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Les opérateurs mobiles n’accordent pas leurs talkies-walkies

Orange est le premier à proposer un service de messagerie instantanée vocale aux particuliers. Faute de standardisation, il ne fonctionnera pas avec les réseaux des autres opérateurs.

Il y a d’abord eu le Talk Now pour les entreprises de Orange. Puis l’Instant Call pour les entreprises de Bouygues Telecom. Et, depuis jeudi 18 novembre, le Talk Now pour les particuliers clients d’Orange. Aujourd’hui, un opérateur de téléphonie mobile qui se respecte se doit d’avoir sous le coude une annonce de push-to-talk, une technologie oscillant entre la messagerie instantanée vocale et le talkie-walkie à l’échelle nationale. Mais une technologie tout sauf standardisée.

L’utilisation du push-to-talk est a priori simple. L’utilisateur sélectionne sur son mobile un ou plusieurs contacts de son carnet d’adresses. Ceux-ci sont alors automatiquement connectés à un canal de discussion. Pour s’y exprimer, il suffit d’appuyer sur un bouton de son portable, puis de le relâcher une fois son intervention terminée. De quoi bavarder en groupe instantanément, sans délai d’attente pour établir les communications.

Jusque-là, cette technologie ne s’adressait en France qu’aux entreprises. Orange vient donc de l’élargir aux particuliers. Quatre terminaux visant plutôt les 18-25 ans, deux Sagem, un LG et un Alcatel, sont proposés, avec une touche d’accès direct au service. Une communication push-to-talk coûtera 50 centimes d’euro, un tarif qui ne dépendra pas de la durée de l’appel. Il sera aussi possible d’acheter un forfait d’usage illimité de ce service, pour 10 euros par mois.

Quant à la technologie, Orange s’est fourni en push-to-talk auprès de Kodiak, une société californienne dont l’architecture repose sur le GSM. Alors que Bouygues, l’autre français s’étant lancé sur ce marché, utilise, lui, le GPRS avec une infrastructure Motorola. A l’instar des débuts du SMS, il devrait donc être impossible d’établir une session de push-to-talk entre abonnés des deux opérateurs.

Je ne crois pas à une interconnexion entre Bouygues et Orange, juge Benoît Gendron, directeur marketing d’Ericsson France, un des équipementiers travaillant sur le push-to-talk. Les deux sociétés sont parties dans des directions assez opposées, en grande partie propriétaires. ‘ Et il ne s’agit ici ‘ que ‘ des réseaux.

Les terminaux push-to-talk risquent aussi d’avoir leurs propres difficultés de communication. D’où un besoin de normalisation. ‘ Nous avons formé un consortium avec d’autres sociétés [ATTWS, Siemens, Nokia, Ericsson], pour mettre en place une norme du nom de POC, ou Push Over Cellular. Aujourd’hui, on dit qu’un téléphone est compatible SMS ou MMS, demain on dira qu’il est compatible POC s’il peut s’insérer dans tous les réseaux push-to-talk. ‘

Demain a toutefois des allures d’après-demain. La technologie devrait être prête au milieu de l’été prochain. En ajoutant six mois pour le déploiement, elle pourrait faire son apparition à Noël 2005, ‘ en étant optimiste ‘ selon Benoît Gendron. Chez Orange, on parle plutôt d’interopérabilité au milieu 2006. D’où le choix de Kodiak.

Aujourd’hui, dans le monde du POC, on a surtout des solutions propriétaires, où les serveurs d’un équipementier ne fonctionneront qu’avec les portables de sa marque, explique un chef de produits de l’opérateur. Ce qui est parfait dans le monde de l’entreprise, où on peut équiper tout le monde du portable d’une seule marque, mais qui est inenvisageable dans l’univers grand public. ‘ Le choix de Kodiak permet donc à Orange de proposer les modèles de plusieurs constructeurs, auquel on peut ajouter le Treo de PalmOne. Sans attendre une éventuelle standardisation. L’opérateur s’enorgueillit en effet d’être le premier en Europe à proposer un service push-to-talk aux particuliers.

Les objectifs, eux, restent modestes. Orange espère ainsi dépasser les 100 000 abonnés à Talk Now à la fin 2005. A cette date, Bouygues devrait avoir rejoint la filiale de France Télécom sur le marché grand public et d’autres opérateurs mobiles pourraient suivre. A cette date aussi la technologie sera peut-être aussi standardisée. Mieux vaut donc attendre 2006 si on veut être certain de toucher tous ses correspondants en push-to-talk.

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Ludovic Nachury