Les opérateurs mobiles coréens et japonais en compétition

Avec plus d’un milliard de propriétaires de portables attendus sur les stades, les cinq opérateurs mobiles coréens (Korean Telecom et SK Telecom) et japonais (NTT DoCoMo, J-Phone et KDDI) veulent tirer profit de l’événement que constitue le Mondial. Montrer leur savoir-faire technologique, faire naître de nouveaux usages, attirer à eux aussi bien des clients que des partenaires opérateurs mondiaux ou des fournisseurs de contenus en tous genres : les idées ne manquent pas. Des deux côtés, les protagonistes ont donc accéléré le pas pour optimiser leurs infrastructures, négocier des accords d’itinérance et offrir une palette de services multimédias mobiles dont la Coupe du monde servira de vitrine.Sur l’archipel, NTT DoCoMo entend surtout vanter les mérites de l’i-mode, du multimédia mobile et de la technologie W-CDMA mise en ?”uvre depuis octobre 2001 sur son réseau Foma (Freedom of multimedia mobile access). Ainsi, le premier opérateur japonais souhaite-t-il se servir de cette occasion unique pour donner un coup d’accélérateur aux services de Streaming et de téléchargement audio-vidéo M-Stage visual et i-motion, disponibles sur ses infrastructures PHS (64 kbit/s) et W-CDMA (384 kbit/s). Les plus grandes chaînes de télévision japonaise et autres fournisseurs de contenus présents sur ces bouquets (TV Tokyo, TV Asahi, Fuji TV, NHK, TBS, ESPN, Sky Sports, etc.) proposeront aux abonnés mobiles dotés de terminaux idoines de courtes séquences vidéo liées à la compétition et aux sites d’accueil.Idem pour KDDI, qui s’appuiera sur son service de vidéo mobile EzMovie (MPeg-4 + MP3, 15 images par seconde stéréo, 144 kbit/s), lancé sur son réseau CDMA 1x Evolution Data Optimised (CDMA 1x Ev-DO) le 1^er avril dernier. Quant à J-Phone (Vodafone), il promet la mise en ?”uvre d’un service de vidéo à la demande pour enrichir son offre d’échange d’e-mails photo et vidéo mobile (Movie-sha-mail) via notamment un site d’informations sportives développé par Getti.Sur le continent, l’opérateur coréen KTF, sponsor officiel de la compétition et fournisseur de terminaux pour les délégations présentes, proposera le visionnage de vidéo sur PDA communicants et téléphones mobiles à travers son réseau CDMA 1xEV-DO (144 kbit/s) dans 33 villes du pays. Son concurrent, SK Telecom, fera de même dans 26 cités coréennes.

De nombreux services

Outre ces contenus multimédias, les fournisseurs proposeront tous, via les plates-formes Internet mobile WAP ou i-mode des cinq opérateurs, une large gamme de services (information, transport, météo, divertissement, logo, sonnerie, m-commerce…). Pour ce faire, SK Telecom a même prévu la mise en vente de terminaux bifentes pouvant accueillir une carte bancaire, grâce à un partenariat avec Samsung Card et LG Credit Card.Le but du jeu pour les opérateurs n’est pas de glisser la balle au fond des filets de l’adversaire, mais bien d’attraper dans les mailles de leurs réseaux un maximum de revenus.

Les constructeurs veulent marquer des points dans la 3G

Poussés par les opérateurs, les constructeurs sont tenus de proposer de nouvelles générations de terminaux mobiles compatibles avec les différentes infrastructures et technologies déployées par les opérateurs et fournisseurs.
Ainsi, Sony, Mitsubishi, Samsung ou Panasonic ont-ils mis au point des terminaux bimodes CDMA-GSM, bibandes (PDC 800 et 1 500 MHz), les mobiles 3G W-CDMA (Nec N2001, N2002, Panasonic P2101V et Mitsubishi D2101V), CDMA 2000 (A3012) et même bifentes (Samsung), tous dotés d’écrans couleur et de navigateurs WAP 2.0, i-mode, MP3 et MPeg-4… Les équipementiers, constructeurs et opérateurs asiatiques espèrent ainsi profiter de la Coupe du monde pour marquer des buts décisifs dans le championnat mondial de la troisième génération.

3G : le match États-Unis-reste du monde est lancé

L’arrivée de la troisième génération de téléphonie mobile constitue également un face-à-face inédit entre W-CDMA et CDMA 2000.

L’histoire de la téléphonie mobile de 3G, autrement dit de l’UMTS, est également celle de la bataille technologique entre deux versions du CDMA (Code division multiple access) : le W-CDMA, d’une part ; et le CDMA 2000, d’autre part.

Norme de téléphonie cellulaire numérique américaine, le CDMA ?” qui n’est, à l’origine, qu’une technologie d’accès radio parmi d’autres ?” est à la base des réseaux de 3G, qui commencent à se déployer aux quatre coins du monde.

Pour des raisons diverses, l’Europe, mais également les japonais Japan Telecom (Vodafone) et NTT DoCoMo, ainsi que les coréens SK Telecom et KT Freetel, ont fait le choix du W-CDMA.

Le W-CDMA est réputé, par les Européens, plus performant et mieux adapté en vue d’un basculement du GSM vers l’UMTS.

Inversement, le CDMA 2000 est considéré moins cher compte tenu de sa plus grande proximité avec le CDMA traditionnel.

Déploiement plus rapide pour le CDMA 2000

Le CDMA 2000 a ainsi été retenu par le japonais KDDI ou par le coréen LG Telecom, pour qui il constitue une évolution logique de leurs propres réseaux CDMA. Avec un avantage économique non négligeable, puisque le CDMA 2000 peut être déployé beaucoup plus rapidement que le W-CDMA, et que les terminaux seront compatibles avec ceux des actuels réseaux CDMA.

Principal revers de la médaille : des débits actuels inférieurs pour le CDMA 2000 (144 kbit/s) face à ceux du W-CDMA (384 kbit/s).

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Karyn Poupée