Mois après mois, le Wi-Fi gagne du terrain dans les bureaux, les entrepôts et les établissements de tous ordres. Selon une récente enquête de l’institut Forrester Research, réalisée auprès de 818 entreprises américaines,
20 % d’entre elles sont en train de déployer ou ont déjà déployé un réseau local partiellement ou totalement sans fil ; 15 % affirme même déjà faire de la téléphonie sur leur LAN Wi-Fi, ou envisage d’en faire. Si les
chiffres américains sont difficilement transposables à la vieille Europe, le sans-fil est, à l’évidence, dans l’air du temps et correspond aux préoccupations actuelles de réduction des coûts. L’idée d’utiliser la
couverture Wi-Fi pour la téléphonie est séduisante à plus d’un titre. Cette technologie de réseau, souple et d’installation rapide, permet la création de postes de travail informatiques sans qu’il soit nécessaire de tirer des
câbles. Si, en plus, le téléphone suit le même chemin, cela allège la tâche du responsable informatique et télécoms, appelé à gérer des plateaux de bureaux configurables à la demande.
Une interopérabilité peu évidente
La téléphonie sur Wi-Fi n’est possible, pour l’heure, que sur les équipements à la norme 802.11b. Dans le schéma de principe, les appels en voix sur IP transitent par les bornes radio utilisées pour les transmissions de
données, puis sur un réseau filaire Ethernet connecté, via un commutateur, puis vers une passerelle de communication IP, elle-même raccordée au commutateur téléphonique de l’entreprise. Ce dernier peut être de technologie traditionnelle
(commutation en multiplexage par répartition dans le temps, dite TDM) ou répondre aux spécifications du protocole internet (PABX-IP). La normalisation de la voix sur IP sur Wi-Fi étant encore en élaboration, l’interopérabilité des équipements
n’est pas évidente. Le choix des terminaux est donc très lié à la passerelle IP fournie par l’équipementier sélectionné, car la technologie est loin d’être figée, et les ‘ recettes ‘ propriétaires sont relativement
incontournables pour assurer un bon fonctionnement. Ainsi, il sera difficile d’utiliser des combinés d’une autre marque sur une installation Wi-Fi de Cisco Systems, qui met en ?”uvre un protocole spécifique pour le transport de
la voix et la signalisation.Autre problème : la gestion de la priorité des paquets voix sur ceux qui contiennent de simples données, gage d’une bonne communication. Nous l’avons dit, chaque constructeur propose sa propre passerelle de
communication, mais il faut savoir que le nombre d’appels simultanés supportés par une même borne demeure limité (entre 5 et 10) et dépend du type de codage et du débit utilisé. Actuellement, les industriels travaillent à la définition
d’une norme 802.11e, qui gérera mieux la qualité de service sur les réseaux Wi-Fi, et devrait rendre un peu plus interopérables les équipements des différents fournisseurs.À défaut de norme, l’agressivité commerciale permet à certains acteurs de gagner directement ou indirectement des parts de marché. SpectraLink a ainsi engagé une politique de licence, qui a largement contribué à ce que son
dispositif SVP (SpectraLink voice priority) soit reconnu par plusieurs fabricants de bornes Wi-Fi, comme Proxim ou Symbol Technologies. On notera aussi que SpectraLink a conclu des accords avec de nombreux intégrateurs spécialisés et des industriels
de la téléphonie. C’est ainsi qu’Alcatel annonce l’intégration, dans son offre OmniPCX, de nouveaux points d’accès OmniAccess 1200 et de commutateurs OmniAccess 400, aux côtés des terminaux VoIP Wi-Fi dénommés mobiles IP
Touch 300 et 600, d’origine SpectraLink. Nortel Networks incorpore ces mêmes appareils dans sa gamme WLan 2200 sous les dénominations 2210 et 2211. Enfin, Avaya a des produits similaires, sous les références 3616 et 3626. Pionnier de la VoIP
en téléphonie filaire, Cisco occupe naturellement une place de premier plan sur ce marché naissant, mais ne propose qu’un unique terminal, l’IP Phone 7920, qui remplace un produit OEM SpectraLink. Symbol, le fabricant de PC de poing et
de lecteurs de codes-barres, est venu à la téléphonie par l’intermédiaire de ses terminaux de saisie de données, dont certains modèles incorporent depuis peu la fonction voix sur IP sur Wi-Fi. Son NetVision est en revanche un appareil
uniquement dédié à la téléphonie, qui s’interface, directement ou via une passerelle dédiée, avec plusieurs PABX du marché (Ericsson, Mitel Networks, Nortel et Cisco).
Des acteurs difficiles à départager
Acteur inconnu en Europe, l’américain Vocera Communications a développé un système associant un logiciel serveur et des terminaux, appelés badges, uniquement commandé à la voix. Tournant sous Windows 2000, le serveur gère les
usagers, les appels, l’établissement des connexions, et le logiciel de reconnaissance vocale fourni par la société Nuance. À noter que le 802.11b semble mieux répondre aux contraintes radioélectroniques propres aux milieux hospitaliers que
les autres systèmes de téléphonie utilisant des liens radio. Disons, enfin, qu’il est difficile de départager les acteurs du marché de la voix sur IP sur Wi-Fi, car celui-ci est encore trop verrouillé par des offres propriétaires.
🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.