiques assez frustes (disques IDE et processeur Celeron pour le Dell PowerEdge 350), d’autres donnent dans la puissance. Le dernier de HP, le NetServer LP 1000r, et le Dell PowerEdge 1550 reçoivent deux processeurs, deux interfaces réseau et trois emplacements pour disques SCSI hot plug.Qui sont les acheteurs de ces machines ? Selon Paul Birtch, directeur marketing de la division fournisseurs de services réseau Europe chez HP, ” ce sont les fournisseurs de services Internet, FAI et FAH “. Un avis partagé par tous ses homologues, dont Christophe Carrouget, chef de produits serveurs chez Dell : ” L’architecture 1U privilégie l’espace en rack. Elle est destinée davantage aux FAI et aux FAH qui constituent le c?”ur de cible. “Cependant, le confort du fournisseur de services n’est pas la seule raison de cette diminution des formats. ” En entreprise aussi la densité permet de rationaliser l’administration “, explique Laurent Chaumereuil, chef de produits serveurs chez Sun. D’autre part, ” pour les FAI, les FAH et les entreprises ayant une activité autour du e-commerce, il y a deux manières de concevoir le partage des ressources : utiliser une seule grosse machine pour tous les clients et un logiciel pour leur facturer l’utilisation, ou utiliser un serveur 1U pour chaque client. Ces derniers préfèrent cette solution, qui leur permet d’avoir une machine non partagée “, explique Jean-Paul Simoen, du marketing d’IBM.Il faut donc interpréter l’arrivée en masse de ces machines comme un signe d’évolution des besoins et des architectures informatiques. L’hébergement impose ces contraintes et, comme le rappelle un hébergeur, “une machine partagée n’offre déjà plus une qualité de service irréprochable. L’hébergement partagé de haut de gamme est aujourd’hui une illusion “.

Un serveur, une fonction

Mais, surtout, les serveurs 1U consacrent l’importance du frontal dans les architectures informatiques désormais obligées de prendre en compte Internet. Le frontal regroupe un ensemble de fonctions : serveur web, répartiteur de charge, coupe-feu, serveur de flux ou de cache. Parfois, on les retrouve en serveurs de fichiers ou d’impression en entreprise, mais le cas est plus rare. “L’idée du 1U, c’est : un serveur, une application. Et la possibilité d’une réactivité immédiate en ajoutant de nouveaux serveurs. Derrière, vous trouverez des serveurs plus lourds pour gérer les applicatifs d’entreprise. Bien sûr, le 1U est limité en stockage, même si on y entre de plus en plus de mémoire vive et de disques durs “, commente Jean-Pierre Penin, responsable du développement des ventes HP Net-Server.Cette évolution semble reconnue par les constructeurs, qui insistent sur la différenciation entre unités de traitement et de stockage pour préconiser l’emploi de baies Raid associées aux serveurs compacts.La multiplication des serveurs et la nécessité de mettre en place des outils de stockage associés risquent de compliquer l’administration de l’ensemble. En réponse, les constructeurs vantent la qualité des outils de supervision qu’ils offrent désormais en standard.

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