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Les pires flops tech de l’année 2022

C’est un exercice auquel on se soumet chaque année avec plaisir : recenser les fours de l’année, les technos qui ont fait un bide, les échecs les plus cruels. Bonne nouvelle : 2022 a été un excellent cru !

Le Métavers « vide et triste » de Meta

Mark Zuckerberg et son avatar moche
Crédit : Mark Zuckerberg

Rappelez-vous : c’était à la fin 2021. Mark Zuckerberg, convaincu que l’avenir était aux casques de réalité virtuelle, rebaptisait son entreprise. Facebook devenait Meta, et lançait dans la foulée Horizon Worlds, son ersatz de monde virtuel aux États-Unis. Un an plus tard, le constat est cruel pour Meta. On apprenait en octobre qu’Horizon Worlds comptait moins de 200 000 utilisateurs actifs… Un univers « triste et vide » selon une note interne. On ajoutera aussi « moche » : Meta a réussi à gâcher le lancement d’Horizon Worlds en France à cause de l’horrible avatar publié par Zuckerberg sur son compte Instagram (voir ci-dessus). 

Au-delà des soucis de Meta, c’est le concept même de métavers qui a pris un sacré coup derrière la tête ces derniers mois, avec le reflux de la mode des jetons numériques NFT, censés être des titres de propriété dans l’univers virtuel. D’autres projets concurrents de celui de Meta peinent aussi à trouver des utilisateurs, comme The Sandbox ou Decentraland.

L’hiver de la cryptomonnaie

Sam Bankman-Fried lors d'un entretien à la Bitcoin 2021 conference
CCA 3.0 – Cointelegraph – Sam Bankman-Fried lors d’un entretien à la Bitcoin 2021 conference

Tout avait pourtant bien commencé. Au début de l’année, Bitcoin comme Ethereum tutoyaient les records. On pensait que les cryptomonnaies avaient enfin acquis leurs lettres de noblesse, que l’avenir de l’économie passerait aussi forcément par elles. Les NFT avaient la cote, et on ne parlait plus que du web3. Patatras : en mai, l’effondrement brusque du stablecoin UST va entraîner tout le secteur dans une spirale baissière, dont il ne s’est toujours pas relevé à l’heure actuelle. Il faut dire que les investisseurs ont eu de nombreuses raisons d’être refroidis. Outre la catastrophe UST, on a aussi eu droit à un nombre spectaculaire de piratages, avec de centaines de millions de dollars partis en fumée… Et, pour finir l’année en beauté, à la faillite de la plate-forme FTX et de son fondateur, Sam Bankman-Fried. 2022, année noire pour les monnaies numériques.

Nvidia échoue à acquérir ARM

Danby, James Francis; Ship on Fire; Tameside Museums and Galleries Service: The Astley Cheetham Art Collection; http://www.artuk.org/artworks/ship-on-fire-89313

C’est un flop pour Nvidia, mais sans doute une victoire pour le monde de la tech. Début février, on apprenait que le géant des circuits graphiques avait finalement renoncé à acquérir ARM, le concepteur de l’architecture qui anime tous les smartphones de la planète. Ce rachat monstrueux de cette pépite à SoftBank, d’un montant d’environ 40 milliards de dollars, aurait en effet placé Nvidia dans une position problématique vis-à-vis de ses concurrents… qui ont aussi besoin des technologies d’ARM. SoftBank a mis un terme au processus devant les innombrables obstacles juridiques à résoudre : le deal s’était en effet heurté aux autorités de régulation britannique, européenne et américaine… La FTC, le gendarme de la concurrence américain, avait même entamé une procédure en décembre 2021 pour annuler l’acquisition. ARM prépare depuis, son introduction en bourse.

Scandale pour Samsung… qui manipulait les benchs de processeurs

Samsung Galaxy S22 Ultra
© Samsung

Il n’est ni le premier, ni certainement le dernier. Mais le scandale qui a frappé Samsung au mois de février l’a, on l’espère, vacciné contre la manipulation de benchmarks. Petit rappel des faits : début mars, des internautes remarquent l’existence d’une liste secrète de 10 000 applications sujettes à des limitations de performances sur les smartphones récents de la marque coréenne, y compris son fleuron récent, le S22. Parmi les 10 000 programmes, on trouve la plupart des applis les plus populaires, bridées afin de préserver la batterie de l’appareil. Or, Samsung a pris soin d’écarter les outils de benchmark les plus populaires (comme AnTuTu ou Geekbench) dans le but d’obtenir les meilleurs scores de performances lors des tests. Mais au quotidien, le smartphone ne pouvait atteindre les niveaux de performances attendus. Pris la main dans le sac, Samsung a été obligé de s’excuser, et a désactivé cette « fonction », baptisée Game Optimizing Service, quelques semaines plus tard, par le biais d’une mise à jour logicielle.

iPhone 14, iPhone SE : Apple nous sert du réchauffé (mais plus cher)

L'iPhone SE 2022 est la troisième génération du smartphone d'entrée de gamme d'Apple.
01net.com – Lionel Morillon – L’iPhone SE 2022 est la troisième génération du smartphone d’entrée de gamme d’Apple.

Petite année pour les iPhone (qui, on vous rassure, continuent de se vendre comme des petits pains). Certes, l’iPhone 14 Pro bénéficie d’un nouveau capteur photo qui le distingue de son prédécesseur. En revanche, l’iPhone SE lancé cette année nous a déçus. Certes, il bénéficie d’une puissante puce A15 Bionic et de la 5G. Et c’est à peu près tout, du point de vue des nouveautés. Apple a conservé son design vieillissant, son module photo unique et son petit écran. Mais la pilule aurait pu passer plus facilement… si le géant américain n’en avait pas profité pour augmenter les prix ! L’iPhone SE 2022 coûte ainsi 40 euros de plus que son prédécesseur. Un reproche que l’on peut aussi faire à l’iPhone 14, qui conserve tout ou presque de son prédécesseur, à quelques petits changements près. Seule différence notable : mieux construit, il est plus facile à réparer. En revanche, le prix, là encore, explose, puisqu’il dépasse désormais les 1 000 euros.

La mort de Stadia, ou l’échec de Google dans le jeu vidéo

Il était censé représenter le futur du jeu vidéo… Il s’arrêtera bientôt dans une indifférence presque totale. Stadia, le service de cloud gaming de Google, fermera définitivement ses portes au tout début de l’année prochaine après deux ans d’existence chaotique, et sans avoir jamais rencontré le succès. Google avait pourtant mis les petits plats dans les grands au lancement : un simple Chromecast comme console, une manette Wi-Fi bien conçue comme contrôleur, une plate-forme accessible depuis n’importe quel navigateur Web et même… une vraie politique éditoriale, avec des jeux exclusifs prévus.

Malheureusement, on a vite déchanté. D’abord parce que la plate-forme ne disposait que de peu de jeux au lancement. Ensuite parce qu’ils… étaient chers ! Google n’avait en effet pas opté pour un modèle par abonnement « à la Netflix » mais pour un système d’achat titre par titre… avec des jeux souvent plus onéreux que sur les plates-formes concurrentes. Résultat : malgré les qualités techniques indéniables de la plate-forme, les joueurs n’ont pas suivi.

Crises en séries chez les géants de la tech

mark zuckerberg
Flickr/ Anthony Quintano // Mark Zuckerberg a, pour la première fois de l’histoire de son entreprise, lancé un plan de licenciements massif

2022 a-t-elle signé la fin d’une époque dorée dans la Silicon Valley ? Tous les géants des technologies ont en effet subi de plein fouet un cocktail de crises cette année : la guerre en Ukraine, les incertitudes sur l’économie, mais aussi le reflux de la pandémie de Covid-19, avec ses confinements et son télétravail, qui ont été une aubaine financière pour les Gafa.
Résultat : l’heure n’est plus aux recrutements massifs, mais plutôt aux suppressions d’emploi. Pour la première fois de son histoire, Meta a ainsi procédé à de vaste campagne de licenciements : pas moins de 11 000 employés, soit 13 % des effectifs, ont dû quitter l’entreprise, qui connaît une crise sans précédent. Amazon, qui peine à monétiser Alexa et son hardware, s’est aussi séparé de quelque 10 000 d’employés. Microsoft a, lui aussi, tranché dans ses effectifs, et Google s’apprêterait à le faire. Apple fait le dos rond et ralentit ses embauches, et sa valorisation boursière aura tout de même perdu environ 1 000 milliards de dollars en un an… Sans compter, enfin, Twitter, dont le nombre d’employés a tout simplement été divisé par deux sous l’impulsion d’Elon Musk. Mais on va y revenir.

Elon Musk sème le chaos chez Twitter

elon musk twitter
Elon Musk débarque chez Twitter.

C’est sans doute le plus grand feuilleton de l’année. Après mille revirements, Elon Musk a fini par acquérir – pour la somme de 44 milliards de dollars – le plus influent des réseaux sociaux. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il a rapidement imprimé sa marque dans une entreprise qui, selon lui, végétait. Cela a commencé par une vague de licenciements massifs : la moitié des employés ont été abruptement limogés. Mais le fantasque patron de SpaceX et de Tesla ne s’est pas arrêté là. En s’improvisant « chef de Twitter » du jour au lendemain, il a multiplié les décisions prises à l’emporte-pièce. Impossible de résumer ici le chaos qu’il a engendré (nous nous en faisons l’écho quasi quotidiennement par ailleurs). Mais on peut tout de même citer quelques-uns de ses hauts faits. Comme cette amnistie générale pour les comptes suspendus, qui a vu revenir sur la plate-forme bon nombre de profils dont on se serait bien passé : racistes et néonazis, complotistes en tous genres ou experts de la désinformation. Ou encore le lancement d’une certification payante à 8 dollars, qui a tourné au fiasco devant le nombre de faux comptes. Tout ce fatras a évidemment de lourdes conséquences économiques : devant les décisions contestables d’Elon Musk, les annonceurs fuient.

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Eric LE BOURLOUT
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