Travailler dans la robotique ne signifie ni construire R2D2 ni ?”uvrer dans le secteur du jouet. Les robots industriels demeurent, aujourd’hui, la plus importante famille de machines de ce type. C’est pourquoi cette discipline reste plus proche de l’automatique et de l’électronique que de l’informatique. Les informaticiens interviennent essentiellement à deux niveaux. D’une part, lors de la conception du système destiné à programmer le robot. Et, de l’autre, au moment de la personnalisation de cet environnement, pour l’adapter à la future utilisation du robot.Cependant, depuis plusieurs années déjà, certains modèles s’appuient sur le PC intégré, version embarquée de son grand frère. Les outils de programmation propriétaires et proches du matériel cèdent de plus en plus leur place aux C, C++ et autres Java. Ethernet et sa version mobile, le 802.11, de même que les bus du marché, comme USB, se généralisent. Résultat : les compétences informatiques classiques trouvent de plus en plus leur place dans la robotique. Et particulièrement dans le secteur du robot de service, auquel les observateurs du marché promettent un avenir radieux.
Pekee est un véritable PC sur roulettes
On distingue les robots de service des robots industriels. Les premiers remplissent des fonctions bien précises dans des activités sous-marines, médicales ou de nettoyage, entre autres. Ils s’adressent aussi parfois aux particuliers ?” les tondeuses ou aspirateurs autonomes, par exemple. Et, surtout, ils s’appuient, la plupart du temps, sur le PC intégré. Ainsi, pour les automatiser, voire pour les faire communiquer entre eux, un langage standard suffit-il souvent.La société française Wany a ainsi poussé le concept à l’extrême. Son robot Pekee est un véritable PC sur roulettes destiné à la recherche, à l’éducation et au jouet.Entièrement modulaire, chacune de ses fonctions ?” mouvement, vision, etc. ?” peut être pilotée comme un simple périphérique. Erwann Lavarec, président-directeur général de Wany, pourrait par conséquent ?” même s’il ne l’a pas encore fait ?” recruter des diplômés de filières informatiques. Dans ce cas, il explique qu’il serait avant tout attentif aux outils utilisés : C++, C ou assembleur, plus que Java ou Visual Basic. Il estime, en effet, qu’un minimum de connaissances proches du matériel est indispensable. Il avoue que ses recrutements sont aujourd’hui facilités par la proximité géographique du Laboratoire d’informatique, de robotique et de microélectronique, ainsi que des IUT et IUP de Montpellier. Tous deux dispensent des formations d’informatique appliquée, électronique et télécommunications. “Nous sommes une petite entreprise, et nous recherchons des passionnés, des gens qui mangent de la robotique “, ajoute-t-il.De même, pour Jean-François Germain, directeur commercial du fabricant de robots industriels, Kuka France, “le robot est un périphérique comme un autre “. Dès 1995, la firme a construit son propre contrôleur avec une architecture PC/Windows. Une centaine de personnes, en Allemagne, développent les environnements de base. Mais c’est une équipe de huit informaticiens, au sein du département industrialisation, qui réalise les applicatifs en fonction des besoins des clients et répond au cahier des charges. “Ce ne sont absolument pas des roboticiens, insiste Jean-François Germain, mais des ingénieurs, des titulaires de maîtrises et d’IUP informatiques que nous formons aux caractéristiques de nos machines. La robotique est accessible aux informaticiens pour autant que le système soit ouvert. C’est ce qui fait qu’elle passe dans un domaine de plus en plus accessible.”
Adapter le système du robot au client
Mais les choix de Kuka sont encore loin de se généraliser dans la robotique industrielle. Les entreprises de ce secteur continuent de rechercher plutôt des ingénieurs généralistes ou des expériences liées au métier, ayant aussi une formation informatique. “Un robot est comme un bébé à qui il faut tout apprendre. Pour cela, il est indispensable de bien connaître le corps humain ?” en fait, le matériel, explique Aldo Arban, directeur d’Adept Technologies France. C’est pourquoi nous recrutons plutôt à l’Institut de productique de Besançon ou à l’Ecole des mines.” La firme adapte les robots conçus et fabriqués par sa maison mère. Pour ce faire, elle développe des systèmes dans son propre langage de haut niveau V+. Celui-ci compte plus de neuf cents commandes et est utilisé par les deux grands fabricants, ABB et Staubli. Jean-Michel Bonnet des Tuves, responsable du génie logiciel chez ce dernier, le confirme : “Je recherche davantage des personnes ayant une expérience de l’interface homme-machine (environnements graphiques destinés à faciliter le dialogue entre l’utilisateur et son robot ?” NDLR) ou de la télémaintenance, par exemple. Mais c’est plus lié à l’informatique industrielle en général qu’à la robotique en particulier.”Même constat chez JPF Technologies. La filiale d’automatisme et d’informatique industrielle du groupe JPFauché fabrique également des usines et réalise des installations industrielles tertiaires. Son responsable technique, Dominique Quincey, explique que ses informaticiens travaillent au niveau de l’adaptation du système du robot au client ?” comme chez les fabricants ou les distributeurs de robots. Ils peuvent même exercer un rôle de chef de projet robotique, mais au sein d’un projet industriel global. “Les développeurs vont, par exemple, mettre au point du logiciel pour le boîtier de pilotage d’un robot de trois à six axes pour l’adapter au besoin de l’un de nos clients.”
L’interface est une voie d’entrée royale
Tous ces informaticiens possèdent, de toute façon, un minimum de formation en automatique. Leur niveau est varié, allant du cursus Cnam à l’ingénieur, en passant par des titulaires de bacs + 2 ou 3. Mais Dominique Quincey confirme que l’informatique impliquée dans la robotique est de plus en plus standard. Selon lui, “les langages utilisés sont de moins en moins spécifiques. Quand ils le sont, ils sont aussi conformes ISO, comme c’est le cas de V+. La communication Ethernet se généralise également. Face à de telles évolutions, il serait possible d’employer des diplômés d’écoles d’informatique. A la seule condition qu’ils aient suivi un enseignement en développement et systèmes.”A l’image de ce qui se passe chez Kuka, les interfaces homme-machine constituent l’une des voies royales d’entrée des technologies informatiques standards dans la robotique. Elles nécessitent beaucoup de programmation, mais dans des langages très classiques. Bien sûr, aujourd’hui encore, la plupart des travaux de robotique nécessitent des connaissances en électronique et en automatisme. Ne serait-ce que “pour ne pas rester perplexe devant une panne du boîtier électronique, par exemple “, illustre Dominique Quincey. Mais nul doute que les technologies standards de l’informatique ouvriront de plus en plus les portes des services robotiques industriels à des informaticiens.
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