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Les progiciels se financent sur l’activité des entreprises

ASG propose une tarification basée sur le chiffre daffaires. SAP réfléchirait, lui, à une facturation aux processus.

Il y a des éditeurs qui n’ont pas froid dans le dos. Car il est toujours osé de proposer un nouveau mode de facturation logicielle, tant les réactions des utilisateurs au changement peuvent être vives. C’est pourtant le
pari osé d’ASG, qui complète son offre de licences par un modèle de facturation basé sur le chiffre d’affaires de l’entreprise cliente.Dans ce système, complémentaire de celui des autres modèles proposés par ASG (facturation à la puissance machine, etc.), la facture logicielle évolue selon l’activité de l’entreprise cliente, mais dans une proportion
moindre. A défaut de nous fournir les grilles tarifaires d’ensemble, ASG nous a donné quelques exemples.Pour une augmentation du chiffre d’affaires de 20 %, le prix des licences croît de 7 %. Ainsi une hausse de l’activité du client de 40 % entraîne l’accroissement de l’addition logicielle de
15 %. On peut s’interroger sur la motivation de ce modèle économique. ‘ Des utilisateurs emploient aujourd’hui nos produits sur un périmètre plus important, sans pour autant que leur chiffre
d’affaires augmente dans les mêmes proportions ‘
, argumente Gilbert Amar, directeur des ventes Europe.

Des métriques par industrie

Sur le terrain, ce modèle est largement rejeté. La raison réside dans l’absence de lien entre le chiffre d’affaires réalisé par une entreprise et les logiciels qu’elle emploie. ‘ La valeur
d’usage n’est pas du tout liée à un chiffre d’affaires. Elle porte sur la rentabilité d’un capital investi ‘
, estime Jacques-Benoît Le Bris, directeur e-business chez Rhodia.Le modèle d’ASG n’est d’ailleurs pas nouveau. Et il semble qu’il n’ait pas été couronné de succès. ‘ Peoplesoft pratiquait un licensing basé sur le chiffre
d’affaires. Cela a entraîné un cycle de vente ?” compris entre quatre et cinq mois ?” plus long que celui de ses concurrents ‘,
estime Alexa Bona, vice-présidente de la recherche chez Gartner. Chez
SAP, ce modèle a aussi été testé, mais sans succès. ‘ Peut-on imaginer qu’un chauffeur de taxi reverse à Renault une partie de ses recettes ? ‘ compare Pascal Brosset, vice-président de la
stratégie marché de SAP.

Une flambée des prix ?

Gartner indique que SAP, à l’instar d’autres éditeurs de progiciels applicatifs, mettrait en place des métriques spécifiques par industrie. Il tiendrait compte du nombre de machines ou d’usines dans la facturation
du logiciel de gestion de la chaîne logistique. Pour SAP, la nouveauté ne réside pas dans l’introduction d’un tel modèle, déjà en vigueur, mais dans la réduction du nombre de métriques prises en compte. Selon nos sources, Oracle espère
adopter à terme une démarche orientée industrie, mais nie travailler sur un tel projet.Les utilisateurs doivent rester vigilants. Si l’apparition d’un tel modèle se confirme, la facture logicielle risque de flamber. Et ces éditeurs pourraient disposer d’un droit de regard sur les processus de leurs
clients.

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Ludovic Arbelet