S3, Gigapixel, ArtX, Intense3D, Neomagic. En l’espace de quatre mois, cinq fabricants de puces 3D ont décidé de quitter le marché du processeur graphique pour PC, en se vendant au plus offrant ou en changeant de secteur d’activité. Trop rude, ce marché fragilise l’ensemble des acteurs. Avec comme issue de secours le très lucratif marché des consoles de jeux.La tendance à la disparition, amorcée en 1999, n’a fait que s’accentuer cette année : d’une cinquantaine de fabricants en 1998, époque de l’enthousiasme maximal autour des processeurs graphiques, le nombre d’acteurs est aujourd’hui retombé à une vingtaine. Et la curée n’est pas terminée, la plupart des observateurs n’escomptant pas plus d’une dizaine de survivants dans les années à venir.
Un rythme d’innovation effréné
Une à deux fois par an apparaît en effet une nouvelle génération de puces 3D. Un fabricant qui ne serait pas capable de riposter dans les six mois, à coups d’investissements colossaux, a peu de chance de survivre. ” La quantité de transistors augmente deux fois plus vite sur un processeur graphique que sur un processeur pour PC, juge Alain Tiquet, directeur marketing Europe de nVidia. Aujourd’hui, notre puce fait le double de la taille d’un Pentium III. ” Or, le prix d’un processeur 3D reste très nettement inférieur à celui de la puce pour PC. Rares sont les acteurs aux reins suffisamment solides pour se maintenir sur le marché avec des marges aussi faibles. Pour Peter Glaskowksy, analyste du Microprocessor Report : ” nVidia et ATI sont assez forts pour espérer survivre seuls. L’avenir de la plupart des autres acteurs est nettement plus flou. “Une disparition de sociétés qui peut entraîner celle du marché des cartes graphiques. Depuis quelques mois, la tendance est au chipset intégrant le processeur graphique. En 1999, selon Mercury Research, 21 % des PC étaient dotés de chipsets intégrés, contre 6 % en 1998, avec une prévision de 82 % pour 2004. Après VIA, qui vient de racheter les processeurs de S3, nVidia et ATI commercialiseront leurs premiers chipsets intégrés dans le courant de l’année. Plus question alors d’ajouter une carte graphique dans un PC, les incompatibilités avec le processeur graphique installé initialement dans la machine rendant la man?”uvre trop périlleuse. Seul le marché de niche des PC haut de gamme pour joueurs devrait échapper à cette tendance.
La solution console de jeux
Forcée de quitter son terrain habituel, l’industrie de la 3D a en fait trouvé un nouvel eldorado, que seuls quelques élus atteindront : le marché des consoles de jeux. Pour Pierre Lainé, responsable marketing d’ATI, ” les marges sont très faibles avec les PC, moins serrées avec les portables et franchement confortables avec les consoles de jeux “. Résultat, ATI a fait l’acquisition d’ArtX, une société en train de développer les processeurs graphiques de la future Dolphin, de Nintendo.Une place sur ce marché vaut dorénavant de l’or. La bataille pour fournir à Microsoft la puce 3D de sa future console X-Box s’est ainsi révélée mortelle. En fin de parcours ne restaient plus que deux candidats : Gigapixel et nVidia. Quelques jours avant l’annonce du résultat par Microsoft, le PDG de Gigapixel se répandait en propos triomphateurs. Pour apprendre, au final, qu’il s’était fait souffler la place par nVidia. Deux semaines après, Gigapixel était vendue à 3Dfx.
Volumes faramineux, marges très confortables, quantité d’acteurs forcément limitée, le marché des consoles de jeux est le nouveau dépositaire des merveilles technologiques des fabricants de puces 3D. Au détriment des PC.
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