Lors d’une visite en France il y a quelques mois, Doug Massingill, alors PDG de J. D. Edwards, déclarait, brandissant son téléphone mobile : “Voici le terminal de demain“. Il n’était alors pas le seul à avoir cette vision que, depuis, la majorité des éditeurs se sont employés à concrétiser. Oracle, SAP, Intentia ou Siebel font désormais la promotion de leurs solutions, répondant ainsi à la curiosité, mêlée de perplexité, des entreprises. “La plupart de nos clients nous interrogent à ce sujet, affirme Thierry Pierre, responsable avant-vente technique chez PeopleSoft. Mais ils sourient dès qu’on évoque le WAP et, finalement, il y a extrêmement peu de demandes concrètes. “
Un accès distant et permanent au progiciel
Pourtant, le téléphone mobile peut s’avérer un terminal intéressant pour les progiciels, pour peu que l’on tienne compte de ses spécificités. “Il ne s’agit pas de porter les applications sur les téléphones, mais d’imaginer quel peut être l’intérêt d’un accès distant, disponible en permanence“, précise Rémy Poulachon, responsable de la division Intranet Mobile chez Cross Technologies. Les téléphones sont limités en affichage physique – généralement quatre lignes d’une vingtaine de caractères -, en affichage logique – un deck, soit un ensemble de pages hyperliées, comporte 1 492 octets au plus -, en débit – 9 600 bit/s pour le GSM – et en ergonomie de saisie. En outre, les caractéristiques évoluent d’un téléphone à l’autre et selon les différentes générations d’appareils et de normes. Malgré ce cadre très restrictif, on peut cependant envisager de nombreuses applications qui réclament peu ou pas de saisie et des transferts de données limités. Il s’agira de consultations à partir de requêtes simples – données clients, états de stocks -, de systèmes d’alerte, de télécommande ou de validation – check-list, workflow. On peut envisager des applications dans les domaines de la gestion de la relation client, de la chaîne logistique ou des ressources humaines.Les éditeurs ont pris en compte ces contraintes techniques et les limitations fonctionnelles qu’elles induisent pour ne proposer que peu d’applications packagées, et offrir plutôt la possibilité générale d’accéder au progiciel depuis les différents appareils mobiles. Là, deux approches sont possibles, selon que l’on distingue ou non les terminaux. SAP a ainsi choisi une stratégie indifférenciée : l’adaptation au terminal ne se fait qu’au niveau de l’affichage, grâce à une feuille de style appropriée, alors que les données des applications sont invariablement disponibles en XML. “Aujourd’hui, les applications mobiles ont une durée de vie courte et personne ne peut prédire ce que seront les terminaux de demain. Avoir une approche globale permet d’être sûr qu’il ne faudra pas tout redévelopper à chaque évolution“, explique Renauld de l’Hermite, responsable mobile business chez SAP. Inconvénient de cette approche : elle ne permet pas de tirer parti au maximum des possibilités de chaque terminal. Mais tant que quelques standards en termes de mobilité n’auront pas émergé, il sera vain de chercher à s’adapter à toutes les plates-formes et risqué de parier sur l’une d’entre elles. Ce qui laissera une large part aux développements spécifiques.
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