Retour au sommaire du dossierRégulateur de vitesse défectueux, airbag trop sensible, démarreur capricieux, direction assistée inopérante… La liste des pannes imputées à l’électronique embarquée dans les automobiles n’a cessé de s’allonger ces
dernières années, au grand dam des conducteurs, des garagistes et des constructeurs eux-mêmes, souvent bien incapables de trouver l’origine des dysfonctionnements.Il faut reconnaître que durant la dernière décennie la voiture s’est transformée en un véritable ordinateur sur roue. La 607 lancée par PSA Peugeot Citroën en 1999 contenait déjà autant d’électronique que l’A310
commercialisé par Airbus en 1983 ! Aujourd’hui, 20 % du coût de revient d’une voiture provient de son électronique embarquée.Le câblage associé est comparable au réseau informatique d’une PME. ‘ Un véhicule moyen de gamme contient entre 50 et 100 kg de fils dédiés à l’interconnexion des composants électroniques et à
leur alimentation, soit 5 à 10 % du poids du véhicule ‘, explique Frédéric Onado, directeur marketing de Spidcom, une société française spécialisée dans les courants porteurs, qui travaille avec l’équipementier
Valeo à l’intégration de réseaux de données haut débit dans les voitures.
Des garagistes mal préparés à ces pannes
Pas étonnant dès lors que le nombre de pannes liées à l’électronique ait explosé. ‘ Les constructeurs manquaient de savoir-faire et ont dû recruter de plus en plus d’électroniciens issus notamment de
l’aéronautique ‘, explique David Weill, analyste chez AT Kearney et spécialiste de l’industrie automobile.La plupart des garagistes formés à la mécanique ont eux aussi été pris de court. A tel point que, dans un rapport publié cet été, le Conseil économique et social s’inquiète de la disponibilité, dans les années à venir, dans les
villes françaises de moins de 5 000 habitants, de services de proximité en mesure d’assurer la maintenance des automobiles !Malgré les problèmes rencontrés, l’industrie automobile n’entend pas faire marche arrière, bien au contraire. En mai dernier, Renault a été le premier constructeur dans le monde à inaugurer un centre de 1 800 m²
dédié aux tests de compatibilité électromagnétique des véhicules, semblable à ceux utilisés par les industriels de l’informatique et de l’électronique grand public, pour tester la résistance de leurs produits aux interférences.‘ Les constructeurs investissent, car l’électronique embarquée soutient les principales tendances à long terme de l’automobile, à savoir la sécurité, l’environnement et le
multimédia ‘, explique David Weill. A l’heure actuelle, 80 % des nouvelles fonctions présentées dans les voitures reposent ainsi sur l’utilisation de l’électronique, de l’informatique ou
des télécoms. La présence de capteurs et d’actionneurs qui préviennent les chocs en pré-tendant les ceintures ou en déclenchant des airbags renforce la sécurité.Moins polluantes, les voitures hybrides sont bardées de composants qui optimisent l’alternance entre consommation électrique et essence. Enfin, le développement d’applications multimédias est en plein essor, que ce soit
pour aider la navigation du conducteur (GPS, info trafic, etc) ou pour améliorer le confort des passagers (musique numérique, vidéo, etc.). ‘ En 2010, l’électronique embarquée devrait représenter 35 % du coût de
revient d’une automobile ‘, estime David Weill.
Linnovation comme élément marketing
Toutes les nouvelles fonctions, aujourd’hui optionnelles ou réservées aux modèles haut de gamme, seront en effet bientôt intégrées en série sur le véhicule de Monsieur Tout-le-monde car, comme dans l’informatique grand
public, les prix chutent très rapidement. ‘ La concurrence est telle que les marges des constructeurs n’ont même pas profité du boom de l’électronique, surtout si on prend en compte les taux de retour importants
liés à une industrialisation trop rapide ces dernières années ‘, explique David Weill.En revanche, le marketing des constructeurs s’appuie sur les innovations liées à l’électronique embarquée. Cette dernière leur permet également de mieux fidéliser leurs clients pour la maintenance de leur véhicule. Les
garagistes indépendants ne sont plus capables de réparer et les conducteurs doivent faire appel à des concessionnaires agréés. Un mécanisme que les éditeurs de logiciels propriétaires connaissent depuis bien longtemps.
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