Une fois de plus, les patrons ne savent plus comment faire pour maîtriser leurs salariés devenus… internautes. A l’ère de l’om- niprésence du net, où les niveaux de hiérarchie diminuent, où le travail collaboratif devient la règle, où les cadres sont assimilés à une sorte de PME qui doit intervenir au bon moment, où les frontières entre le bureau et le domicile sont de plus en plus floues, les grands patrons se sentent à nouveau investis d’un rôle de protecteur de l’entreprise.Et surtout de son temps. Le web serait un voleur de temps et un ralentisseur de productivité. Ce trouble-fête distrairait les têtes pensantes de l’entreprise, dit-on. Alors que plusieurs sociologues s’accordent à dire qu’on voit tout de suite si un salarié est productif ou non. Pas la peine de surveiller ses e-mails privés ou professionnels, ni même le temps qu’il passe à naviguer sur le web. On n’a pas encore prouvé qu’un achat ou une consultation en ligne allait faire basculer la société, tout de même. Alors, de quoi s’alarment-ils, ces patrons ? Est-elle si inquiétante, cette nouvelle génération de cadres ” modernes “, équipés d’une panoplie d’outils de poche, pagers, téléphones mobiles, et autres futurs trucs WAP, et qui communiquent par le net sans passer par la hiérarchie ?On leur demande d’être au top, d’être créatifs, proactifs, animateurs, coordinateurs, responsables, et j’en passe. Faut-il les brider, ou les laisser innover en permanence avec leur cerveau, bien sûr, respectueux d’un savoir-vivre, bien sûr, mais aussi avec les outils internet ? Certaines entreprises infligent de vieilles méthodes, tel le blocage à partir d’une certaine heure de l’accès au web. D’autres rusent en offrant l’accès à domicile pour mieux fliquer l’internaute et tracer son profil. Pourquoi pas interdire au bureau les bodys moulants et les jupes fendues, ou – traduit au masculin – le look du grand blond décoloré, avec un diamant à l’oreille ? Il y a vingt ans, le constructeur informatique américain Perkin Elmer décrivait les tenues vestimentaires de rigueur pour ses salarié(e)s, jusqu’aux dessous… pas chics, mais respectables !Il ne faudrait pas dériver vers des pratiques dangereuses, où l’internaute au travail penserait et naviguerait quand la direction le décide et là où elle le veut.
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