Big revolution chez les Big tech. Des salariés de Google ont annoncé, lundi 4 janvier, la création d’un syndicat, après des divergences avec leurs dirigeants qui se sont cristallisées autour du licenciement, en décembre, d’une chercheuse noire, Timnit Gebru travaillant sur les questions d’éthique liées à l’intelligence artificielle (IA).
Un activisme devenu inévitable
Cette décision symbolise l’activisme des salariés de la Silicon Valley contre leurs firmes, dont le poids dans la vie quotidienne a considérablement augmenté avec les restrictions dues à la pandémie de coronavirus. Le syndicat, qui sera un des tout premiers au sein d’un fleuron de la tech, ne s’occupera pas que des questions salariales et conditions de travail mais aussi du rôle plus large de la technologie en société.
Hey everyone, here's what I spent my quarantine on: https://t.co/sLosxgaAj0
— Chewy Shaw (@Chewy_Shaw) January 4, 2021
« Ne pas être l’artisan du Mal »
« Nous espérons créer un processus démocratique pour les salariés afin qu’ils puissent y exercer leur pouvoir, promouvoir la justice sociale, économique et environnementale ; et mettre fin aux disparités injustes » entre les intérimaires et les salariés à temps plein, expliquent deux des fondateurs Parul Koul et Chewy Shaw. Dans une tribune publiée dans le New York Times, ils assurent que les questions éthiques, et notamment l’intelligence artificielle, seront à leur agenda. « La devise de l’entreprise était “Ne pas être l’artisan du Mal” », écrivent-ils. « Nous voulons suivre cette devise. »
La Silicon Valley était jusqu’à présent parvenue à éviter la création de syndicats en offrant de généreuses rémunérations, mais est confrontée depuis peu à un activisme des salariés revigorés par l’éclosion des mouvements réclamant plus de justice sociale et raciale. Comme chez Google, chez Amazon par exemple, des salariés essaient d’attirer l’attention sur les conditions de travail et la sécurité des employés des entrepôts.
L’initiative pourrait ne pas voir le jour
En plus de Google, les salariés d’Alphabet, qui chapeaute plusieurs entités dont YouTube et emploie plus de 130 000 personnes à travers le monde, peuvent rejoindre le syndicat. Environ 226 salariés ont déjà fait part de leur intention de le faire, selon les fondateurs, mais le chemin est encore long pour devenir un partenaire social ayant le droit de négocier des accords salariaux. Le nouveau syndicat doit en effet obtenir l’organisation d’un vote par les autorités. Pour y parvenir, il faut déjà que 30 % des salariés éligibles indiquent qu’ils sont intéressés par une telle initiative, ce qui est loin d’être garanti.
Outre le coût de cette procédure, les entreprises ont en effet souvent recours à de grands cabinets d’avocats pour torpiller de telles tentatives. « Cela met beaucoup de pression sur les fondateurs, qui courent le risque d’être licenciés ou d’être l’objet de harcèlement », prévient Art Wheaton, professeur des questions sociales à l’université Cornell cité par l’AFP, ajoutant néanmoins que cette première chez Google va être observée de près car elle pourrait faire tâche d’huile en cas de succès. Morale de cette histoire : les nouvelles formes de travail n’évitent pas les anciennes formes de mobilisation sociale…
Sources : New York Times & Bloomberg
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