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Les opérateurs télécoms pourraient-ils commercialiser de la « fausse 5G » ?

SFR réclame une clarification sur l’usage du mot 5G. Il craint que des opérateurs ouvrent leur réseau en s’appuyant seulement sur une bande de fréquence dédiée jusque-là à la 4G.

SFR * est parti en croisade depuis quelques semaines contre ce qu’il appelle « le risque d’une fausse 5G ». Son directeur général Grégory Rabuel affirme que « certains » opérateurs pourraient commercialiser la 5G en ne s’appuyant que sur la bande de fréquence 700 MHz, qui est actuellement utilisée pour la 4G. «  Ce serait bien qu’il y ait une clarification sur ce qu’est la vraie 5G », a-t-il déclaré ce matin sur BFM Business. Il avait déjà évoqué le sujet sur l’antenne de 01TV il y a quelques jours. 

Des précédents dans le monde

Il y a en effet des précédents de fausse 5G dans le monde. L’opérateur américain AT&T a ainsi lancé la « 5G évolution » dès le mois de janvier 2019… en changeant juste le logo qui s’affichait sur les smartphones 4G de ses abonnés.

Et il est vrai qu’en France, rien n’empêcherait un opérateur de lancer dès maintenant de la 5G avec des bandes de fréquences 4G. « Les fréquences sont neutres technologiquement », nous confirme l’Arcep. Conscient tout de même que l’usage commercial du mot 5G pourrait poser problème, le gendarme des télécoms a annoncé hier qu’il se montrerait vigilant « sur la façon dont les offres 5G seront promues par les opérateurs ». Il appelle également les associations de consommateurs et les applications de test de débit à élaborer des outils pour éclairer les abonnés.

Free Mobile est-il le seul concerné ?

Seul Free Mobile déploie et utilise activement la bande 700 MHz. C’est lui qui est visé entre les lignes par SFR. L’opérateur n’a pas souhaité commenter le sujet lorsque nous l’avons contacté. Prendrait-il le risque de lancer de la 5G en s’appuyant uniquement sur cette fréquence ? Premier constat : il aurait déjà pu le faire. Par ailleurs, il est candidat à la bande 3,5 Ghz et s’est montré le plus pressé des quatre gros opérateurs pour la procédure des enchères. Il souhaitait même qu’elle se tienne dès le mois de juillet, alors qu’elle aura lieu finalement en septembre.

Mais rien ne l’empêchera, dès qu’il aura obtenu l’autorisation d’émettre en 5G sur la bande 3,5 GHz au mois de novembre, de renforcer son réseau avec la bande 700 MHz. Il sera alors possible que sur certains territoires, des abonnés ne captent que cette fréquence en 5G, et d’autres la 3,5 Ghz. La qualité de service ne serait alors effectivement pas la même. Mais c’est une stratégie qui pourrait concerner tous les opérateurs : ils seront libres aussi de puiser dans la bande 1400 MHz pour renforcer leur 5G.

Les opérateurs vont devoir renforcer leur 4G

Pas sûr toutefois que ces acteurs aient intérêt à déshabiller leur 4G pour réallouer du spectre à la 5G. L’Arcep a en effet assorti les enchères 5G à des engagements accrus sur les débits 4G qui devront être de 240 Mbit/s sur 75% des sites d’ici fin 2022.

On pourrait aussi avancer que la 5G ne se réduit pas à des fréquences. Ce standard va mettre en œuvre de nouvelles technologies avec de nouvelles antennes intelligentes, du massive MIMO et du beamforming. L’ITU (Union Internationale des Télécommunications) a enfin aligné toute une série se spécifications techniques avec des débits bien précis et des exigences en termes de capacité. Parions sur le fait que les opérateurs français n’auront tout simplement pas intérêt à vendre de la 4G pour de la 5G et à décevoir leurs abonnés qui ne verraient pas de différence entre les deux.

* 01net.com est édité par une filiale de NextRadioTV, elle-même propriété de SFR Médias.

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Amélie CHARNAY