Vendus une misère à l’unité, les noms de domaine font la fortune de ceux qui les commercialisent. Sans le savoir, les entreprises clientes alimentent ce marché, qui, en volume, est l’une des ressources les plus rentables du net. Gandi, par exemple, est l’un des rares acteurs français accrédités pour vendre au détail (ou comme “registrar”) les.com. En moins de deux ans d’activité, la société affiche un bénéfice de 760 000 euros pour l’année 2001, soit le tiers de son chiffre d’affaires. Une rentabilité record dans le monde de l’internet. Ce revendeur propose pourtant l’une des offres les moins chères du marché, en réclamant seulement 12 euros par an par nom de domaine. Depuis ses débuts, il en a délivré trois cent dix mille, qu’il achète environ 6 euros chacun pour les revendre le double.
Un coût alourdi à chaque nouvelle extension
Les sommes générées par le grossiste de noms de domaine (qu’on appelle aussi “registry”), comme Verisign pour les.com, sont encore plus surprenantes. Si, au niveau des “registrars” tels que Gandi, les noms de domaine rapportent déjà une fortune, ils représentent pour Verisign une mine d’or. La société américaine a longtemps possédé le monopole des.com. Elle chapeaute aujourd’hui ces extensions pour quatre-vingts “registrars” accrédités dans le monde. Et elle estime avoir vendu 5,1 millions de noms de domaine en 2001, pour un chiffre d’affaires de 30 millions de dollars. A 6 cents le nom de domaine acheté à l’Icann (Internet Corporation for Assigned Names and Numbers), et revendu 6 dollars, les bénéfices s’accumulent vite. “Il est vrai que le coût des noms de domaine est artificiellement élevé”, confirme Valentin Lacambre, le dirigeant de Gandi.Mais les entreprises qui alimentent en grande partie ces chiffres d’affaires s’en rendent à peine compte. Cette dépense est noyée au milieu des budgets destinés aux projets internet. “En moyenne, la somme allouée aux noms de domaine représente environ 1 % du budget total internet”, chiffre Sébastien Ozanne, directeur marketing de Matra Global Netservices. A la Snecma, les noms de domaine des quatre-vingts marques du groupe sont déposés. “En gros, c’est un budget qui doit représenter dans les 120 000 euros par an. Mais, pour une société comme la nôtre, avec ses 270 millions d’euros de chiffre d’affaires, cela ne représente pas grand-chose”, ajoute, rassurant, Bruno Quinquenau, chargé de l’achat des noms de domaine pour la société aéronautique.Pour des entreprises possédant beaucoup plus de marques et ayant pour politique de toutes les déposer, la facture s’alourdit au rythme des nouvelles extensions. Mais ?” et c’est finalement normal ?” plus une société possède de noms à protéger, moins elle est sensible à ce type de coût. Car, en fait, “cela représente toujours moins que le dépôt d’une marque à l’Inpi”, relativise Olivier Iteanu, avocat spécialiste des nouvelles technologies.Les “registrars” vendent trop cher. Pour l’instant, leur faible nombre limite la concurrence, et tout le monde y trouve son compte. Alors, pourquoi s’en priver ?
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