Vastes artères optiques irriguant les agglomérations, les réseaux métropolitains s’attaquent à plusieurs problématiques : services aux entreprises avec accès à hauts débits, services aux opérateurs tiers, raccordement des réseaux téléphoniques des opérateurs aux centraux de France Télécom, et, plus récemment, collecte du trafic lié au dégroupage. Ce cumul finit par convaincre certains opérateurs de franchir le pas.
Vers l’émergence d’une offre multipoint de VPN sur Ethernet
Le premier objectif des MAN (Metropolitan area networks) est de délivrer des services voix et données aux entreprises. Cela inclut le raccordement direct des PBX, l’accès Internet, le lien à un backbone Frame Relay, ATM ou IP, ou encore, de la bande passante brute.Plus récemment, les MAN ont suscité l’émergence de services, comme l’interconnexion transparente des réseaux locaux de sites distants. Les débits vont de 10 Mbit/s à 1 Gbit/s, voire 10 Gbit/s. La liaison s’effectue encore souvent en point à point, mais des offres multipoints de VPN sur Ethernet arrivent, notamment chez LDCOM et Completel. “Moyennant l’installation de commutateurs au c?”ur du réseau, nous sommes en mesure de réaliser du multipoint”, précise Aric Assaraf, vice-président ingénierie de Completel.D’autres services, tels les liaisons Fibre Channel propres au stockage informatique ou le transport de canaux Escon ou Ficon, sont sur le point de s’appuyer sur les MAN. LDCOM et Completel le proposent déjà dans le cadre de développements sur mesure.Les MAN n’auront pas toujours l’apanage des services qu’ils délivrent. Ainsi, LDCOM et WorldCom proposent des VPN sur Ethernet sur leurs réseaux WAN, après l’avoir fait sur leurs MAN. L’infrastructure métropolitaine devient l’un des maillons qui permettra de délivrer des services de façon homogène, quelle que soit l’échelle géographique.
Les interfaces Ethernet éclairent directement la fibre
Mais, les distances, forcément plus courtes, parcourues par les fibres des MAN réduisent l’empilement des couches technologiques, et, par conséquent, abaissent les coûts et améliorent les performances. En effet, les interfaces Ethernet généralement mises en ?”uvre éclairent directement la fibre optique, sans passer par les couches SDH ou ATM, points de passage obligés sur les WAN. Le surcroît de performances n’est toutefois pas décisif. D’ailleurs, sur le WAN comme sur le MAN, il existe une énorme réserve de débits. Le multiplexage de longueurs d’onde (DWDM) offre une impressionnante marge de progression sur le WAN, qui n’est encore que très rarement entamée sur le MAN. En attendant que les clients affluent, nombre d’opérateurs de réseaux métropolitains réservent le DWDM à leurs propres besoins ou à ceux de quelques très gros clients.Du point de vue des entreprises, l’avantage dont les réseaux métropolitains ont l’exclusivité réside plutôt dans l’accès hauts débits ?” qui peut atteindre 155 Mbit/s, voire beaucoup plus ?” grâce à un raccordement direct.Mais, cela n’est possible que dans certaines conditions, aussi bien géographiques qu’économiques. En principe, la distance maximale au-delà de laquelle on ne comptera plus sur l’opérateur pour creuser des tranchées se situe entre 150 et 300 m. Elle est déterminée par le coût des travaux, qui est d’environ 1 000 F par mètre.“En pratique, nous creusons jusqu’à 1 km, même davantage, si le site génère un trafic susceptible de rentabiliser l’effort”, souligne Philippe Charaix, directeur général adjoint de Colt Telecom. L’investissement peut également se justifier par un client à fort potentiel, dont une minorité de sites est relativement éloignée du MAN.Autre paramètre : le coût du lien direct augmente lorsque deux raccordements parallèles sont nécessaires pour renforcer la sécurité. Le recours aux faisceaux hertziens ou aux faisceaux laser permet alors de moins dépendre de la distance ou d’offrir un secours à moindre coût. Autre piste : les réseaux optiques passifs (ou PON) promettent une réduction des frais du dernier kilomètre, mais ne dispensent pas de creuser.Ce gain modeste et la nécessité de “reconcevoir” une partie du MAN ont, pour l’instant, rebuté les opérateurs français. Si l’entreprise ne peut être raccordée directement, elle n’aura d’autre choix que de passer par des boucles locales xDSL, BLR ou LS. Dès lors, le MAN disparaît de son champ de vision direct, et devient une problématique d’opérateurs. Pour ces derniers, il s’agit de concentrer le trafic téléphonique et de l’acheminer vers les commutateurs de France Télécom. Il faut aussi, désormais, collecter le trafic généré par le DSL et le dégroupage.
Pas de risque d’engorgement des MAN existants
À cela s’ajoute la revente de bande passante ou de déports de points de présence à des opérateurs tiers. L’accumulation de ces problématiques pousse la quasi-totalité des grands opérateurs à déployer des MAN. C’est le cas, notamment, de Siris, resté longtemps timide. “Jusqu’à présent, les 5 000 km de fibres que nous avions tirés en France concernaient essentiellement les longues distances. Aujourd’hui, la nécessité d’interconnecter les répartiteurs de dégroupage apporte une justification économique au déploiement de MAN”, explique Bernard Seux, directeur marketing de Siris.Mais, ce genre de chantier ne risque-t-il pas d’engorger les MAN existants des opérateurs candidats au dégroupage ? “Nous avons dimensionné les nôtres en conséquence car cela fait déjà un certain temps que la mutualisation de la boucle locale sur cuivre est à l’ordre du jour”, répond Philippe Pélisson-Corlieu, directeur général de 9 Télécom.
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