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Les opérateurs mobiles virtuels, en embuscade

Si le concept d’opérateur mobile virtuel (MVNO) reste séduisant, l’environnement des mois à venir risque de geler un certain nombre de projets.

Au-delà de l’effet de mode, les opérateurs mobiles virtuels (MVNO) auront sans doute du mal à émerger à court terme. Non que le concept ne soit pas séduisant, mais parce que le climat n’est plus à la quête de nouveaux débouchés ; il est plutôt, à la consolidation des activités traditionnelles.Rappelons qu’un opérateur virtuel possède la carte SIM de ses abonnés, ce qui lui assure la maîtrise de leur profil, sans avoir à investir dans l’infrastructure. Il peut ainsi se consacrer au marketing et aux services. Les nouveaux entrants pressentis (Carrefour, Groupe Arnault, Tele2 et Virgin) ont vraisemblablement la tête ailleurs. Au-delà du débat, “quasi théologique “, selon Philippe Germond, p.-d.g. de Cegetel, sur la nature de ces opérateurs virtuels, le concept est alléchant. Témoin Virgin Mobile, qui, en dix-huit mois, a conquis un million de clients en Grande-Bretagne. En novembre 2000, Virgin Mobile s’exportait en Australie (associé à Optus), et il doit ouvrir en Asie (associé à Singapore Telecom). La mise de fonds est modeste : environ 2,5 milliards de francs pour Virgin Mobile en Grande-Bretagne, où le risque est partagé avec One 2 One, l’opérateur du réseau qui l’héberge. En contrôlant 50 % de Virgin Mobile, One 2 One limite ainsi les aléas de cannibalisation de sa propre clientèle.

Vers une “mutualisation” des MVNO ?

Vu du côté du fournisseur d’infrastructures, il existe schématiquement trois approches : soit laisser son partenaire MVNO se concentrer sur une niche (des communautés linguistiques, par exemple), soit lui vendre de la capacité en gros sans trop y regarder (la solution la plus hasardeuse, avec un risque évident de cannibalisation), soit monter un partenariat 50-50 qui permette au fournisseur d’infrastructures d’être associé à la définition de la stratégie de son partenaire.Dans ce dernier cas, qui est celui de Virgin et de One 2 One, cela peut aussi aider le fournisseur d’infrastructures à se développer. One 2 One ayant intérêt à ce qu’un partenaire remplisse son réseau plutôt que d’attendre que les clients veuillent bien se manifester. Inversement, la tâche n’est pas évidente pour le fournisseur de services. Virgin Mobile, qui vise 5 % de parts de marché en Grande-Bretagne fin 2002, est aujourd’hui contraint de céder des actifs (Virgin Megastore en France, Virgin. net, son équipe de rugby des London Broncos) pour financer son développement dans les mobiles. Difficile de prédire si Virgin Mobile parviendra à se lancer en France l’an prochain, comme le déclarait en juillet dernier Richard Branson, son président. Dernière idée en vogue : le MVNO “mutualisé” entre plusieurs acteurs afin de bénéficier d’éventuelles économies d’échelle. Reste à savoir si le concept survivra à un hiver qui s’annonce très rigoureux.

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Henri Bessières