À cette différence près que les start-up ont souvent accumulé les péchés, ce qui explique en partie leurs difficultés actuelles et la défiance dont elles font l’objet de la part des financiers. Avec un peu d’imagination, on retrouverait même dans le palmarès des fautes les plus courantes les sept péchés capitaux de la Bible…
L’orgueil : “Surestimation de soi“
Si vous demandez à un fondateur de start-up : ” Qui sont vos concurrents ? “, il vous répond en général : ” Je n’en ai pas. ” Parce que personne n’aborde le problème exactement comme lui, il se croit seul sur son marché. Pourtant, le service qu’il rend est souvent déjà rendu par d’autres. Caricature : le fondateur d’un site de nourriture pour chiens qui oublie que les propriétaires d’animaux peuvent acheter leurs boîtes de Canigou dans n’importe quel supermarché en ligne, ou même chez l’épicier du coin…
L’envie : “Sentiment de convoitise vis-à-vis du bonheur d’autrui“
Imiter e-Bay ou Amazon semble un jeu d’enfant : il suffit de décortiquer le fonctionnement de leur site et de le reproduire. Pourtant, personne n’a réussi jusqu’alors à proposer des services aussi achevés ou une offre aussi large ! Les plus belles réussites sur le Net, on l’oublie trop souvent, sont le fruit d’un long travail d’apprentissage et d’accumulation d’expériences.
La paresse : “Répugnance au travail, à l’effort“
Attirer des clients sur un site ? Un jeu d’enfant ! Il suffit de mettre 10 millions de francs dans une campagne de pub ! C’est bien plus rapide que d’attendre les effets du bouche-à-oreille. Cherchant plus à séduire qu’à convaincre, les start-up ont mis en ligne des produits non aboutis, fait l’impasse sur le suivi de la qualité, et se sont satisfaites des réactions complaisantes de leur environnement immédiat. Du bricolage ?
La gourmandise : “Défaut de celui qui aime manger de bonnes choses “
Les jeunes pousses ont voulu être internationales d’emblée. L’exemple des web-agencies suédoises dont les actions s’effondrent en Bourse est probant : très rentables dans leur pays, elles ont eu les yeux plus gros que le ventre en s’implantant simultanément dans plusieurs pays européens. Élargir sa zone d’influence procure un plaisir immédiat à celui qui veut conquérir le monde, mais est peu créateur de valeur à long terme. L’obsession de rapidité et l’obligation d’être le ” first mover “?” deux impératifs de la nouvelle économie ?” ont joué de mauvais tours aux débutants. Et la peur d’arriver rapidement à court de cash les a poussés à vouloir tout faire en même temps.
La luxure : “Recherche sans retenue des plaisirs sexuels”
Cette quête de croissance a entraîné les pionniers du Net dans une recherche systématique des liaisons rapides (les partenariats qui génèrent un trafic immédiat), au détriment des liaisons durables (séduire par la seule qualité du site), démarche plus laborieuse.
L’avarice : “Attachement excessif aux richesses “
Cette fuite en avant avait un seul but : se rapprocher du Graal de l’introduction en Bourse. Certains y sont parvenus. Mais, alors, trop soucieux de montrer des résultats financiers à court terme, ils n’ont pas créé les structures qui leur auraient permis d’asseoir un business solide : ils vendent sans commerciaux, gèrent 30 000 membres sans service client, traitent 200 commandes par jour sans back office, etc. Oubliant qu’une mine s’écroule si l’on n’investit pas dans les structures qui l’étayent…
La colère : “État d’agressivité contre quelqu’un ou quelque chose “
Comme les artistes qui, lorsqu’ils se font huer, accusent le public de n’avoir rien compris, les pionniers du web jettent la responsabilité de leur échec sur ” la population des internautes qui se développe trop lentement ” ou sur ” les entreprises timorées qui n’osent pas basculer leurs commandes en ligne “. Il est vrai que rien ne va assez vite… Mais au lieu d’entrer dans une logique de colère, il vaudrait mieux améliorer son site et trouver les solutions pour tenir jusqu’au jour où tout le monde sera sur le Net !* Éric Viard est fondateur d’e-Sud Venture Consulting.
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