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Les poids lourds au jeu des prévisions

Les résultats du premier semestre et les objectifs des grandes valeurs techno françaises pour les mois à venir traduisent une grande prudence. Le secteur des télécoms n’est pas le plus pessimiste.

A mi-chemin de ce délicat exercice 2002, une vingtaine de grandes valeurs technologiques du SBF 80 ont aujourd’hui publié leurs résultats. Sans surprise, les bénéfices cumulés de ces poids lourds s’affichent en chute libre. Les prévisions effectuées à l’occasion de ces annonces à la communauté financière confirment la difficulté actuelle des agents économiques à distinguer les contours des mois à venir.

Pas d’excès de pessimisme

Les têtes pensantes de ces grandes entreprises ont tendance, malgré la pression des marchés en faveur de la transparence, à se refuser à donner des objectifs de chiffre d’affaires, leur préférant, pour les uns, des prévisions partielles (TF1), des visées de retour à l’équilibre (Cap Gemini), pour d’autres, des objectifs d’amélioration des marges (Orange). Plus singulier, le dernier jeu de pronostics ne démontre pas, globalement, de nouvel excès de pessimisme de la part de ces observateurs privilégiés de l’économie. Le tableau ci-contre exprime, en particulier, que, sur les douze valeurs emblématiques retenues, deux seulement ont “dégradé” leurs objectifs chiffrés de croissance de l’activité, cinq exprimant a contrario des ambitions supérieures, cinq conservant des anticipations étales. Et encore, parmi les “pessimistes”, trouve-t-on Vivendi Universal, dont on peut penser que la situation particulière limite la portée du discours prévisionnel. Autre cas d’espèce, France Telecom ne témoigne pas d’un pessimisme à tous crins. Publiés avec le retard que l’on sait, les semestriels sont en avance sur les attentes, tant sur le plan de l’Ebitda (excédent brut d’exploitation) que du résultat opérationnel.Le secteur des télécoms, pris dans son ensemble, est certainement le plus contrasté. Même les semi-conducteurs, que l’on attend à l’avant-garde du rebond, émettent des signaux contradictoires. STMicro-electronics a relevé ses dernières prévisions, tandis que Philips vient d’indiquer s’attendre à une baisse de 13 à 15 % des ventes de sa division semi-conducteurs au troisième trimestre par rapport au précédent, contre 5 % au maximum prévus il y a encore deux mois. Côté équipementiers, les choses sont plus claires : une franche noirceur domine encore dans l’absence d’une quelconque note positive. “La surcapacité est toujours là, comme vient de le confirmer Lucent, qui prévoit une baisse de 20 à 25 % de ses ventes sur le trimestre en cours. Il n’y a rien à attendre là avant fin 2004”, tranche un analyste.

Problème de surcapacités

Chez les opérateurs, enfin, les situations sont plus individuelles. Tous les clignotants d’Orange sont au vert alors que les opérateurs alternatifs connaissent une mutation accélérée. Les fournisseurs de services télécoms B to B se heurtent aussi à de la surcapacité. “Des concurrents ont disparu, mais leurs actifs ont souvent été rachetés, donc le problème demeure, et je n’en vois pas le bout avant deux ans”, poursuit cet analyste. Equant (résultats publiés le 4 septembre) a malgré tout maintenu ses objectifs de croissance du CA et d’Ebitda pour 2002.Autre grand secteur où règne la confusion, les services informatiques. La dégradation des investissements des entreprises est patente, et les prévisions s’en ressentent. Pourtant, des groupes comme Atos parviennent à maintenir leurs vues sur 2002, et Cap Gemini vient de signaler un léger mieux dans ses pronostics. Tout en recommandant Atos à l’achat, le courtier ABN Amro qualifie le secteur de “peu attractif “.Dernier grand compartiment de ce tableau, celui des médias et valeurs assimilées. Thomson Multimédia bénéficie de l’engouement de fonds pour les produits numériques. Les valeurs comme TF1 (qui confirme son objectif 2002) craignent que leur résistance à la morosité publicitaire ne soit brisée par de nouvelles inquiétudes liées à une crise internationale. Globalement, la synthèse des derniers couples résultats/prévisions laisse un sentiment mitigé. Si la dégradation financière semble devoir prendre fin, on ne discerne pas encore de reprise. “On peut croire que la crise arrive en bout de course”, espère Eric Burkel, consultant au sein du cabinet de conseil spécialisé TDP.

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JMC