Wanadoo a enregistré, au premier trimestre 2001, un net recul de son activité par rapport aux trois mois précédents en raison d’une dégradation de l’ensemble de ses segments à l’exception de l’accès à Internet.La filiale Internet de France Télécom n’a pas fourni de prévisions pour l’exercice et s’est bornée à confirmer ses objectifs à l’horizon 2003, celui notamment d’atteindre les 10 millions de clients actifs contre 4,94 millions fin mars.Le titre a été sanctionné à la Bourse de Paris. Vers 12 h 30, il perdait 3,61 % et ne valait plus que 6,67 euros. Introduit à 19 euros en juillet 2000, il avait touché son seuil le plus bas, le 21 mars, avec une valeur de 4,68 euros. Les analystes financiers interrogés ont fait état de leur déception. Ils imputent ces mauvais résultats à la baisse des revenus de la publicité en ligne, qui pourrait perdurer, et à la diminution des recettes liées à l’accès, malgré l’intégration du fournisseur britannique Freeserve, acquis l’an dernier.” C’est une grosse déception, surtout en ce qui concerne l’accès qui fait le gros du chiffre d’affaires “, souligne Manuel Lachaux, qui suit le secteur pour ETC.Wanadoo a réalisé un chiffre d’affaires trimestriel de 314,1 millions d’euros, contre 350,9 millions sur les trois derniers mois de l’exercice passé, soit un recul de 10,5 %.La branche ” Annuaires et services aux professionnels ” totalise des revenus de 181,5 millions d’euros, contre 210,4 millions sur les trois derniers mois de l’exercice 2000. Le groupe évoque ” une forte saisonnalité “ dans l’activité d’annuaires, qui progresse plus vite au second semestre.La branche ” Accès, portails, e-Merchant ” affiche des revenus de 132,5 millions d’euros, contre 140,8 millions. L’accès ne progresse que faiblement à 110,2 millions, contre 96,9 millions. Hors Freeserve, la croissance est de 7,5 %, contre 14 %. Le nombre de clients à l’offre ADSL d’Internet rapide (96 076 fin mars 2001 contre 54 874 fin décembre 2000) augmente fortement.
Le chiffre d’affaires ” portails ” divisé par deux
Le chiffre d’affaires du segment ” portails ” est plus que divisé. Il passe à 15,7 millions d’euros contre 36,5 millions. Wanadoo explique qu’il avait consolidé une année pleine de chiffre d’affaires, soit 19 millions, de la société FIT Production, acquise l’an dernier, sur le dernier trimestre 2000. Hormis cet élément, le fournisseur de services Internet subit un ralentissement du marché de la publicité en ligne.Wanadoo ne donne pas de chiffres mais, selon certains experts, ses revenus publicitaires seraient tombés à 23 millions d’euros, voire autour de 20 millions, contre 25 millions au quatrième trimestre 2000. Les spécialistes du secteur s’interrogent sur la durée de ce phénomène et son impact sur les résultats du groupe. “Wanadoo subit un ralentissement de la publicité qui risque de durer, ce qui accroîtrait l’incertitude”, souligne un analyste d’un courtier parisien sous couvert d’anonymat.Une autre analyste d’un grand intermédiaire estime que le marché publicitaire devrait se redresser. “Le deuxième trimestre semble bien commencer. Il devrait y avoir un creux au troisième puis un rebond très fort au quatrième”, explique-t-il.
Acquisitions : la prudence de Wanadoo est mal comprise
Les spécialistes du secteur s’interrogent par ailleurs sur la très prudente politique d’acquisition de Wanadoo alors que les restructurations s’accélèrent. Ils estiment que le groupe français a une carte à jouer dans le secteur des annuaires, sa présence se limitant actuellement à la France et à l’Espagne.” La tendance est plutôt au mouvement sur les annuaires. Il y a deux grands consolidateurs : Seat Pagine Gialle et Wanadoo. Mais Wanadoo ne veut pas de grande opération pouvant provoquer une forte dilution “, dit une analyste. Elle rappelle que Wanadoo, qui dispose encore d’une trésorerie de près de 2 milliards d’euros, n’est pas intéressé par la filiale Pages jaunes de BT, Yell, qui pourrait être cédée pour environ 3 milliards de livres sterling, soit quelque 4,8 milliards d’euros.Seat Pagine Gialle a annoncé cette semaine le rachat de l’éditeur suédois Eniro pour 3 milliards d’euros.Certains analystes ont tiré argument de cette opération pour juger Wanadoo sous-valorisé, sa capitalisation boursière atteignant 9,97 milliards d’euros sur la base du cours de clôture de mardi (6,92 euros). L’un d’eux explique ainsi que le groupe français doit bénéficier d’une revalorisation car il paraît le mieux armé des acteurs européens face à des concurrents comme T-Online, empêtré dans des problèmes de management, ou Terra Lycos, fragilisé du fait de son exposition sur un marché américain difficile.Fabrice Revol, de CDC, reconnaît qu’en reprenant les ratios de la transaction Seat/Eniro, la partie annuaires de Wanadoo devrait valoir environ 6 milliards d’euros contre 2,3 milliards sur la base des cash-flows actualisés (DCF). ” Mais il s’agit d’une sous-valorisation théorique. On ne peut pas appliquer des ratios de transaction aux acteurs de la consolidation. Il ny a pas de scénario de vente “, dit-il.
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