Des millions d’euros dilapidés en projets web farfelus, des choix technologiques douteux, des campagnes de communication démesurées…et la Bourse qui n’en finissait plus d’applaudir le mépris des règles économiques les plus élémentaires. Rappelez-vous, c’était la folle époque des start-up, c’était il y a tout juste deux ans, autant dire une éternité.La fête était trop belle, et la gueule de bois est à la hauteur des excès commis par les cyber-gourous de “l’e-biz “. Les joyeux lurons, prêts à toutes les e-farces venues, ont laissé la place aux infirmiers, ambulanciers et autres démineurs de projets internet en souffrance.
L’expérience de l’échec
“Depuis le début de cette année, plus de 50 % de nos missions concernent des restructurations de stratégie e-business, constate Gilles Mugnierey, directeur général de Kearney Interactive, la filiale e-business du cabinet de conseil en stratégie. Le but de ces missions consiste à maximiser le retour sur investissement des actions internet, mais aussi à s’interroger sur l’opportunité de les continuer.”Même constat chez PA Consulting, dont les missions de remise en question de projets web ?” pour GDF et Alstom notamment ?” représentent 80 % des contrats grands comptes du département – Entreprise Wide Solutions – Pour les mener, le cabinet a embauché, entre autres, une poignée d’ex-dirigeants de start-up, “parce qu’ils ont connu l’échec et peuvent donc mieux comprendre la psychologie et les problématiques de nos clients”, dixit Joël Roques, directeur du département.C’est précisément un ancien “start-upper”, Frédéric Bailly, auparavant directeur des opérations du portail Sport 24, puis directeur internet du cybermarché Houra, qui, le mois dernier, a lancé Les Démineurs, une entreprise spécialisée dans la gestion des crises rencontrées par les sites internet.Parrainée par Gilles Granier, directeur général d’Intel France, elle se présente sous la forme d’un réseau de professionnels du net, pouvant intervenir, sous 48 heures, sur des dysfonctionnements de sites web, le plus souvent techniques.
Abracadabrant
Frédéric Bailly, qui annonce avoir décroché trois “petits” contrats à ce jour, se dit “abasourdi” par les erreurs “abracadabrantes” commises par certains industriels. “L’un deux a par exemple choisi le serveur applicatif Vignette pour son site d’e-commerce, alors que celui-ci est fait pour gérer des contenus de masse, tel de l’éditorial, et non des catalogues avec des milliers de références.” Le rôle des Démineurs consiste non seulement à diagnostiquer les avaries, mais aussi à “proposer et à installer une solution performante en un très court délai “. Même volonté d’intervention d’urgence chez Euro RSCG Works, qui vient de lancer Costbuster, produit d’audit et de conseil destiné à redéfinir la stratégie interactive des grands annonceurs. Après avoir évalué la politique internet de la marque, l’équipe Cost-buster (cinq personnes) se donne trois jours pour faire ses recommandations. Le produit, facturé 15 000 euros (près de 100 000 francs), a déjà séduit une dizaine de clients, tels Citroën “pour qui nous avons travaillé à mutualiser, au niveau mondial, les achats technologiques nécessaires à sa communication online”, explique François Petitjean, directeur général adjoint de Euro RSCG Works. Une démarche de rationalisation des coûts qui s’accompagne d’une redéfinition des objectifs et des méthodes de travail : “On constate bien souvent que l’annonceur a dépensé des sommes folles pour des publicités en décalage avec les produits qu’il voulait vendre, note François Petitjean, et que les équipes chargées des campagnes online ont fonctionné sans vraiment s’inquiéter des retombées, à l’inverse de leurs collègues du offline.” Les pompiers de l’e-business sont aussi là pour dépister les pyromanes : pour ces derniers, c’est sûr, le feu d’artifice a vécu.
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