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Les photophones réussissent leur développement

Aujourd’hui, il est possible d’entrer dans un magasin Photo Service et d’en ressortir avec… un téléphone portable. Une rupture culturelle, signe de la maturité du ‘ photophone ‘.

Qui aurait cru que l’on puisse acheter, un jour, un téléphone portable chez un spécialiste des travaux photo ? La chaîne de magasins Photo Service a franchi le pas. Depuis quelques semaines, elle commercialise un hybride de
téléphone portable et d’appareil photo, autrement dit un ‘ photophone ‘. Il s’agit du 7610, de Nokia, équipé d’un capteur de un million de pixels.La stratégie de Photo Service colle opportunément à la fulgurante ascension commerciale du photophone. Selon l’institut GfK, entre 4,5 et 5 millions d’unités seront écoulées en France d’ici à la fin de
l’année. Un total qui dépasserait les ventes d’appareils photo numériques, estimées à 4,5 millions. Au moment d’inaugurer
la téléphonie de 3e génération, SFR a présenté huit portables, tous capables de réaliser des photos, dont le Sharp 902SH et ses 2 millions de pixels.Plus qu’un simple coup de pub, l’initiative de Photo Service témoigne d’une indéniable évolution du photophone : en franchissant le seuil du mégapixel, il est désormais reconnu comme un appareil photo crédible
aux yeux de professionnels du développement. C’est le point culminant d’une année placée sous le signe de la maturité, tant les produits et les services se sont multipliés.Orange, SFR et Bouygues ont banalisé l’envoi de cartes postales et le stockage des images dans un album en ligne. Outre Photo Service, Kodak a lancé il y a quelques mois
Kodak Mobile, qui permet de commander des tirages sans lever le nez du téléphone. Dans les magasins photo et les grandes surfaces, rares sont les bornes interactives de
développement qui ne dialoguent pas avec un photophone, soit par infrarouge, soit par Bluetooth.

Cinq millions de pixels chez Samsung

Toujours dans la poche, le photophone se transforme en moulin à images, à la spontanéité incomparable. Il cible la photo éphémère et amusante, que l’on ne conserve pas mais que
l’on partage
, observe Jacques Hémon, qui dirige l’institut Image Market. Dans les cinq ans à venir, il sera peut-être nécessaire de posséder un appareil photo numérique et un photophone, le premier étant réservé
aux photos de famille et de voyage.
Complémentaires, ou peut-être concurrents, étant donné l’inflation galopante de la définition d’image des photophones. Car ces derniers affichent aujourd’hui des caractéristiques dignes des appareils photo
numériques traditionnels. En Corée du Sud, Samsung a lancé un modèle à 5 millions de pixels.Reste que ce critère ne suffit pas à garantir une bonne qualité d’image. L’optique, la mesure de l’exposition et le traitement de l’image sont des facteurs tout aussi déterminants.
Les photophones ont une mise au point fixe et une sensibilité assez médiocre, du fait de la miniaturisation du capteur ‘, ajoute Jacques Hémon. Ils réalisent
des clichés corrects, pourvu que les conditions de luminosité soient optimales. Il n’empêche que, dans la plupart des situations et pour la majorité des mortels, c’est suffisant.

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Frédéric Monflier