Les technologies de réseaux locaux sans fil ne se limitent pas à l’interconnexion de postes mobiles à l’intérieur de bâtiments. Elles permettent aussi de relier entre eux des immeubles – évitant ainsi le recours aux liaisons fournies par un opérateur, ou l’installation de câbles associée à d’éventuels travaux de génie civil et à des problèmes de droit de passage – ou de desservir des locaux temporaires distants.La mise en place de ponts radio étend le réseau local en installant un petit matériel sur la façade ou le toit de chaque bâtiment pour établir la liaison. Les premiers prix sont de l’ordre de 1 500 ?, antenne comprise, par bâtiment. Les ponts radio recourent principalement à la norme 802.11b, qui est utilisée par les réseaux locaux sans fil et qui fournit un débit théorique de 11 Mbit/s. Dans la pratique, ce débit plafonne aux alentours de 5 Mbit/s et varie en fonction de la distance et de l’environnement. En France, seule la bande de fréquences des 2,4 GHz est autorisée en extérieur, mais sous certaines conditions.L’utilisation de technologies 802.11b s’explique avant tout par leur coût : un pont n’est autre qu’un point d’accès d’un type particulier qui communique avec un autre point d’accès, et les matériels 802.11b bénéficient de la baisse des coûts des composants, liée à la forte croissance du marché. Mais, puisque les ponts communiquent uniquement entre eux, ils ne sont pas tenus d’utiliser la même technologie radio que celle qui relie les points d’accès aux postes clients.Ainsi, Alvarion propose, en plus de modèles 802.11b, des ponts propriétaires fonctionnant à 3 Mbit/s avec une technologie de sauts de fréquence (FHSS). Cette méthode de transmission est définie dans la norme 802.11 (antérieure à 802.11b) à 2 Mbit/s, en complément de la technologie de séquence directe (DSSS).Seule cette dernière a été reprise par la norme 802.11b, car elle convient mieux à la montée en débit. “Nos matériels FHSS ne suivent pas la norme 802.11, puisqu’ils fonctionnent à 3 Mbit/s, mais ils n’en restent pas moins compatibles avec celle-ci. Ils peuvent communiquer avec un pont 802.11 d’un autre constructeur, en se calant sur un débit à 2 Mbit/s”, précise Gary Goldenberg, directeur général France d’Alvarion. Les composants pour transmission FHSS n’ayant pas bénéficié de l’essor du marché 802.11b, les équipements FHSS sont plus chers. Moins de débit, pour un prix supérieur… Quel intérêt ? La complémentarité. “Les constructeurs se focalisent sur la course au débit, mais l’essentiel n’est pas là, remarque Arnaud Gasc, ingénieur réseau chez l’intégrateur toulousain Aneto. Dans un environnement propre, pour du point à point ou du monocellulaire, le DSSS convient bien. Le FHSS, lui, permet les déploiements en multicellulaire, ou en environnement perturbé, dans le cadre d’un déploiement industriel ou portuaire, par exemple.”
Le 802.11b, limité à quatre canaux en France
Le FHSS est bien moins sensible aux interférences, puisque la transmission ne reste que très peu de temps sur une même fréquence. Et cela demeure valable si les interférences sont générées par d’autres équipements radio. “Combiner les deux technologies peut aider à résoudre les problèmes de certaines mises en ?”uvre”, souligne Arnaud Gasc. Cela sera utile pour déployer plusieurs ponts dans une même zone : l’utilisation de 802.11b est limitée, pour le moment, à quatre canaux en France (contre 11, aux États-Unis ; et 14, au Japon). De plus, les canaux se chevauchant, il faut éviter d’employer des canaux adjacents dans une même zone, ce qui limite les mises en ?”uvre de produits 802.11b à l’utilisation simultanée de deux ou de trois canaux (entre lesquels on en intercale 1 ou 2 autres). Pour rajouter un lien, ou pourra recourir au FHSS, et les interférences n’auront lieu qu’en pointillé. Certes, les performances seront abaissées sur chaque lien, mais tous seront opérationnels.
L’antenne, point stratégique
En général, le 802.11b reste, bien entendu, plus demandé. En France, les ponts en DSSS constituent, pour Alvarion, 70 % des ventes aux entreprises.Les ponts fonctionnent en mode point à point (1 vers 1) ou point à multipoint (1 vers n). Dans ce dernier cas, un bâtiment central sert de “maître” aux autres bâtiments “esclaves”, chacun disposant d’une antenne. En fait, le mode point à point correspond au mode point à multipoint avec un seul esclave, et l’on peut passer du premier au second mode par simple paramétrage. En point à point, les deux bâtiments seront équipés d’une antenne directionnelle offrant un meilleur gain, tandis que, en mode point à multipoint, le maître sera connecté à plusieurs antennes directionnelles avec séparateurs ou à une antenne multidirectionnelle, selon le nombre et l’emplacement des esclaves. “Le séparateur entraîne de la perte, note Gary Goldenberg, et si une station de base a un faible gain d’antenne, on aura intérêt à mettre plusieurs équipements centraux.”Le placement des antennes est un élément stratégique du déploiement, et peut nécessiter une étude radio approfondie du site. L’existence d’une ligne de vue entre les antennes est indispensable, et la déterminer est plus complexe qu’il n’y paraît. “Il s’agit d’une ligne de vue radio, et il ne suffit pas de se tenir debout sur un toit et de vérifier que l’on voit l’autre toit”, souligne Arnaud Gasc. Il faut, par exemple, tenir compte des diffractions causées par des obstacles proches de l’axe de transmission, comme des branches d’arbre, dans une zone en forme de ballon de rugby, appelée zone de Fresnel.La distance envisageable entre deux ponts s’avère, à chaque fois, un cas particulier, étant donné l’influence de l’environnement. Certains documents techniques de constructeurs comme Cisco Systems évoquent des distances théoriques de quelques dizaines de kilomètres. Dans la pratique, la majorité des mises en ?”uvre concerne des liens radio de 1, 2 ou 3 km, sur un campus ou pour traverser une rue.L’installation d’un pont sans fil en extérieur nécessite de placer le matériel dans un boîtier de protection, ou d’opter pour les modèles “endurcis” proposés par certains fabricants, pour une meilleure résistance aux aléas climatiques. Le pont et l’antenne peuvent être séparés et reliés par un câble à faible perte. Enfin, l’alimentation électrique du pont radio via le réseau Ethernet permet d’éviter de tirer un câble électrique. Chez Cisco, la distance entre le matériel qui fournit le courant et le pont ne doit pas dépasser 90 m
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