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Les promesses des bibliothèques électroniques

Tandis que le livre numérique tarde à décoller, plusieurs start-up américaines explorent le marché des bibliothèques numériques. Dans la perspective, non pas que les internautes téléchargent les ouvrages sur un e-book, mais qu’ils puissent effectuer des recherches en ligne.

La demi-douzaine de bibliothèques en ligne actuellement en cours de constitution ne vise pas le grand public, mais principalement les 15 millions d’étudiants américains qui veulent préparer leurs examens ou consulter des textes en vue de la rédaction d’un mémoire. Les chercheurs universitaires sont “très intéressants pour nous, du fait des recherches et des photocopies qu’ils effectuent “, explique Christopher Warnock, directeur général de la société ebrary (contraction de e-library, bibliothèque électronique).La gamme des acteurs présents sur ce nouveau marché s’avère large, allant des traditionnels éditeurs éducatifs comme l’Encyclopedia Britannica jusqu’à quelques jeunes pousses qui persuadent peu à peu ces mêmes éditeurs de surmonter leur crainte du piratage et de la ” cannibalisation ” des revenus tirés des livres imprimés. “L’édition numérique dans le secteur éducatif deviendra une composante majeure dans cinq ans “, prédit Yegin Chen, un analyste de la société d’études Eduventures.com.Eduventures chiffre le marché actuel à 250 millions de dollars par an, et prévoit un triplement de ce chiffre en 2004. Cet optimisme contraste avec la situation actuelle des livres numériques, davantage médiatisés mais en réalité moins prometteurs.Les ventes d’e-books devraient culminer à seulement 70 millions de dollars en 2001, selon la société d’études de marché Jupiter Media Metrix, une goutte d’eau dans l’océan de l’édition.

Une alternative au livre numérique ?

Le livre numérique pèche en effet à la fois par son prix élevé et son manque de confort de lecture. Lire un ouvrage numérisé suppose de posséder non seulement un ordinateur connecté à Internet pour le télécharger, mais aussi de payer un équipement supplémentaire pour le lire, un e-book, sorte de micro-ordinateur à écran plat intégré, souvent peu pratique et toujours très coûteux.Les ventes de supports de lecture pour livres numériques n’ont pas vraiment décollé et Jupiter Media Metrix prévoit qu’il s’en vendra seulement 1,9 million d’unités d’ici à 2004.Le pari des bibliothèques électroniques consiste à éviter les problèmes liés aux livres numériques. La société ebrary propose ainsi à ses clients de lire gratuitement à l’écran n’importe quelle page de ses ouvrages, au nombre de plusieurs “dizaines de milliers” selon elle, mais elle fait tout de même payer leur utilisation : 15 cents pour l’impresssion et 25 cents pour un ” copier-coller ” dans un traitement de texte. Les recettes étant partagées entre la société et l’éditeur du texte.Le service offre quelques fonctions utiles aux étudiants, comme la création automatique d’une note de bas de page bibliographique à chaque fois qu’un texte est inséré dans un fichier du logiciel Word, de Microsoft.Ebrary assure pouvoir éviter le piratage et le ” photocopillage ” grâce à des procédés de cryptage destinés à proscrire l’impression ou le téléchargement de textes, à moins d’avoir préalablement payé. Ces assurances semblent avoir convaincu certains grands de l’édition éducative américaine, tels Random House, Pearson et McGraw-Hill, qui ont investi dans ebrary, malgré une entrée en service continuellement reportée, et maintenant prévue pour le milieu de l’année 2001.Un de ses concurrents, Questia.com, propose aux étudiants une collection de 50 000 ouvrages, consultables et téléchargeables de manière illimitée pour un abonnement de 20 dollars par mois.Autre modèle économique, celui de NetLibrary, qui vend ses livres numérisés non pas aux lecteurs, mais aux bibliothèques universitaires elles-mêmes.

Premiers effets de la concurrence

Preuve des promesses recélées par ce marché et raison de la multiplication de sociétés se le disputant, les start-up de bibliothèques électroniques n’ont eu aucun mal à trouver des investisseurs, en dépit d’un certain manque de publicité. Le marché devrait toutefois se tendre en 2001 et début 2002, selon l’analyste Yegin Chen, d’Eduventures.com.La concurrence a déjà produit ses effets sur le pionnier Encyclopedia Britannica, qui a mis en ligne l’intégralité de ses bases de données depuis 1994 et a réalisé depuis un chiffre d’affaires variant entre 20 et 25 millions de dollars par an, avec des abonnements vendus aux établissements scolaires, selon Eduventures.com. La vénérable société a dû baisser à plusieurs reprises ses tarifs d’abonnement et procéder par deux fois à des licenciements au cours de ces six derniers mois.

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La rédaction (avec Reuters)