Passer au contenu

Les prévisions sur l’emploi à dix ans : un miroir aux alouettes ?

Deux études prospectives annoncent des recrutements prometteurs en informatique ces dix prochaines années. Des prévisions qui n’engagent que ceux qui y croient !

‘ Si le piratage de logiciels diminuait de 10 % d’ici à 2009, cela permettrait de créer en France 30 000 emplois bien rémunérés dans le secteur informatique ! ‘
Ces chiffres révélés par une étude de BSA-IDC viennent de tomber, en même temps que ceux la Direction des études et statistiques (Dares) du ministère de l’Emploi.Selon les pronostics de ce dernier, ‘ 207 000 postes d’informaticiens seront à pourvoir entre 2005 et 2015, dont 149 000 créations nettes. ‘ Ces statisticiens
croiraient-ils au Père Noël ? En cette période de fin d’année, on n’est pas loin de le penser !Premier bémol pour le lecteur attentif : BSA est une association d’éditeurs. Ceux-ci ont donc tout intérêt à défendre leur pré carré et à trouver le moyen d’impressionner leurs interlocuteurs.Deuxième bémol : du côté de la Dares ?” dont il est difficile de mettre en cause le sérieux ?”, on peut toutefois se demander sur quelles bases elle établit ces calculs. A partir de quels critères ?En effet, lors de sa première ‘ prospective des métiers ‘, réalisée en 2002, elle annonçait une création nette d’emploi de 204 000 informaticiens, pour arriver à une
population de 590 000 en 2010. Aujourd’hui, elle l’estime à 604 000 en 2015. Soit 14 000 de plus seulement ! Serait-ce déjà un désaveu de la première étude ? S’aventurer dans des prévisions à
dix ans dans un secteur aussi mouvant se révèle un exercice des plus délicats.Tant de facteurs imprévisibles entrent en ligne de compte : l’adoption plus ou moins rapide des techniques innovantes par les entreprises, l’impact de l’automatisation sur les métiers de l’informatique,
la montée régulière de l’offshore, le développement de nos entreprises à l’étranger ?” qui ne concerne pas forcément les salariés français ?” et les incertitudes économiques et politiques.Reste la prise en compte des départs en retraite. On aurait pu croire qu’elle s’appuyait sur des données fiables. Or, la comparaison entre les deux études de la Dares ne manque pas d’étonner : entre 2000 et
2010, elle estimait ces départs à 56 000. Entre 2005 et 2015, elle en prévoit 58 000 ! justement à une période où les informaticiens entreront de plein fouet dans le papy boom.Dites-moi où est l’erreur ?* Rédactrice en chef adjointe de 01 InformatiqueProchaine chronique lundi 2 janvier 2006

🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.


Anne-Françoise Marès*