Phil et Bob sont désormais les meilleurs amis du monde. Mais ils auraient tout aussi bien pu devenir les pires ennemis.
En août, AMD, la société dont Phil Hester est le directeur technique, faisait l’acquisition d’ATI, entreprise au sein de laquelle Bob Drebin occupe le poste de directeur technique de
la division PC. Il s’agissait du rachat d’un spécialiste des processeurs graphiques par un spécialiste des processeurs de type x86.De passage à Paris, mardi 24 octobre, Phil Hester et Bob Drebin ont présenté la première conséquence de ce rapprochement : ‘ Fusion ‘ (1), un projet de processeur mêlant leurs deux univers
technologiques. Un projet quasi-inévitable aux yeux de ces directeurs techniques, tant les processeurs des deux sociétés commençaient à se marcher sur les pieds.01net. : Pourquoi intégrer sur une même puce un processeur central et un processeur graphique ?
Bob Drebin (ATI) : Parce que les deux ont leurs points forts et leurs points faibles. Depuis 2002, nos processeurs graphiques sont programmables, ils peuvent réaliser de multiples tâches, par exemple du calcul biomédical.
Mais ils ne sont pas omnipotents. Si vous voulez envoyer une donnée du point A au point B le plus rapidement possible, le processeur central reste le meilleur.
Phil Hester (AMD) :
A contrario, la force des processeurs graphiques, c’est le parallélisme [le fait de traiter en même temps plusieurs tâches distinctes, NDLR].
‘ Fusion ‘ combine le meilleur des deux mondes. Ajouter de plus en plus de c?”urs dans les processeurs centraux [AMD et Intel proposent aujourd’hui des puces à deux et
bientôt quatre c?”urs,
NDLR] ne résoudra pas tous les problèmes.AMD n’aurait-il pas pu développer une telle technologie seul ?
Phil Hester : Aujourd’hui, sur le marché des processeurs centraux, il reste deux acteurs majeurs. Idem pour les processeurs graphiques. Pour se lancer tout seul sur un de ces deux marchés, il faut réaliser de lourds investissements à
très long terme, avec un risque d’échec très élevé. L’acquisition d’ATI est donc logique, mais n’a pu se faire que dernièrement. Il a fallu plusieurs années de travail pour qu’AMD puisse se permettre financièrement ce genre d’opération.Est-ce que Fusion signifie la fin des cartes graphiques ATI ?
Bob Drebin : Non, nous allons garder la marque ATI pour les produits graphiques.
Phil Hester : Il restera toujours un marché pour les cartes additionnelles destinées aux PC de bureau. Aujourd’hui, toutes ces machines sont vendues avec la possibilité d’ajouter de la puissance graphique.Ce qui signifie qu’ATI va continuer à commercialiser des cartes graphiques pour plate-forme Intel ?
Bob Drebin : Nous n’empêcherons évidemment pas les produits ATI et Intel, ou nVidia et AMD, de fonctionner ensemble. La compétition est une habitude dans cette industrie, nous avons même des mécanismes pour éviter la diffusion
d’informations concurrentielles. Je n’ai, par exemple, pas la moindre idée de ce que peuvent se dire AMD et nVidia. De même, dans le domaine des consoles de jeux, ATI est aussi bien le fournisseur de Nintendo, pour la Wii, que celui de Microsoft,
pour la XBox 360.(1) Les premiers produits Fusion sont attendus pour la fin 2008 ou le début 2009. Les différents processeurs ne seront plus des puces séparées mais seront présentés sous forme de blocs interchangeables et ajoutables à volonté
par AMD-ATI, partageant, par exemple, la mémoire.
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