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Les satellites Starlink font face à des « fuites de rayonnement électromagnétique »

En plus de leur luminosité, les satellites de Starlink opacifient le ciel en laissant s’échapper des radiations sur des bandes de longueurs d’ondes protégées pour la radioastronomie. Le problème ne fait qu’empirer avec les satellites de nouvelle génération.

Starlink occupe plus des trois quarts des satellites situés en orbite basse. Avec une telle présence (plus de 6 700 astres), il « n’est pas le seul grand acteur de l’orbite terrestre basse, mais il a une chance d’établir la norme dans ce domaine », alertait l’ingénieur Federico Di Vruno de l’observatoire SKA, dans une tribune publiée par Astron, l’Institut néerlandais de radioastronomie. Selon ses dernières découvertes, les fuites de rayonnement électromagnétique auraient explosé avec l’arrivée de ses nouveaux satellites de seconde génération.

« Nous avons lancé un programme de surveillance des émissions involontaires de satellites appartenant à différentes constellations, et nos observations montrent que les satellites Starlink de deuxième génération émettent des émissions plus fortes et le font sur une plus large gamme de fréquences radio, par rapport aux satellites de première génération », a expliqué l’Institut. L’augmentation des radiations serait colossale : 32 fois plus élevées. De quoi vraiment empiéter sur les bandes de fréquence utilisée pour la radioastronomie.

Astron regrettait qu’au même titre que la pollution lumineuse qui augmente au fur et à mesure que le nombre de satellites en orbite basse augmente, ces émissions radio parasites risquent de nous aveugler aussi, et nous fermer les portes de l’observation spatiale. Ces radiations empièteraient sur les fréquences utilisées en radioastronomie, dans la gamme de fréquences de 110 à 188 MHz. « Ils aveuglent les radiotélescopes et viennent paralyser des recherches vitales sur l’Univers », déclarait l’équipe de l’Institut dans son post.

Pour en arriver à ce constat, les radioastronomes ont réalisé deux observations d’une heure, le 19 juillet dernier, avec l’aide du radiotélescope LOFAR, le radiotéléscope le plus sensible aux basses fréquences au monde, situé à Exloo aux Pays-Bas. Grâce à l’air d’observation de plus d’un kilomètre carré, les scientifiques ont pu relever « un rayonnement électromagnétique non intentionnel (UEMR) provenant de presque tous les satellites Starlink observés, y compris les satellites de première et de deuxième génération ».

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L’intérêt de la radioastronomie menacé

Par le passé, seules les étoiles faisaient obstacle à leurs études. Il faut désormais prendre en compte ces satellites, qui viennent briller 10 millions de fois plus fort que les sources les plus faibles que le radiotéléscope LOFAR est capable d’observer et d’identifier. Pour donner une comparaison, Astron mettait face à face l’observation d’une étoile des plus faibles visible à l’œil nu, et la luminosité de la pleine Lune. Étant donné que Starlink suit désormais un rythme de 40 satellites de plus par semaine, « ce problème s’aggrave de plus en plus », alertait l’auteur principal de l’étude d’Astron, Cees Bassa.

Pour se défendre de l’intérêt de réglementer les acteurs en orbite basse et limiter ces fuites de radiation, Astron évoquait l’intérêt économique de la radioastronomie, dans les avancées technologiques modernes. « Ces techniques astucieuses pour détecter des signaux faibles dans l’Univers ont permis à l’industrie et à la société de faire des progrès technologiques, du GPS au WiFi. Nous ne nous contentons pas de coexister, nous prospérons ensemble. Nous avons également les solutions pour cette symbiose dans l’espace. Il nous faut simplement le soutien des régulateurs et l’aide de l’industrie. Sans mesures d’atténuation, très bientôt, les seules constellations que nous verrons seront créées par l’homme ».

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Source : Astron


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