Depuis de nombreuses années, on a beaucoup épilogué sur les progiciels de gestion intégrés (PGI), leur lourdeur, la durée et la difficulté de leur implémentation, leur retour sur investissement incertain. Pourtant, avant de blâmer les outils, peut-être fallait-il faire le point sur les conditions dans lesquelles ils ont été déployés depuis plus de dix ans. C’est dans cette perspective que Robert Canonne et Jean-Louis Damret, deux professeurs de l’Ecole Nationale Supérieure d’Arts et Métiers (Ensam), ont mené auprès de 3 000 entreprises françaises une étude, présentée dans le cadre du colloque de l’Ecole des Mines de Paris, “Propos raisonnables sur les ERP”.
Avant tout un outil d’organisation
En s’équipant d’un PGI, les entreprises semblent poursuivre deux buts principaux : donner une fondation propre et solide à leur système d’information et se réorganiser. “Simplification et standardisation des systèmes”, “restructuration de l’organisation de l’entreprise” et “remplacement d’un système propriétaire” sont en effet les trois principales raisons d’équipement. Les solutions techniques retenues sont d’ailleurs cohérentes avec ces objectifs : plus de 85 % des entreprises ont choisi un “progiciel unique”. On peut s’étonner, cependant, que pour près d’une entreprise sur deux (47,83 %) ce PGI unique reste flanqué de systèmes spécifiques. Où sont donc passés les objectifs de simplification et de standardisation des systèmes et de remplacement des systèmes propriétaires ? Par ailleurs, l’étude révèle que les développements spécifiques et interfaces ne représentent que 12,30 % du coût des projets et que 45,78 % des entreprises estiment que ces “aménagements” spécifiques ont été mineurs. Avec les PGI, on semble ainsi s’être moins préoccupé de l’activité propre de l’entreprise que de son fonctionnement global, et ces progiciels apparaissent d’abord comme un outil d’organisation aux mains de la direction générale (près de 30 % d’entre elles ont d’ailleurs conservé la maîtrise du projet).Parmi les problèmes rencontrés, de l’avis des chefs de projet, deux se détachent : la peur ou le refus d’utiliser le progiciel (42,6 %) et l’échange de données entre le nouveau progiciel et le système d’information existant (33 %). A refuser de toucher aux applications spécifiques pour se concentrer sur l’aspect organisationnel du PGI, les entreprises semblent donc d’une part s’être embarquées dans des interfaçages hasardeux et, d’autre part, avoir donné l’impression à leurs salariés que cet outil leur était moins destiné qu’à leur direction. Des conclusions à confirmer.
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