En direct de New York, au coeur d’un événement marqué par l’art dès son annonce et au cours duquel de nouveaux iPad Pro et Apple Pencil devraient être annoncés, Tim Cook pourrait régalement introduire d’autres produits, parmi lesquels deux Mac. Un nouveau Mac mini plus professionnel et surtout un portable très attendu. Ce nouveau MacBook, qui pourrait toujours s’appeler Air, mais que nous appellerons MacBook R, en écho à l’iPhone XR, a une une mission complexe… ou plutôt une ensemble de missions.
Assurer la base et un équilibre
La première tient à une vision, celle d’Apple pour le marché des PC et tablettes. Ce nouveau venu devra rééquilibrer la gamme des portables d’Apple, presque exclusivement tournée vers les professionnels et le haut de gamme. Les MacBook 12 pouces, élitistes et trop orientés vers l’ultraportabilité, n’ont pas remplacé les MacBook Air, malgré un facteur de forme approchant et la disparition des modèles Air de 11 pouces. Une question de prix, d’une part, et de puissance disponible, d’autre part. Les deux premières générations n’avaient juste pas assez de souffle. Et même la troisième itération de MacBook manque encore d’un rien – un écran plus grand, par exemple – qui ferait oublier le premier ultra-portable d’Apple. Ce nouveau MacBook doit donc compléter la gamme, lui donner une cohérence nouvelle. Justifier en quelque sorte le positionnement des MacBook Pro en le complétant par le bas…
Repartir en conquête
Une tarification plus abordable donnerait à ce MacBook R les armes pour relancer les ventes de Mac. Depuis trois trimestres, les ventes de Mac s’essoufflent et ont même atteint le plus bas point depuis 2010 pour un troisième trimestre fiscal… mais les choses pourraient changer.
Après s’être concentrée ces derniers temps sur les utilisateurs Pro, trop longtemps négligés eux aussi, la société de Cupertino doit absolument penser au grand public. Imaginons à grands traits la fiche technique basique d’une machine à moins de 1000 euros, voire moins de 900 euros (pour les premiers modèles). Il faudrait pour cette porte d’entrée dans le monde Mac et macOS un design racé mais pas trop fin, équipé d’au moins deux ports USB-C et un USB-A 3.1, de 8 Go de RAM (16 Go seraient préférables mais cela paraît difficilement imaginable) et de la dernière génération de Core basse consommation. Bien sûr, on n’oublie pas un écran bord à bord et Retina. Performante et capable de satisfaire la plupart des usages, comme le MacBook Air en son temps, ce MacBook R 2018 serait un moyen de recruter des utilisateurs, un moyen de générer de nouveaux adeptes pour son ensemble de services, dont l’importance croît de trimestre en trimestre. En ce sens, ce nouveau MacBook R serait le pendant de l’iPhone XR. Un modèle plus accessible, mais pas au rabais, un produit d’appel séduisant dans la gamme.
Ne pas tout confier à l’iPad
Depuis plusieurs années maintenant, Apple pousse les iPad Pro en avant comme l’ordinateur pour tous, selon le principe qu’il vaut mieux se cannibaliser soi-même que de laisser cette tâche aux autres. Néanmoins, iOS étant ce qu’il est, les iPad ne peuvent encore prétendre à être en toutes circonstances des solutions « Post PC » capables de remplacer les MacBook. Autrement dit, l’iPad ne vampirise pas forcément les Mac car il n’a pas les dents pour ça… Tout n’y est pas encore, en terme d’ergonomie notamment. En plus de retracer les contours d’une entrée de gamme, ce MacBook doit donc être le pont discret, le trait d’union entre ces deux mondes. Il doit être la fusion du meilleur de ces univers en termes d’usages, bien sûr, et donc de technologies. Ce qui nous mène à sa quatrième mission, sans doute la plus ambitieuse.
Redéfinir le MacBook… et le marché ?
Elle répond à une nécessité autant qu’à l’envie de voir Apple nous surprendre et évoluer sur des positions sur lesquelles il est bien campé. En d’autres termes, on aimerait qu’avec ce MacBook R, Apple nous refasse le coup de l’innovation surprise, du MacBook Air, une machine qui redéfinit un marché ou en tout cas construit une offre qu’on ne peut pas refuser. Une offre qui détourne du PC et des appareils concurrents de plus en plus séduisants. Ce MacBook R aurait le potentiel de reprendre le sceptre de l’innovation à un marché du PC qui, à défaut de faire rêver, semble être en quête de nouvelles voies qui collent à des usages qui évoluent.
Ce Mac devrait être une zone d’expérimentation, une zone dans laquelle Apple abandonne certains de ses mantra habituels, appliqués aux MacBook classiques. En attendant d’y voir des puces Apple détrôner leurs cousines Intel, on pense entre autres au tactile pour l’écran. Une technologie qui fluidifie les usages – bien plus que la Touch Bar, réservée aux MacBook Pro. Avec l’arrivée dès l’année prochaine d’applications iOS adaptées à macOS, pourquoi se priver de cette interface que le géant américain a si bien déposé dans les mains du plus grand nombre depuis 2007 avec ses iPhone puis ses iPad ?
Pour excuser son retard, Apple aura simplement à produire un discours marketing convaincant, dont il a le secret, qui met l’utilisateur au coeur de tout. Car c’est bien là l’enjeu. S’il faut savoir révolutionner un marché (ou, plus dur, sa vision d’un marché) et offrir aux utilisateurs ce qu’ils ne savent pas vouloir, il faut également se mettre à leur place, parfois, et leur donner le meilleur des usages disponibles. En un mot leur fournir une expérience vraiment premium et également abordable, parce qu’on est l’un des seuls à le pouvoir. L’iPhone XR prouve qu’Apple peut et veut le faire dans le monde des smartphones… Pourquoi pas pour nos Mac ?
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