“ Are you serious ? ” (êtes-vous sérieux ?). La phrase culte du tennisman John McEnroe semble être devenue le credo de nombreux créateurs, surtout indépendants, de jeux vidéo. Suite à l’appel à projets lancé par Nathalie Kosciusko-Morizet, secrétaire d’Etat au Développement de l’économie numérique, quarante-huit serious games vont se partager une enveloppe de 20 millions d’euros. La subvention oscille entre 184 000 et 577 000 euros par titre, une somme substantielle qui a de quoi motiver les créateurs.Mais, au fond, qu’est-ce qu’un serious game ? “ C’est un jeu vidéo qui possède une fonction utilitaire et dont le marché visé n’est pas celui du divertissement. ” Telle est la définition synthétique de Julian Alvarez, docteur en sciences de l’information et de la communication, chercheur et concepteur indépendant de serious games. En clair, le commanditaire n’est pas issu du monde du jeu vidéo. Et le public visé n’est pas forcément adepte du jeu vidéo. Le but est surtout de faire passer un message publicitaire, informatif ou de sensibiliser l’opinion à une cause : on parle alors de jeu militant, comme le titre Darfour is dying (voir ci-contre). Le jeu peut aussi avoir pour objectif d’entraîner le corps ou l’esprit. On retrouve sous cette étiquette des titres à visée pédagogique comme Thélème, dont le but est la maîtrise du français. Certains titres éducatifs et de simulation servent aussi au recrutement en entreprise ou à la formation. Enfin, le serious game peut être un moyen de collecter des données, à l’image d’America’s Army.
Un graphisme en évolution
Côté graphisme, c’est surtout la technologie Flash qui est la plus utilisée, comme le précise Sébastien Bru, cofondateur du studio Adinvaders, spécialisé dans le développement de serious games. Ce système, simple et gratuit, est présent sur la majorité des PC installés et permet d’afficher des contenus évolués. Et comme la plupart des titres circulent gratuitement sur la Toile, ils sont assurés ainsi de toucher un large public. Cependant, des pistes sont étudiées pour créer des jeux en 3D, au graphisme plus spectaculaire, de manière à renforcer l’impact du message.Aux Etats-Unis, la chaîne de fast-foods Burger King a expérimenté la chose avec succès, en distribuant un code de téléchargement pour un jeu publicitaire sur le service en ligne de la console Xbox 360 de Microsoft.
Forums et blogs à la clé
Même si la recette d’un bon serious game est respectée à la lettre (le message est compréhensible, le jeu jouit d’une bonne ergonomie et s’appuie sur des avis d’experts), le genre rencontre des limites. Pour que le jeu fonctionne et qu’il ait de l’impact, il doit “ tenir compte de l’humeur de l’utilisateur, de sa culture, de son niveau de connaissances et même de son niveau social ”, détaille Julian Alvarez. Et pour augmenter ses chances d’atteindre son but, le jeu sérieux a besoin d’un “ emballage ” Web 2.0, c’est-à-dire de bénéficier de forums, de billets dans un ou plusieurs blogs avec possibilité de laisser des commentaires. De tels outils servent aussi à mesurer le taux de compréhension et d’adhésion du public.Mais les serious games représentent surtout une manne financière au carrefour du jeu vidéo et de la communication. Encore absents de ce marché, les grands éditeurs, plutôt concentrés sur le divertissement, pourraient donner à ce genre leurs lettres de noblesse grâce à des titres de grande qualité tout aussi porteurs de messages
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